Tenter sa chance au Québec : une bonne idée ?

En raison d’une pénurie d’infirmières, les autorités québécoises mettent tout en œuvre pour attirer les professionnelles Françaises dans la province. Une opération séduction qui fonctionne. Témoignages de deux infirmières qui ont tenté l’expérience Outre-atlantique.

Infirmière Tenter sa chance au Québec : une bonne idée ?« J’ai eu tous mes papiers d’immigration en neuf mois », souligne Véronique, 31 ans, qui a travaillé au Centre hospitalier de l’université de Montréal (CHUM) pendant un peu plus d’un an avant de rentrer en France pour des raisons familiales.

Pour Clémentine Leduc, infirmière au Children Hospital de Montréal depuis mai 2009, le délai a été de six mois. Le manque flagrant d’infirmières au Québec pousse le ministère de la Santé québécois à embaucher directement en France, notamment lors du Salon infirmier de Paris.

Le ministère de l’Immigration et l’Ordre des infirmiers et infirmières du Québec (OIIQ) sont également de la partie afin de faciliter les démarches des futures expatriées. A ce jour, « ce sont 115 infirmières françaises qui sont recrutées annuellement », précise Line Lacroix, registraire à l’OIIQ. Pourquoi les infirmières françaises ? « Parce qu’elles parlent la même langue et que leur formation est jugée équivalente à la formation québécoise », explique Rolande Chartier, responsable du recrutement à Santé Québec.

Faire ses preuves

Une fois le dossier accepté et le visa accordé, rien n’est encore joué. Le diplôme d’infirmier français, bien que reconnu au Québec, ne dispense pas les infirmières des procédures d’intégration pour s’adapter à la pratique nord-américaine. Elles arrivent en effet dans la Belle Province avec le statut de Candidates à l’exercice de la profession d’infirmière (CEPI), un statut partagé avec les étudiants québécois tout juste sortis de l’école.

Deux options se présentent alors aux Françaises : soit elles font quatre mois de formation à l’école lorsqu’elles n’ont pas exercé depuis plusieurs années, soit six semaines de stage dans un hôpital où elles sont encadrées par un infirmier. « J’ai fait le stage, raconte Clémentine Leduc. Le système de santé étant complètement différent, il s’agit d’un bon moyen pour comprendre l’organisation de l’hôpital, apprendre le nom des médicaments, etc. »

A l’issue de cette formation, les CEPI doivent passer l’examen de l’OIIQ et une fois le diplôme en poche, les candidates sont officiellement infirmières québécoises. « Je n’ai pas voulu passer cet examen, indique Véronique. Je l’ai vécu comme une contrainte, surtout après avoir fait trois ans d’études en France ». La jeune femme a mis environ deux mois pour se familiariser avec son nouvel environnement. « Au début, je ne trouvais pas ma place, j’avais l’impression d’être mise à l’écart. Mais j’ai fait mes preuves en situation d’urgence et seulement à partir de là, j’ai été considérée comme une infirmière à part entière », raconte-t-elle.

Une meilleure prise en charge des patients

L’un des points forts du système québécois demeure, pour les deux jeunes femmes, l’organisation du système de soins qui permet une meilleure prise en charge du patient. « Alors qu’en France les infirmières prennent en charge 15 patients, au Québec, elles en ont 5. Cela permet de donner un vrai repère au patient », estime Clémentine Leduc.

Mais elle reste toutefois perplexe sur l’organisation québécoise. « Les infirmières font beaucoup de va-et-vient car l’organisation n’est pas faite par secteur, comme en France. » Les chambres des patients peuvent donc être éloignées les unes des autres. S’ajoute également la « paperasse ». « Cela me prenait environ 1h30 par nuit pour remplir tous les papiers, observe Véronique. Les vérifications sont constantes. »

Autre point fort : l’organisation des horaires. Les infirmières choisissent de travailler à temps plein, soit environ 40 heures par semaine ou à temps partiel. Dans ce dernier cas, l’infirmière peut compléter ses horaires en proposant, dans d’autres services, des disponibilités qui seront payées. Les infirmières sont également dans l’obligation de prendre une heure et quart de pause par jour travaillé. « On vient te chercher pour que tu prennes ta pause. En France, cela ne dérange personne si l’infirmier n’a pas une seule minute pour prendre un verre d’eau sur ses 8 h de travail », rapporte Clémentine Leduc.

