Infirmière enceinte : quels risques professionnels ?

Infirmière enceinte : quels risques professionnels ?

Soumises à de nombreux risques professionnels pendant la grossesse, les soignantes doivent parfois s’exposer à des dangers potentiels pour elles-mêmes et pour leur enfant à naître.

Infirmière enceinte : quels risques professionnels ?Identifier les dangers

Rayonnements ionisants, chimiothérapie anticancéreuse, manipulation d’éléments biologiques, exposition aux bactéries multi résistantes ou à différents virus, station debout prolongée, transferts des malades, stress ou encore horaires irréguliers…

Malgré les précautions mises en œuvre dans les différents services, les soignants sont astreints à des risques potentiels pour leur santé pendant leur activité.

Lors d’une grossesse, il faut savoir identifier les dangers et se décharger si nécessaire. « J’ai eu la chance de consulter une sage-femme plutôt réaliste qui m’a arrêtée au cinquième mois » déclare Hélène, infirmière en hospitalisation à domicile, qui estime son temps de trajets à 3 heures par jour. « En plus, j’avais un peu peur à cause des chimios, car même si c’est la pharmacie hospitalière qui les prépare à présent, il y a les débranchements de patients ou encore leurs urines à manipuler ».

Outre la chimiothérapie, l’infirmière et l’aide-soignante enceintes ne doivent pas s’exposer aux agents toxiques pour la reproduction (1). Pour elles, il est aussi interdit de s’exposer à des rayonnements ionisants de plus de 1mSv ou de travailler en milieu hyperbare lorsque la pression excède 1,2 bar.

Même si les preuves restent encore insuffisantes, il est aussi fortement déconseillé de manipuler le protoxyde d’azote lors d’une grossesse. « J’ai travaillé jusqu’au bout, en redoublant de vigilance », commente Sarah, infirmière dans un service de médecine infectieuse. Sarah a dû veiller à ne pas contracter une varicelle, un CMV, ou une hépatite. Si elle n’avait pas été immunisée, elle aurait également été concernée par la rubéole et la toxoplasmose.

Mieux vaut prévenir que guérir

Pour le Dr Dominique Lafon, conseiller médical à l’INRS (2), la profession soignante figure bien dans celle des plus à risque pour la grossesse.

Pour lui, la prévention est indispensable. « L’idéal serait de contacter le médecin du travail dès le désir de grossesse ». Il estime aussi que ce métier n’est pas incompatible avec le statut de future maman. « En venant sur place, le médecin  évaluera les risques et prendra connaissance des conditions de travail. Il collectera des informations sur certains produits et pourra prendre les dispositions nécessaires. Récemment il y a eu le cas d’une aide-soignante qui utilisait des produits de désinfection qui étaient toxiques. Ceux-ci ont alors été remplacés par d’autres, non dangereux», explique-t-il.

En dernier recours, il est aussi possible de préconiser un changement temporaire de poste. Les infirmières qui travaillent de nuit peuvent passer de jour et dans la plupart des conventions hospitalières, le temps de travail est réduit d’une heure par jour à partir du troisième mois. Une mesure « malheureusement difficile à appliquer en pratique » regrette Thierry Amouroux, secrétaire général du Syndicat National des Professionnels Infirmiers. Néanmoins, selon lui, les employeurs agiraient de façon générale «  en bonne intelligence » avec les soignantes enceintes.

Malika Surbled

Pour aller plus loin :

(1)   Article D4152-10 du code du travail : http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006072050&idArticle=LEGIARTI000018488401&dateTexte=&categorieLien=cid

(2)   Egalement auteur de l’ouvrage : Grossesse et travail : Quels sont les risques pour l’enfant à naître ?
Editions EDP SCIENCES.