Evacuation (lente) d’une infirmière française de MSF atteinte d’Ebola

Ce sera la première fois qu'un patient atteint d'Ebola sera hospitalisé en France. Une volontaire française de Médecins sans Frontières (MSF), actuellement en mission à Monrovia au Liberia, a été contaminée par le virus Ebola. La malade «va être rapatriée en France dans des conditions de sécurité maximale, dans un avion médicalisé dédié», ont fait savoir les ministères de la Santé et des Affaires étrangères.

© Tim Shenk/MSF Brett Adamson, coordinateur pour MSF aide un soignant qui se prépare à entrer dans la zone à haut risque du camp ELWA 3 à Monrovia (Liberia)

© Tim Shenk/MSF
Brett Adamson, coordinateur pour MSF aide un soignant qui se prépare à entrer dans la zone à haut risque du camp ELWA 3 à Monrovia (Liberia)

MSF a finalement choisi de rapatrier cette volontaire avec un avion médical américain appartenant à une société privée, qui devait décoller en début d'après-midi, pour accélérer l'évacuation de cette française. Il s'agit de l'appareil qui avait été utilisé pour rapatrier les deux humanitaires américains en août. (mise à jour le 18/09 à 15 h)

"Les conditions de transport et d'hospitalisation vont strictement respecter toutes les recommandations internationales pour éviter toute contamination d'une tierce personne», indique le communiqué ministériel.

L'ONG a précisé sur son site que la femme contaminée a été placée en isolement mardi, «dès l'apparition des premiers symptômes». Les tests de laboratoire réalisés le même jour ont confirmé une infection au virus.

«Dans le respect de la confidentialité des informations médicales, et afin de préserver l’intimité de sa volontaire et de son entourage, MSF ne souhaite pas fournir d’informations supplémentaires à ce sujet pour l’instant», écrit l'organisation. On sait, en revanche, qu'ils s'agit d'une infirmière du centre ELWA 3 à Monrovia, le plus grand centre Ebola au monde (200 lits).

Une évacuation trop lente

Si le ministère de la santé n'a mentionné ni la date ni le lieu de l'hospitalisation de la volontaire, le président de MSF France, Mego Terzian, a laissé entendre sur France Inter que le rapatriement aurait lieu jeudi 18 septembre, et RTL affirme qu'elle devrait être hospitalisée le soir même à l'hôpital militaire Bégin de Saint-Mandé, dans le Val-de-Marne.

Cependant, la volontaire se trouvait encore à Monrovia ce jeudi à 12 heures, heure française, a expliqué à Paris Bertrand Daguez, le directeur médical de l'ONG, précisant attendre un avion médicalisé pour la rapatrier en France. « Cela fait déjà plus de 40 heures et c'est trop long », a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse. Cette femme faisait partie du personnel médical de l'ONG et se trouvait sur place depuis « plusieurs semaines », a-t-il précisé.

Depuis le mois de mars, Médecins Sans Frontières est présent en Afrique de l'Ouest avec plus de 2 000 personnes sur place, dont 200 volontaires internationaux. Depuis le début de l'année, l'épidémie a fait 2461 morts sur 4985 cas recensés principalement au Liberia, en Sierra Leone et Guinée, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Modalités de prise en charge

Neuf établissements de santé de référence (ESR) français sont en capacité d'accueillir un malade infecté par Ebola. Il s'agit des CHU de Lille, de Rennes, de Bordeaux, de Strasbourg et de La Réunion, de l'hôpital parisien Necker-enfants malades (Assistance publique-hôpitaux de Paris, AP-HP), de l'hôpital Bichat (AP-HP, Paris), de l'hôpital Nord (Assistance publique-hôpitaux de Marseille, AP-HM) et de l'hôpital de la Croix-Rousse (Hospices civils de Lyon -HCL).

Le ministère de la santé, dans un document en ligne sur son site, liste également deux autres établissements ne disposant pas du label ESR: l'hôpital d'instruction des armées de Toulon et l'hôpital d'instruction des armées Bégin de Saint-Mandé (Val-de-Marne).

Le virus Ebola est un agent pathogène de classe 4, défini comme un micro-organisme hautement pathogène caractérisé par un taux de mortalité très élevé, l'absence d'outils thérapeutiques ou prophylactiques pour s'en protéger et sa facilité de transmission. Un arrêté publié en août autorise, à titre dérogatoire, la manipulation d'Ebola en dehors du laboratoire P4 Inserm-Jean Mérieux de Lyon dans certaines conditions dans les établissements listés par le ministère.

Les examens biologiques peuvent être réalisés dans des établissements de santé disposant d'installations de niveau de confinement III et équipés d'un poste de sécurité microbiologique de niveau II.

Dans un nouvel avis publié le 16 septembre, le Haut conseil de la santé publique (HCSP) a précisé les modalités de prise en charge des cas suspects ou avérés de fièvre hémorragique à virus Ebola par les établissements de santé de référence

Pour tous les patients, le diagnostic doit initialement être confirmé par le centre national de référence (CNR). Pour la prise en charge du patient, les ESR doivent disposer d'une ou plusieurs chambres d'isolement à pression négative et d'un laboratoire de biologie médicale adapté.

ONU : un projet de résolution américain

Le Conseil de sécurité de l'ONU, saisi en urgence par les Etats-Unis, doit se prononcer aujourd'hui sur un projet de résolution américain destiné à mobiliser les gouvernements contre la propagation de l'épidémie, une initiative rarissime dans le domaine de la santé.

Les pays africains touchés par Ebola espèrent que l'aide militaire promise par les Etats-Unis marquerait un tournant dans la bataille contre l'épidémie. Barack Obama a annoncé que les Etats-Unis allaient envoyer 3 000 militaires et qu'il envisageait la création d'un centre de commandement militaire au Liberia pour soutenir la lutte contre l'épidémie.

Rédaction ActuSoins, avec AFP, APM, Le Monde, Le Parisien

 

Evacuation : les capacités de transport aérien en question

Nous appliquons des protocoles de protection extrêmement stricts concernant notre personnel avant, pendant et au retour d’une mission dans un pays touché par l’épidémie d’Ebola, a précisé à Slate.fr le Dr Mego Terzian, président de MSF France. Les personnes des équipes médicales effectuent des rotations de quatre semaines et, pour les rapatriés, retournent dans leur pays en observant une période de surveillance de 21 jours.

Concernant nos volontaires infectés, la dernière fois où nous avons parlé avec les autorités françaises il y a deux semaines, elles nous ont expliqué qu’elles ne pouvaient faire de promesses mais qu’elles feraient de leur mieux pour évacuer les personnes impliquées dans la lutte contre Ebola; et que ces évacuations concerneraient les expatriés comme les autochtones.

Ces mêmes autorités nous ont fait comprendre que, comme dans le cas du médecin sénégalais infecté récemment hospitalisé à Hambourg, les problèmes éventuels liés aux visas Schengen ne se poseraient pas.»

Les autorités françaises ont également expliqué au président de MSF France que la principale difficulté ne concernerait ni les problèmes de visa ni les capacités d’accueil hospitalières françaises ou européennes, mais bien la question des capacités de transport aérien des personnes infectées –et que cette difficulté toucherait les personnes de nationalité africaine comme celles qui ne le sont pas.

A lire sur slate.fr

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