Enfin, si le salaire n’était pas un problème pour Véronique, il pose plus de questions à Clémentine Leduc, officiellement infirmière québécoise depuis septembre 2009. « J’étais persuadé que l’on gagnait plus au Québec par rapport à la France, reconnaît-t-elle. Mais en réalité, le salaire actuel d’une infirmière aux urgences correspond au salaire d’une infirmière en France ». L’avantage étant cependant que le coût de la vie à Montréal est moins élevé.

Partir au Québec : quatre conditions à respecter

En juin 2010, un Arrangement de reconnaissance mutuelle (ARM) a été signé par l’Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec (OIIQ), le ministère de la Santé et des Sports français et l’Ordre national des infirmiers de France. Depuis le 7 juillet 2011, un nouveau règlement pour les infirmiers français qui souhaitent partir travailler au Québec est entré en vigueur. Ils doivent répondre à quatre critères:

  1. Avoir obtenu, sur le territoire français, d’une autorité reconnue ou désignée par la France, un diplôme d’Etat sanctionnant un programme d’études réalisé sur le territoire de la France et conduisant au titre d’infirmière ou d’infirmier.
  2. Etre inscrit au Tableau de l’Ordre national des infirmiers de France, sans limitation ou restriction de son droit d’exercice.
  3. Avoir exercé la profession d’infirmier au moins 500 heures au cours des quatre années précédant sa demande de permis, s’il a obtenu depuis plus de quatre ans son diplôme d’Etat.
  4. Réussir un stage d’adaptation en milieu clinique d’une durée de 75 jours au Québec.
En France, une première infirmière québécoise a bénéficié de ces nouvelles dispositions, et peut désormais exercer en France, après un stage de 75 jours réalisé au sein d'une clinique médico chirurgicale.

Laure Martin

Pour aller plus loin :

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Réactions

11 réponses pour “Tenter sa chance au Québec : une bonne idée ?”

  1. damien hartmann dit :

    comment se renseigner pour postuler au Quebec?
    cordialement
    Damien HARTMANN

  2. bitenyi dit :

    Je suis un IDE.IDE ,j’ai beaucoup aimé ce cigle dans ces intonnations un peu Africain,j’ai cru à l’universalité des soins,à la solidarité infirmière et à tout ce bla bla qu’on rabat les oreilles avec dans les écoles de formation .j’ai beaucoup pensé m’expatrié avec ma compagnes, infirmière comme moi;mais j’ai toujour redouté le regard des autres et je n’ai pas eu besoin de faire le voyage pour ressentir la froideur du regard de ces infirmières du « pays du grand froid ».Nous venons de recevoir une équipe médicale Quebequoise que je soupconne raciste.-J’ai appris que vous serez encore là l’année prochaine, de grace ne revenez plus,vous n’avez rien à faire en Afrique

  3. absolutlee dit :

    Je sais qu’il est un peu tard pour répondre à Annie, mais au cas où quelqu’un se poserait les même questions…
    Le Québec est une province entièrement francophone, la majorité de la population ne parle pas anglais couramment, bien que cette langue soit effectivement enseignée à l’école. À part dans certains hôpitaux Montréalais qui ont une clientèle unilingue anglophone, la connaissance de l’anglais n’est pas un critère d’embauche. (Pour éviter la clientèle anglophone, choisir un hôpital à 45 minutes de route de Montréal, et le tour est joué 😉 De toute façon, le reste du Québec est tellement plus joli! particulièrement la ville de Québec)
    Être « Candidate à l’exercice de la profession d’infirmière » est un emploi en soit et est rémunéré. Le salaire est de 19.88$/heure depuis avril dernier (convention collective). (http://wpp01.msss.gouv.qc.ca/appl/N02/AfficherDetails.aspx?TitreEmploi=2490)

  4. Nathalie dit :

    Pourquoi pas???

