Infirmier stagiaire à Bobo-Dioulasso (16)

| 765 vues | Pas de commentaire

Vincent Marion, étudiant infirmier en deuxième année à l'IRFSS de la Croix Rouge de Saint-Etienne est parti du 18 mars au 23 avril en stage dans un centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso). De jour en jour, il a rédigé un journal que nous publions. Passionnant et instructif ! 

Infirmier stagiaire à Bobo-Dioulasso (16)

©Vincent Marion

Le 16 avril 2014

En travaillant l’après midi en maternité, j’ai évité l’effervescence du poste du matin où il faut trouver sa place parmi les douze étudiants burkinabé.

Nous avons eu six accouchements presque simultanément, et comme il n’y a que quatre tables de travail, deux femmes ont accouché par terre sur le carrelage.

Il y a eu une longue coupure de courant de délestage (il y en a plusieurs fois chaque jour) et sans ventilateur tout le monde ruisselait de transpiration. C’était éprouvant pour les soignants et encore plus pour les femmes en travail.

Il y a eu un accouchement particulièrement long au cours duquel l’absence d’empathie des sages-femmes a ressurgi. La parturiente s’est fait copieusement invectiver sous prétexte qu’elle ne poussait pas comme il faut. « Tu ne bloques pas ta respiration, on va te boucher le nez », « ton bébé souffre, tu ne veux pas avoir ton bébé ? », « Ton bébé boit du liquide, il va étouffer si tu ne pousses pas ».

[dropshadowbox align="none" effect="lifted-both" width="autopx" height="" background_color="#ffffff" border_width="1" border_color="#dddddd" ]Nous avons eu six accouchements presque simultanément, et comme il n’y a que quatre tables de travail, deux femmes ont accouché par terre sur le carrelage.[/dropshadowbox]

Effectivement, une fois né le bébé ne respirait pas. Une sage femme l’a emmené au bloc ou il y a du matériel de réanimation, mais le courant n’étant pas revenu le matériel n’a pas pu être utilisé.

Après une heure de ventilation au ballon, le bébé s’est mis à respirer seul ; mais la sage-femme a dit qu’il aura probablement des séquelles neurologiques. Elle a ramené le bébé et l’a posé dans la pièce où était la maman et lui a dit : « Il va vivre, mais tu aurais du nous écouter quand nous te disions de pousser ».

Un peu plus tard je rentre à nouveau dans la pièce où est la maman. Elle me demande d’une petite voix : « c’est un garçon ou une fille ? ». Ca me fait un électrochoc, je me rends compte qu’on ne présente jamais les nourrissons aux mamans ; il y a si peu d’humanité dans le service.

Je lui mets son bébé dans les bras en lui disant : « C’est un beau garçon. Ce n’est pas de ta faute si l’accouchement a été si long ». Comme je l’ai déjà dis précédemment, il n’y ni compassion ni empathie pour les plus faibles.

Pour terminer sur un propos plus léger, j’ai fait un nouvel accouchement tout seul comme un grand (sous la surveillance d’une sage-femme tout de même !). C’était une petite fille de 1,9 kg qui est arrivée en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. J’ai à peine eu le temps de mettre mes gants, que déjà la tête pointait à l’horizon !

Vincent Marion

Abonnez-vous à la newsletter des soignants :

Faire un don

Vous avez aimé cet article ? Faites un don pour nous aider à vous fournir du contenu de qualité !

faire un don

Réagir à cet article

retour haut de page
307 rq / 4,877 sec