Etre infirmière en Unité pour Malades Difficiles

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Etre infirmière en UMD Unité pour Malades Difficiles

« Je suis arrivée à l’UMD en 2003, raconte Sandrine. J’ai toujours travaillé en milieu psychiatrique car j’aime le côté relationnel que l’on peut tisser avec le patient."

"Au départ, je voulais travailler avec les enfants atteints du cancer ou du Sida. Mais pendant mes études en soins infirmiers, j’ai fait un stage en psychiatrie et cela a été une révélation. »

Les patients en UMD

Les patients pris en charge au sein des UMD « sont ceux que nous n’arrivons pas à prendre correctement en charge sur le secteur ou en Service médico-psychologique régional (SMPR) dans les établissements pénitentiaires », explique Sandrine.

Ce sont généralement des patients schizophrènes, paranoïaques, bipolaires, hystériques ou encore en état limite. Ils sont souvent en crise lorsqu’ils arrivent à l’UMD. Chimio résistants ou encore catatoniques, les professionnels de santé du secteur ne savent plus comment les gérer.

La demande d’un placement est adressée par l’équipe du secteur aux médecins de l’UMD qui peuvent accepter la prise en charge du patient s’ils considèrent que c’est un cas qu’ils peuvent traiter ou la refuser s’ils ne peut pas le soigner ou s’ils n’ont pas de places disponibles.

L’équipe de l’UMD est composée de médecins, d’infirmiers, de psychologues, de psychomotriciens, d’ergothérapeutes, d’aides-soignants, d’agents des services hospitaliers, de cadres de santé ou encore de secrétaires. « Il y a plus de 100 professionnels de santé pour une file active de 69 patients, indique Sandrine. Et nous prenons toujours en charge un patient à deux. »

L’UMD reste un milieu difficile car fermé. Les patients peuvent être dangereux physiquement et psychologiquement. « Ils peuvent parfois être agressifs notamment dans des moments de délire où ils ne voient plus le soignant en face d’eux mais quelqu’un qui leur veut du mal », souligne Sandrine.

La prise en charge

A l’UMD, les patients sont encadrés par des professionnels de santé 24h/24. « Mon travail consiste à accompagner les patients pendant leur hospitalisation avec des entretiens et des activités », rapporte l’infirmier. Et d’ajouter : « Quand ils arrivent à l’UMD, ce n’est pas facile de les stimuler. Mais progressivement, ils vont mieux dans leur maladie et nous pouvons les solliciter. »

Les activités proposées aux patients sur prescriptions médicales et le plus souvent sur la base du volontariat sont variées : ergothérapie, sculpture, peinture, travail sur la représentation des mots, relaxation, gymnastique douce, cuisine, jardinage, esthétique, jeux vidéo ou encore aquariophilie. « Nous leur proposons également de la remédiation cognitive pour les aider à se recentrer sur eux-mêmes car avec leurs maladies, ils sont ?éclatés?, poursuit-elle. Il faut qu’ils se recentrent sur eux, sur leur corps et leur esprit. » Ces activités sont intégrées à leur journée très ritualisée. « Ils ont besoin de cette stabilité », note Sandrine.

Les relations que Sandrine tisse avec ses patients sont basées sur le respect, l’écoute et l’empathie. « J’essaye d’échanger avec eux et de ne pas imposer mon point de vue pour faire en sorte qu’ils se posent des questions et qu’ils trouvent des réponses, soutient-elle. J’aime pouvoir communiquer, aider par la parole et pas uniquement avec les soins techniques. »

L’infirmière n’a pas bénéficié de formation spécifique pour travailler à l’UMD. « J’ai appris sur le terrain, souligne-t-elle. La meilleure formation est celle dispensée par nos pairs et la pratique. Il faut savoir se remettre en question et travailler en collaboration. La psychiatrie, c’est du travail d’équipe. Les échanges sont utiles pour évoluer. Nous avons une réelle cohésion d’équipe qui n’existe peut-être pas dans un secteur où il y a beaucoup plus d’intérimaires. »

La sortie des patients de l’UMD est décidée par une commission de suivi médical composée de médecins experts, de médecins de la DDASS et des médecins de l’UMD qui n’ont pas de pouvoir de décision. Les patients sont vus par la commission au minimum tous les six mois. « Mais certains patients ne veulent pas partir de l’UMD car ici il y a toujours quelqu’un pour eux, ils sont rassurés », conclut Sandrine.

Laure Martin

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Réactions

16 réponses pour “Etre infirmière en Unité pour Malades Difficiles”

  1. christel070567 dit :

    Et les médecins qui pètent un câble? Ca vous parle? Je suis infirmière psy et je suis mise au placard et gravement harcelée moralement par ma hiérarchie et certaines collègues « très dévouées »,pour avoir écrit et fait publié un livre témoignage qui déplaît fortement car le droit de réserve du fonctionnaire semble passer de loin devant la non assistance à personnes en danger et la liberté d’expression! Le livre est édité à la société des écrivains. Titre:Au secours! On veut me faire entrer dans la peau d’une psychotique. A lire pour connaître les dessous des hospitalisations en psychiatrie. Je suis,depuis, devenue « indésirables » dans les unités de soins! Autrement dit,quand tu vois des horreurs commises par un médecin,ferme là,sinon tu es foutue!

