La mobilisation s’essouffle contre la réforme du temps de travail à l’AP-HP

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Alors que le CHSCT central se réunissait ce 29 mars pour discuter du projet de réforme du temps de travail de la direction, refusé par l'ensemble des syndicats à l'exception de la CFDT, et étudier les deux rapports commandés par les syndicats, auprès d’Emergences et de Secafi, environ 300 manifestants battaient le pavé devant le siège de l'AP-HP, avenue Victoria à Paris.

La mobilisation s'essouffle contre la réforme du temps de travail à l'AP-HP

©Cyrienne Clerc

Une mobilisation bien faible par rapport aux journées de mai et juin dernier qui regroupaient plusieurs milliers d'agents. "Ils pensent que cela ne va pas s'appliquer, qu'ils ne perdront pas trois jours de RTT. Mais si cela s'applique, ils vont bouger", assure Graziella Rasso, secrétaire USAP-CGT.

Depuis l'été dernier, la direction a tenté des expérimentations pour montrer le bien-fondé du passage de la durée quotidienne de travail de 7h36 à 7h30 et l'abandon des journées en 7h50, avec une réduction parallèle du nombre de jours de RTT. Un projet dont la CGT, FO, Sud, UNSA et CFE-CGC demandent toujours le retrait. Les agents en 7h50 bénéficiaient de 20 jours de RTT, en 7h36, de 18 jours et en 7h30, ce nombre de jours de RTT passera à 15.

Un baroud d'honneur

"Le nombre d'expérimentations a été assez réduit - environ quatre services y ont participé - du fait de l'opposition des agents", note Thierry Amouroux, secrétaire général du SNPI. Mais celui-ci ne se fait guère d'illusion : la direction devrait passer en force. la mobilisation de ce 29 mars fait donc surtout figure de baroud d'honneur.

"Le CHSCT central, puis le Comité technique d'Etablissement vont émettre un avis favorable mais Martin Hirsch (directeur général de l'AP-HP) va passer outre", prévoit Thierry Amouroux. Dès le 1er avril, quelques mesures prendront effet, comme la suppression des deux journées de forfait-protocole, de la journée Fête des mères et des journées "médaille" pour les plus anciens.

" La question de la réduction du temps de travail quotidien à 7h30 sera alors être discutée par les 38 CHSCT et CTE locaux et ceux-ci devraient désigner des experts", prévoit ce responsable syndical.

Au bout du compte, la réduction de la durée quotidienne de travail devrait s'appliquer aux nouveaux embauchés, dès le 1er septembre, et les agents en place opteront pour le maintien en 7h36 ou le passage en 7h30, moyennant quelques compensations.

Ainsi, en optant pour une journée de 7h30, ce qui "réduira notamment  le temps de transmission et mettra les patients en danger", soutient le responsable du SNPI, les salariés pourront choisir "entre une baisse du nombre de week-ends  travaillés à 14 ou une rémunération supplémentaire de 18 h", explique Thierry Amouroux. Un marché de dupes, estime-t-il, du fait de la réduction parallèle du nombre de jours de RTT.

Une hausse de l'absentéisme et des risques pour les patients

Pour les experts de Secafi, mandatés par les syndicats, la balance entre les gains attendus par la réforme - une économie de 48,4 millions d'euros plus 41,1 millions sur les remplacements, interim et heures supplémentaires - et le coût en termes de conditions de travail paraît "très déséquilibrée". La direction espère faire l'économie de 2 353 postes en quatre ans.Selon les syndicats, ce plan est d’autant moins justifié que l’AP-HP a présenté au dernier CTE central un excédent financier de 36,6 millions d’euros.

Selon le rapport de Secafi rendu public la semaine dernière, "il sera indispensable de discuter emplois et de proposer des contreparties en personnel". 

Les syndicats indiquent que la surcharge de travail entraînera une hausse de l'absentéisme, démontrée dans le cadre des expérimentations, ce qui annulera une partie des économies attendues et discrédite le projet Hirsch.

L’absentéisme fera aussi l’objet d’un suivi particulier et les badgeuses seront expérimentées dans les services qui en font la demande, pour éviter les dépassements d'horaires, leur répond la direction de l'AP-HP. 

Celle-ci fait également valoir que l'intégration des 30 minutes de repas dans le temps de travail peut être considérée "implicitement" comme une "compensation". Enfin, elle promet une stabilité des plannings, établis pour un trimestre, avec l’objectif de monter à six mois.

Pour les syndicats, la surcharge de travail supplémentaires et la réduction des effectifs seront, au final, surtout néfastes pour les patients. Déjà le "nombre d'évènements indésirables graves est passé de 23 en 2013 à 47 en 2014 et 76 en 2015", observe Thierry Amouroux.

Cyrienne Clerc

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Réactions

5 réponses pour “La mobilisation s’essouffle contre la réforme du temps de travail à l’AP-HP”

  1. ki a t la priorité? le patient ou le soignant……la verité est ailleurs? le MEDEF c lui qui décide…..!!!!

  2. Yann Guittier dit :

    HospitalierE lève TOI.
    Les RTT restent notre dernière richesse, utilisés comme soupape de sécurité pour soigner les patients dans de bonnes conditions.
    http://robertdebre.reference-syndicale.fr/a-la-une/cgt-robert-debre-31-mars-2016-hospitaliere-leve-toi/

  3. Qu’on est tous réquisitionnés!

    • Faux le personnel de l aphp attend sur son collègue pour que lui se mette en grève et comme ça pas de perte sur sa paye sauf que à un moment ça suffit et donc la mobilisation diminue et les agents grognent dans leur service et c est foutu et la réforme va passer

  4. Ce n’est pas que ça s’essouffle c’est que le personnel tourne tellement au minimum qu’on est

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