Stages mieux encadrés, examens assouplis et structures d’écoute renforcées, évaluation systématique des lieux de stage par les étudiants, repenser les cursus pour “sortir d’une logique de compétition”, création de passerelles tout au long du cursus… Les engagements des ministres Agnès Buzyn et Frédérique Vidal (voir encadré) font suite au rapport accablant du Dr Marra sur les risques spécifiques auxquels les étudiants en santé sont confrontés.
Les difficultés des étudiants en santé
La question du bien-être ou de la santé mentale des futurs soignants avait notamment déjà été posée au travers de plusieurs enquêtes réalisées par les organisations étudiantes. Celles-ci avaient permis, selon des méthodes diverses, de recueillir l’avis de très nombreux étudiants.
L’enquête menée au premier trimestre 2017 par la Fnesi a permis l’expression de plus de 14 000 étudiants en soins infirmiers. Celle menée par les associations représentant les étudiants en médecine, les internes et les chefs de clinique-assistants hospitaliers a concerné plus de 20 000 étudiants ou jeunes professionnels. “Dans les deux cas, les réponses montrent une déclaration de troubles anxieux, de troubles dépressifs, et d’idées suicidaires élevée, et supérieure à celle observée dans cette tranche d’âge de la population générale“, explique un communiqué du ministère des solidarités et de la santé.
Ainsi, 66% de la population des étudiants en médecine et jeunes médecins ayant répondu à l’enquête se disent anxieux, et 78% des étudiants en soins infirmiers se déclarent souvent ou tout le temps stressés.
“Des évènements dramatiques de suicide d’étudiants en santé surviennent, générant chaque fois la tristesse, l’incompréhension et parfois la colère. Même si la survenue d’un suicide est toujours multifactorielle, la littérature internationale permet d’affirmer une fréquence plus élevée chez les soignants, liée à la fois à des difficultés spécifiques et à un accès facilité à des toxiques“.
Un rapport confié au Dr Donata Marra
Fin juillet 2017, Agnès Buzyn et Frédérique Vidal ont missionné le Dr Marra afin d’identifier la spécificité des risques auxquels les étudiants sont confrontés durant leur parcours de formation ainsi que les étapes du parcours posant des problèmes particuliers (admission, orientation, diplomation…)
Il s’agissait d’établir des préconisations sur la prise en compte des facteurs de risques tout au long de la formation et d’en assurer le suivi.
L’élaboration du rapport s’est appuyée sur la littérature internationale, un questionnaire adressé aux facultés de médecine concernant les dispositifs existant et près d’une centaine d’entretiens (associations étudiantes, directions d’administrations centrale, Observatoire de la vie étudiante, experts…), ainsi que sur les enquêtes étudiantes.
“Il est temps d’intervenir, pour les étudiants, les soignants et les patients”, explique le Dr Donata Marra, dans un communiqué diffusé par le ministère des solidarités et de la santé
Son rapport rappelle d’abord les données, qui sont suffisamment convergentes pour justifier une intervention. Il explique en l’occurence que le taux de suicide est élevé chez les professionnels de santé (34,3/100000), que “le caractère multifactoriel, systémique des difficultés, est lié à la nature même des études en santé, aux conditions de l’encadrement en stage, à la pression induite par des études compétitives, au temps insuffisant pour la vie personnelle et les activités extra universitaire, au faible accompagnement du projet professionnel, à la formation pédagogique parfois insuffisante des encadrants“. Certaines éléments sont spécifiques au système français d’organisation des études de santé.
Le rapport rappelle aussi que des dispositifs d’aide aux étudiants ont été mis en place de façon très inégale sur le territoire et selon les filières. “Des écueils existent, dont celui de réserver ces dispositifs à une frange d’étudiants supposés en difficulté, ce qui peut participer à les stigmatiser. Tous les étudiants, même les plus brillants peuvent être en difficulté“.
Les interventions proposées
“La prévention des RPS chez les étudiants, associe des interventions primaires à tertiaires, individuelles et collectives“, préconise le rapport.