  2. hugues dechilly dit :

    un patient qui arrive/transféré en UMD est généralement un patient qui a « pété un câble » ou qui est passé à l’acte en service conventionnel de type CHS …

    il est transféré sur décision médicale, parfois trop tardivement, et il n’est pas normal que justement ce type de patient ne bénéficie des moyens adéquats à sa prise en charge adaptée qu’uniquement en UMD …

    d’autant qu’il s’agit le plus souvent d’un échange de patients car les UMD sont toujours saturées, le patient sortant revenant alors en milieu conventionnel à contre coeur !

    enfin la prime de risques accordées aux soignants en UMD ne l’est toujours pas aux soignants en CHS, alors que les risques sont les mêmes mais que les moyens ne le sont pas …

  3. Juliette dit :

    Nus soignons tous en le sachant ou non des patients ayant commis des actes plus ou moins répréhensibles……

  4. Juliette dit :

    Je travaille aussi dans une UMD toute neuve aussi, puisque nous sommes ouvert depuis moins d’un an!!! On nous appelle unité pour malades difficiles a mon avis parce que l’on est le derniers recours pour des patients que les services de secteurs n’ont plus les moyens humains et matériels de contenir et de gérer. Les patients ayant commis des actes répréhensibles par les lois ne sont pas la majorité. Pour répondre a Fiona, ces patients au passé de tueurs ou de violeurs sont avant tout des patients et comme en milieu carcéral ils sont privé de leurs libertés, se soigne et « purge » leur peine ils ont aussi le droit a une resocialisation a hauteur de leurs troubles.

  5. Julien dit :

    J’aimerais tant… mais bon, j’ai le temps.. je suis qu’en deuxième année lol

  6. Claude dit :

    Admiration

  7. Mathieu dit :

    j’y travaille, dans une UMD récente et toute neuve, il est vrai que l’appellation malades difficiles m’a toujours posé question. Certes nous avons des malades qui ont fait des actes médicolégaux, mais surtout des patients qui sont résistants aux traitements, et dans une souffrance telle qu’ils sont difficiles à soigner sans des moyens humains et techniques supplémentaires. Le fait de soigner tous les patients sans distinction d’origine ethnique, religieuse et morale n’est pas spécifique à notre travail en UMD, je pense aux urgences, SMPR, et les services de soins classiques qui accueillent des détenus et autres…

  8. Danielle dit :

    en réponse a fiona poupette: les patients qui vont en UMD ne sont pas tous des violeurs, des meurtriers ou des pédophiles. je travaille en HP et nous envoyons quelques patients en UMD car nous ne réussissons pas les soigner correctement faute de moyens adequats. ces patients reviennent dans la majorité des cas apres un sejour de quelque mois et nous pouvons reprendre notre travail de réinsertion. nous acceuillons aussi des HO carceral et nous n’avons pas connaissance des faits qui les ont amené a etre incarcerés. Nous n’avons pas a les juger (cela a déjà été fait) mais notre travail consiste a les soigner. ce n’est pas faire preuve de tolérance ou de dévouement que de soigner ces patients mais tous simplement faire preuve de professionnalisme.

  9. Cedric dit :

    Depuis quand il y a des malades faciles? Nn mais n’importe quoi!

  10. Fiona dit :

    Je me demande simplement si les soignants connaissent les dossiers de ces malades. Car dans les UMD beaucoup sont là suites à un placement qui ne peut être pénitencière, ils sont coupables de viols, meurtres, pédophilie, etc… Bien sur tout le monde doit être soigné de la même façon, mais comment expliquer aux parents que vous soignez, et que vous faites de la sculpture avec l’homme qui a violé puis torturé votre fille? J’admire les personnes capables d’une telle tolérance, d’un tel dévouement, personnellement j’en serais incapable et je suis également infirmière.

    • Laurentraidi51100 dit :

      Ce n’est pas de la tolérance, ni du dévouement, c’est tout simplement être professionnel. Je ne vois pas en quoi le fait de savoir ce qu’ils ont fais va t’aider à prendre en charge ces patients. Je ne suis pas sûr que les patients en UMD soient comme tu dis des violeurs et autres fantasmes collectifs. Je suis assez surpris qu’une infirmière « un soignant » puisse avoir de telles idées reçues et puisse les véhiculer. Je te souhaite bon courage dans ton travail.

  11. Géraldine dit :

    La réa médicale c’est pas marrant non plus…en fait on a un job pas facile quoi…

  12. Franck dit :

    ..oui ça doit pas marrant tous jours.!!

  13. Caroline dit :

    mon rêve!!! ça doit être passionnant!

  14. William dit :

    Il y a des malades faciles?
    Pardon…

  15. Geneviève dit :

    1 1/2 en maison post -cure psy,j’avais 21 ans et mon DE en poche, bien frais,peu d’expérience de ces malades (femmes ) très difficiles mais cela m’a appris à découvrir une bonne partie des maladies que nous ignorions à notre époque! je ne regrette pas cette expérience

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