Quel avenir pour les réseaux de santé ?

Restructurations, économies budgétaires… La politique de santé actuelle tend à mutualiser et à regrouper les réseaux de santé. Chaque année, certains réseaux disparaissent et d’autres doivent modifier leur offre de soins. Ce qui simplifie le paysage de l’offre d’un côté, mais met en péril l’expertise des réseaux de l’autre.

infirmières réseaux de santéLe guide établi par la DGOS (Direction Générale de l’Offre de Soins) en 2012 pour l’évolution des réseaux de santé à l’usage des Agences Régionales de Santé est clair : il faut faire évoluer les réseaux de santé. « L’environnement dans lequel les réseaux conduisent leurs missions depuis leur création en 2002 a connu de significatives transformations », précise le guide. Parmi ces transformations, il y a notamment la loi HPST qui confère au médecin généraliste un rôle pivot dans l’organisation et la mise en œuvre des fonctions d’entrée dans le système de soins.
« Il faut donc que les réseaux viennent en appui au médecin de premier recours et qu’ils se tournent vers un pluri-thématisme. Notre souhait est qu’il y ait une homogénéisation des réseaux ainsi qu’une plus grande cohérence », explique Lucie Dufour, chargée de mission « coordination des soins et réseaux de santé » à la DGOS. « Ce que l’on veut, c’est que les réseaux thématiques trouvent des complémentarités entre eux, pour apporter une offre plus polyvalente et plus lisible pour les professionnels de premiers recours », précise Stéphane Fish, chef du bureau « coopérations et contractualisation » à la DGOS.

Un nombre de réseaux en baisse

Alors qu’en 2012, la France comptait 681 réseaux de santé, en 2013 ils ne sont plus que 632. Actuellement, la tendance à la réduction du nombre de réseaux chaque année reste la même. Certaines régions sont plus impactées que d’autres. C’est le cas des régions PACA, Rhône-Alpes ou encore Île de France. « Pour exemple, sur huit réseaux de gérontologie existants en Île de France en 2014, il y en aura plus que deux en 2015 », confirme Hélène Bas, directrice de la FREGIF (Fédération des Réseaux de Santé Gérontologiques d’Île de France). « Les réseaux de gérontologie se rapprochent des réseaux de cancérologie et de soins palliatifs. Ils couvrent des territoires plus larges aussi », ajoute-t-elle.
« La plupart des ARS ont suivi les orientations nationales et ont pris des décisions de regroupements. Ces décisions ont été soit imposées, soit incitées, soit souhaitées et accompagnées, selon les régions », analyse quant à lui Gérard Mick, Président de l’UNR Santé (Union Nationale des Réseaux de Santé). « L’orientation, en tout cas aujourd’hui, c’est de conserver les réseaux, qu’ils couvrent tous les territoires, et qu’ils soient plus polyvalents ».

Des conséquences sur l’offre de soins

Couvrir plus de territoire, élargir son champ de compétence. « C’est le principe du toujours plus avec moins », regrette Hélène Bas, pourtant en faveur de certaines restructurations. Outre le problème du financement, qui, s’il n’est pas diminué reste stable pour un travail plus conséquent, les responsables de réseaux soulignent le problème des expertises et compétences propres aux réseaux.
« On nous demande de gérer d’autres thématiques. Or, beaucoup de thématiques nécessitent une expertise paramédicale et médicale. Je pense aux soins palliatifs par exemple. Les réseaux qui ont eu la chance de savoir élargir leur action se sont appuyés sur des infirmières qui avaient des Diplômes Universitaires. Mais un DU ne s’improvise pas et à un coût », analyse Hélène Bas, qui souhaiterait bénéficier d’un accompagnement au changement par les ARS.
Et Gérard Mick de conclure : « le risque, c’est de perdre des compétences acquises en liant des acteurs multiples. S’il y a perte d’expertise, le risque de perdre la coordination pour des populations de patients chroniques est certain ».

Malika Subled
Article publié dans Actusoins magazine

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