Interventions d’aide au développement personnel et compétences transdisciplinaires, diffusion des soutiens disponibles, tutorat/mentorat, aide par les pairs, médecine narrative…tels sont les interventions proposées par le Dr Marra.
M.S
Les 15 engagements d’Agnès Buzyn et de Frédérique Vidal
Des mesures immédiates de soutien et d’intervention
1. Créer dans toutes les universités une structure d’accompagnement des victimes de violence,
2. Créer dans toutes les facultés de santé une structure d’accompagnement, ouverte à tous les étudiants et garantissant la confidentialité ; identifier des circuits courts d’obtention d’un avis psychiatrique pour les étudiants en santé, respectant la confidentialité et tenant compte des difficultés spécifiques de ce public ; former des personnes ressources, y compris parmi les étudiants au dépistage des signes de souffrance mentale,
3. Renforcer les moyens des Services de Santé Universitaires et favoriser leur évolution vers des centres de santé universitaires,
4. Mettre en place une cellule nationale d’évaluation des situations exceptionnelles permettant en dehors des règles liées au classement à l’ECN le changement de filière ou de subdivision,
5. Assurer l’évaluation systématique des lieux de stage par les étudiants, dans toutes les filières et déclencher une procédure de réexamen de l’agrément ou des conventions en cas d’évaluation insatisfaisante,
6.Introduire un module transversal concernant les risques psycho-sociaux, la gestion du stress et les stratégies d’empowerment dans toutes les formations en santé,
7. Améliorer les conditions de travail en stage : respect strict du repos de sécurité et limitation à 48h du temps de travail hebdomadaire ; formation pédagogique de tous les encadrants ; amélioration des conditions d’accueil et d’hébergement lors des stages en milieu rural.
Une transformation globale des études de santé
8. Rendre l’étudiant acteur de son orientation : créer un module d’information sur les formations en santé accessible sur Parcoursup à la rentrée 2018, Inclure un module de préparation du projet professionnel dans toutes les expérimentations d’alternatives à la PACES ; Faire de l’orientation progressive des étudiants en santé une priorité dans la réflexion sur les formations en santé ; Assurer des passerelles de sortie avec validation des acquis pour tous les étudiants en santé à tous les niveaux de leurs études,
9. Rapprocher toutes les formations de l’université et assurer l’accès de tous les étudiants en santé à la médecine préventive, aux activités culturelles et sportives au plus tard à la rentrée 2019,
10. Repenser les cursus pour les centrer sur les compétences à acquérir et sortir d’une logique de compétition : poursuivre les expérimentations d’alternative à la PACES et les travaux concernant la réforme du second cycle des études médicales avec l’objectif d’une disparition de l’iECN dans sa forme actuelle.
Une coordination régionale et nationale pour mesurer, repérer et partager les bonnes pratiques
11. Créer un centre national d’appui, doté de moyens spécifiques, et réunissant des enseignants de toutes les formations en santé,
12. Créer, en lien avec les associations étudiantes des structures régionales permettant le recours pour des difficultés non résolues localement, notamment pour les internes,
13. Réaliser, en lien avec les associations étudiantes, une enquête à jour fixe et développer une communication spécifique,
14. Réaliser en lien avec Santé publique France et les associations étudiantes un clip pour aider les étudiants à détecter la souffrance psychique chez leurs collègues et à les accompagner vers des ressources. Cette mesure s’articulera avec le développement de la formation aux premiers secours en santé mentale prévue dans le plan national de santé publique,
15. Développer un module spécifique de formation des formateurs, nécessaire pour accéder aux fonctions de direction des instituts de formation et de coordonnateur de Diplôme d’Etudes Spécialisées.
Prise en charge de l'insuffisance cardiaque à domicile : formation e-learning | |
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Assurer la prise en charge, identifier les signes d'aggravation et assurer la continuité du parcours de soins du patient à domicile. En savoir plus |
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