Secours sous la terre avec les infirmiers spéléos

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8h30 le samedi 12 mars. Une explosion dans le parc touristique minier de Tellure dans le Haut-Rhin provoque l’effondrement de galeries souterraines. Le plan de secours spéléo est déclenché. Parmi ces bénévoles hautement qualifiés, des infirmiers. Interview, dans un milieu où une luxation d’épaule peut devenir un danger mortel.

Secours sous la terre avec les infirmiers spéléosPourquoi avoir pris la décision de “protocoler” des infirmiers?

- Eric Zipper (conseiller technique départemental, ancien président du Spéléo Secours Français) : Sous terre, on arrive longtemps après l’accident, et on va rester longtemps. J’ai vu sur plusieurs opérations de secours une inégalité dans la gestion des victimes.

Lors des formations des équipes d’assistance aux victimes, les infirmiers participaient, mais n’étaient utilisés que comme sauveteurs. Nous avons donc mis en place des protocoles nationaux.

- Jérémie Thirion (infirmier spéléo, membre du spéléo secours) : les protocoles infirmiers ont pour objectif d’améliorer la prise en charge et surtout sa rapidité. Nous sommes tous spéléo avant d’être infirmiers.

Ce qui rend le secours spéléo si particulier, c’est le milieu. On est vraiment isolé,dans le noir, le froid et l'humidité, et les délais d’intervention peuvent être très longs. Une simple fracture de jambe peut représenter un vrai danger.

Quelles sont les spécificités des pathologies rencontrées ?

JT : On rencontre régulièrement des fractures de membres, des luxations d’épaules. Dans les puits miniers comme ici en Alsace, on peut rencontrer des effondrements, avec les pathologies liées, comme le crush syndrom.

Toujours liés à ces traumatismes, on associe ce que l’on appelle l’épuisement-hypothermie. On stabilise donc la victime dans un “point chaud” en l’isolant du sol et en construisant une bulle étanche avec des arceaux de tentes et des couvertures de survie (photo dans le diaporama, ndlr)

L’infirmier spéléo a à sa disposition plusieurs protocoles. Ils permettent notamment d’assurer la mise en œuvre d’une voie veineuse, l’antalgie ou un remplissage vasculaire si besoin.

Quel retour d’expérience sur cette initiative ? Avez-vous rencontré des réticences ?

EZ: Lors du debriefing qui a eu lieu à la fin de cet exercice, les médecins ont souligné l’importance et la qualité des gestes IDE. Ceux qui sont habitués à ce genre d’opérations sont content d’intervenir auprès de patients bien conditionnés par les infirmiers.

D’autres ont peur de ne pas être engagés sur les dispositifs. Il y a un travail de pédagogie à faire, pour leur expliquer qu’il est hors de question de se passer d’eux.

JT : Quand les protocoles nationaux ont été mis en place, il a fallu mettre beaucoup de gens d’accord, ce qui a représenté 3 ans de travail. Entre les habitudes hospitalières et sous terre, ce n’est pas pareil...

Nous sommes le premier département a avoir signé une convention avec notre SAMU départemental. Nos médecins spéléo, qui ne sont pas forcément urgentistes, peuvent obtenir l’assistance de professionnels de l’urgence préhospitalière. On peut aussi les faire descendre si des gestes techniques particuliers sont nécessaires, comme une intubation ou un bloc périphérique à visée antalgique.

Propos recueillis par Thomas Duvernoy

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