« Ce n’est pas parce que l’on est capable de procéder à une réanimation à l’hôpital que l’on est capable d’en pratiquer une chez soi, dans la rue ou au domicile d’un patient. Les compétences situationnelles sont différentes dans tous ces cas. A l’hôpital, on intube. A l’hôpital, on a du matériel. Ce n’est pas le cas ailleurs », explique Alexandre Morel, responsable du pôle formation continue secteur santé, à l’Université de Bretagne Occidentale et co-constructeur du Mooc SauvTage.
Or, dans la rue, comme chez soi, il faut savoir agir aussi, rappelle-t-il, prenant de nouveau l’exemple éloquent de l’arrêt cardiaque. « Les études internationales nous disent que sans premiers gestes de secours, on perd 10% de chance de survie par minute. En France, les secours arrivent en 12 à 13 minutes. Concrètement, si personne n’engage de réanimation cardio-pulmonaire avant, les chances de survie sont très faibles ».
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Un modèle de formation adapté aux besoins
Le Mooc proposé par l’université de Bretagne occidentale et la FFSFP se veut exhaustif. De l’apprentissage des premiers secours tel que la plupart des soignants les connaissent déjà – protection, alerte, soins des plaies et des brûlures, mise en PLS etc. – il y en a, certes. Mais tout l’intérêt de cette formation en ligne réside dans le fait qu’elle s’adapte aux besoins spécifiques de chacun et qu’elle intègre une large part de prévention.
Composée de courtes capsules vidéos théoriques et pratiques, elle fait intervenir des experts reconnus dans leur domaine. « Les participants peuvent, selon leurs besoins, suivre l’intégralité de la formation, ou seulement le contenu qui les intéresse. On peut très bien imaginer un jeune parent visionner les capsules en lien avec la petite enfance pour se rassurer, et une infirmière suivre une capsule sur la chute de la personne âgée, par exemple », indique David Mathieu, président de la FFSFP et également co-constucteur du programme.
Autre d’exemple d’application pour les soignants : « Le Mooc peut aussi intéresser les infirmiers de santé au travail qui sont amenés à conseiller, à orienter ou qui, grâce à ce produit, pourraient proposer de former l’ensemble du personnel de leur entreprise aux gestes de premiers secours, sans aucun coût », ajoute-t-il.
En pratique, chacun y pioche ce dont il a besoin donc. Et pour celles et ceux qui cherchent à obtenir un diplôme, la validation de certaines capsules – étiquetées d’un « drapeau rouge » – donne accès à une attestation nécessaire à la poursuite de la formation PSC1, avec une réduction du temps de présentiel de plus 50%, indique la FFSFP.
Un retard français
« L’idée n’est pas de concurrencer les formations présentielles existantes ni de revoir, sans pratique, le même programme au rabais, insiste Alexandre Morel. Il s’agit surtout de combler un manque cruel d’offre de formation et donc de personnes formées ». Revenant à son exemple de réanimation cardio-pulmonaire en pleine rue et chiffres à l’appui, il regrette : « En France, on est à 3% de chance de survie, en Europe du Nord, à 40 % et à Las Vegas – ville dans laquelle des défibrillateurs sont installés un peu partout, ndlr – , à 70% ! ».
Les causes de ce défaut de formation des citoyens – mais aussi des professionnels de la petite enfance, des enseignants…- sont multiples. Pour les particuliers, les freins seraient temporels, économiques, géographiques : « Les personnes qui résident dans des zones non urbaines, ont souvent des difficultés à pouvoir trouver une formation près de chez elles, d’autres n’ont pas un jour et demi à consacrer à une formation présentielle et enfin d’autres ne peuvent pas investir 50 à 70 €, tarif habituellement pratiqué pour un PSC1 », explique David Mathieu. C’est sans parler de ceux « qui n’osent pas se lancer, par timidité par exemple », ajoute Alexandre Morel.
Depuis quelques années, les pouvoirs publics semblent avoir pris conscience de cette situation de retard. Une première étape à été franchie quand, en 2018, une circulaire inter-ministérielle a imposé que 80% des agents publics soient formés aux premiers secours d’ici le 31 décembre 2021. Mais on est loin d’avoir atteint ce chiffre. « Très…très loin », explique David Mathieu, perplexe.
Vendredi, les deux fondateurs du Mooc se sont rendus au ministère des sports et au ministère de la fonction publique. Objectif ? Convaincre d’intégrer le Mooc dans la formation initiale et continue de ces agents publics. Pour que l’objectif des 80% soit atteint, à temps. Avec ce Mooc, les deux fondateurs espèrent en tout cas toucher le plus grand nombre… pour que la plupart des accidents, des handicaps ou de décès évitables, ne soient plus associés au terme “fatalité”.
M.S
Pour trouver le Mooc (inscriptions gratuites, ouvertes jusqu’au 01/09/2020) : www.sauvtage.fr
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