Au Comede, les infirmiers et infirmières auprès des migrants

A l’hôpital Bicêtre (94), le Comede (comité pour la santé des exilés) dispense des consultations de médecine générale gratuites aux étrangers primo-arrivants. Porte d’entrée dans le système de soins, l’association outille ces patients, afin qu’ils s’emparent de leur santé et accèdent à leurs droits.

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©Emilie Lay Khalda Vescovacci (à g.) et Cécile Ménard assurent l'éducation thérapeutique et l'éducation à la santé

©Emilie Lay
Khalda Vescovacci (à g.) et Cécile Ménard assurent l'éducation thérapeutique et l'éducation à la santé

En 2013, 2 297 patients étaient suivis au centre de santé du Comede, pour dix mois en moyenne. 28 % d’entre eux ne disposaient pas de protection maladie. Outre les psychotraumatismes, ils souffrent de pathologies chroniques, associées à de l’exclusion sociale.

De fait, cette association offre une porte d’entrée dans la santé. « Il arrive que ces personnes n’aient jamais vu de soignant au cours de leur vie », souligne Guy Delbecchi, cadre de santé.

Les médecins leur proposent donc un bilan complet, afin de dépister anémie, parasitose, etc. Des atteintes souvent ignorées auparavant. Ainsi, 53 % des maladies cardiovasculaires et 82 % des cas de VIH ont été dépistés en France.

En amont, les infirmiers auront établi un premier état des lieux sanitaire et psychosocial. Ils peuvent dès lors suspecter l’existence d’une maladie chronique. « La présence de céphalées chez une personne originaire de République démocratique du Congo par exemple incite à prendre sa tension : la prévalence de l’hypertension artérielle est élevée dans ce pays. Un Bengali qui se plaint de soif nous fait tout de suite penser au diabète. » Une connaissance épidémiologique acquise par le Comede en 33 ans de consultations.

Prévention

Accompagnées d’un interprète et de patients experts membres d’associations de malades, les infirmières dispensent systématiquement de l’éducation thérapeutique.

Une réunion vise d’abord à informer sur le programme et sur la maladie. « Le diagnostic est un choc pour ces personnes, qui redoutent de mourir ; atteints de diabète, d’autres craignent une amputation. C’est ce qui arrive dans leur pays », constate la docteure Khalda Vescovacci, médecin en santé publique.

Les soignantes assurent enfin des actions de prévention primaire : vaccination et éducation à la santé. En effet, les permanences d’accès aux soins de santé (PASS) laissent souvent cet aspect de côté, en dépit de leurs missions de prévention. Et le « dispositif soins urgents et vitaux » ne concerne que les actes curatifs.

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Accès aux droits sociaux

Information, prévention… Autant d’armes pour gagner de l’autonomie. Car le Comede a vocation à n’être qu’une étape. Certes plus ou moins longue. « Mais notre but est qu’ils se passent de nous. La santé reste une démarche personnelle », rappelle Guy Delbecchi.

Pour s’en saisir, encore faut-il être en possession de ses droits. L’obtention d’une protection maladie est donc également abordée, dès la consultation infirmière d’accueil. Détail des formalités, obstacles prévisibles, textes de loi… « Ces personnes peinent à revenir, faute d’argent pour se déplacer. Alors, nous balayons beaucoup de domaines en une fois », afin qu’à terme, ils accèdent pleinement au droit commun. Comme n’importe quel citoyen du territoire.

Emilie Lay

Repères

  • 6,5 % de maladies cardiovasculaires chez les 13 684 personnes accueillies entre 2007 et 2013 ;
  • 4,6 % de diabètes ;
  • 1,8 % séropositifs au VHC ;
  • 1,1 % séropositifs au VIH ;
  • 0,5 % de cancers, de tuberculoses et de parasitoses.

Source : rapport du Comede 2014

 

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Réactions

1 réponse pour “Au Comede, les infirmiers et infirmières auprès des migrants”

  1. Rol Ka dit :

    Carole Leymarie c la qu’ils voulaient aller les gens à Bicetre

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