Infirmier stagiaire à Bobo-Dioulasso (15)

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Vincent Marion, étudiant infirmier en deuxième année à l'IRFSS de la Croix Rouge de Saint-Etienne est parti du 18 mars au 23 avril en stage dans un centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso). De jour en jour, il a rédigé un journal que nous publions. Passionnant et instructif ! 

Infirmier stagiaire à Bobo-Dioulasso (15)

©Vincent Marion

Le 15 avril 2014

Depuis deux jours, je suis en maternité. C’est une totale découverte puisque les services de maternité français n’accueillent pas d’étudiant infirmier.

Je peux dire que jusqu’à présent j’avais quelques repères pour me positionner professionnellement dans les autres services, mais en maternité je suis un peu perdu.

Il y a un capharnaüm et des attitudes dans le service qui ne me conviennent pas du tout. Des gens rentrent et sortent des salles d’accouchement sans aucune règle. Une douzaine d’étudiants burkinabé, infirmier ou sage-femme, sont en stage dans le service ; ils sont beaucoup trop nombreux pour avoir des conditions d’apprentissage acceptables.

Les femmes qui accouchent se font régulièrement engueuler avec des réflexions comme : « arrête de m'amuser, je vois bien que tu ne pousses pas » ou « réveille-toi un peu, tu fais souffrir ton bébé ». A une femme qui s’agitait un peu trop au goût de la sage-femme, à cause de contractions douloureuses, une étudiante a même donné une claque. La sage-femme titulaire qui était présente lui a mollement demandé de ne pas taper.

J’ai donc demandé à travailler à partir de demain sur le poste du soir, lorsque les étudiants locaux ne sont plus présents, en espérant trouver un peu moins d’agitation.

Pour positiver un peu, je dois dire que l’on m’a, dès le premier jour, laissé gérer (sous surveillance) une phase de travail, l’expulsion et la délivrance. Ce n’est pas en France que j’aurais pu faire ça !

[dropshadowbox align="none" effect="lifted-both" width="autopx" height="" background_color="#ffffff" border_width="1" border_color="#dddddd" ]"Ici l'accouchement se fait en « ambulatoire ». Après la délivrance, la parturiente reste 2 heures en observation sur la table d'accouchement, puis libère la place et passe en salle de suites de couche pour une durée de 4 heures"[/dropshadowbox]

Une fois né, le bébé est emmailloté dans un pagne apporté par la famille, ce qui permet de lui tenir chaud et de l’identifier par sa couleur spécifique. Après contrôle et pesée, le placenta est systématiquement donné aux grands-parents qui le rapporte chez eux pour un rituel. J’ai compris que la cérémonie, au cours de laquelle le placenta est enterré dans la terre nourricière, permet de préserver la fécondité de la famille.

Ici l'accouchement se fait en « ambulatoire ». Après la délivrance, la parturiente reste 2 heures en observation sur la table d'accouchement, puis libère la place et passe en salle de suites de couche pour une durée de 4 heures. Si tout va bien au terme de ce délai, c'est le retour à domicile. En résumé, sans complication, le retour à domicile se fait 6 heures après la délivrance…

Je termine la rubrique du jour en disant que Marie-Liesse et moi sommes allés voir Orokia au CHU. Elle y avait été transférée pendant le week-end. Il faut croire que la famille et les amis ont fini pas se mobiliser pour payer les soins. Elle va mieux. Je crois qu’elle était vraiment surprise d’avoir la visite de deux Toubabous.

 Vincent Marion

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