  5. Ingrid dit :

    Ca donne envie …

  6. Florian dit :

    ESI en fin de première année, je suis en train de monter un dossier pour partir faire un stage l’année prochaine au Quebéc, mais pour le moment le message que l’on nous renvoi est qu’il s’agira d’un stage d’observation. A quand une reconnaissance des étudiant pour permettre un échange de ces derniers, à l’image de ce que Erasmus permet un peu de faire 🙂

  7. Annie83 dit :

    Je n’y ai pas été, bien tentée mais peur du froid et je ne maîtrise que le français, pas un mot d’anglais, donc j’ai toujours reculé avec regret. Cependant ce que je peux en dire c’est qu’à mon époque, à l’école d’infirmiers (il y a plus de 20 ans), nous avons eu une longue présentation de l’abord du soin et j’en ai un peu suivi l’évolution au travers d’articles. C’est vrai qu’ils ont un abord très différent du soin, un abord de l’Être, le patient est une personne en tant qu’être physique mais aussi psychique et dans son contexte de conviction et en tenant compte réellement de son contexte de vie et sa famille. Je crois que nous avons beaucoup à apprendre d’eux dans notre rapport au soins, nous mais surtout nos dirigeants pour nous en donner les moyens. Et, apparemment cela n’a pas changé, nous avons beaucoup à leur apporter en matière d’organisation pour moins cavaler, se disperser dans des tâches qui pourraient être simplifier. Ceci dit, il y a moins de cas d’erreur dans les soins que chez nous (normal aux vues de leurs quotas)
    Quelqu’un sait si la période de stage est à notre charge ou bien si le Québec nous accorde un salaire ?.Et est-ce qu’ils prennent des vieilles diplômées ou seulement des jeunes ? Cela m’intéresserait bien maintenant. Et où les contacter, je ne suis pas hospitalière. Merci à celui ou celle qui me répond.

  8. mine2rien dit :

    je n arrive pas a comprendre soit que le quebec se prends pour un monde a part entiere dans les soins ou soit qu ils sont plus humaniste que l humanite en elle meme la punerie frappe de son plein a ce niveau mais d apres ce que je constate pour exercer wawouwwwwwwwwwwwww il faut etre un genie partout la ou on va dans le monde le metier d infirmier et le meme certe les conditions ne sont pas pareilles parfois mais les gestes et les techinique je crois qu ils sont les meme moi de mon cote je n est jamais vu qq1 qui a fait une intramusculaire au niveau de la joue ou une intraveineuse au niveau du dos !!!! poser un cathetere a l oeil ou au niveau des oreilles :::: preserver le metier et son ethique oui donner un sens au metier de l infirmier oui revalorise ce dernier oui mais s charner sur tt qui es hors du quebec c est un peu delicat je trouve j espere que cet opinion qui n engage que moi n offense pas des esprits de certains
    j ai une experience en hemodialyse de 20 ans avec a maintes reprise des poste de repensabilites je suis algeriens qui connait bien son metier le metrise a la perfection mais j ai vraiment mal a degere la maniere dant certains nous juge par dessus j

  9. Puer dit :

    Vous y avez était pour être aussi négatif

    • Scalpel dit :

      Oui, et j’ai attentivement écouté tous les autres confrères/consoeurs qui en sont revenus.

      Et vous, vous y « avait tété » ? 🙂

  10. scalpel dit :

    Le Québec… à priori attractif, mais beaucoup de nos collègues en sont revenues mitigées: les postes d’encadrement et de spécialité ne sont pas ouverts ou accessibles. Ils cherchent seulement de la « petite main » pour la très grande majorité des établissements.
    Les démarchent sont souvent payante, pas toujours prises en charge, et la philosophie de travail vraiment différente de la France, en bien comme en mal.
    En résumé, toutes celles qui en sont revenues ou qui y restent résument: « nous y restons pour le cadre et le mode de vie québécois, le reste, finalement, n’est que peu attractif ».

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