“Les gouvernements successifs, depuis les années 1990, en semblent pas avoir pris la mesure de l’accroissement des difficultés de la filière psychiatrique, du découragement des professionnels avec ses effets délétères sur l’efficacité des soins. Ils ont largement minimisé les effets de l’intrication des difficultés économiques, du délitement des solidarités et des troubles mentaux“, pointe le rapport.
La contrainte persiste dans les soins
La loi, depuis près de deux siècles, permet d’hospitaliser des personnes atteintes de troubles mentaux sans leur consentement. “Même si les textes affirment que les soins libres doivent être privilégiés lorsque l’état de santé de la personne le permet, dans la pratique, la part des soins soins sous contrainte dans les admissions croît de façon préoccupante“, atteignant le quart des admissions et représentant 40% d’entre elles dans certains établissements, explique un dossier de presse communiqué par le CGLPL.
“De cette contrainte aux soins, les professionnels ont parfois tiré l’autorisation implicite d’une contrainte au corps“, se traduisant en une contrainte aux comportements : horaires, tabac, visites, etc., “dans un souci de normalisation afin d’organiser la vie collective“.
La crise de l’hôpital public n’épargne pas la psychiatrie
Les établissements de santé mentale ne sont pas épargnés par la crise de l’hôpital public, qui touche principalement aux moyens humains, rappelle le CGLPL. S’ajoute pour la psychiatrie, “la mutation de la patiente et de la demande collective : évolution des troubles mentaux, en partie consécutive aux difficultés sociales et à des conditions de vie déstabilisantes, un besoin de sécurité plus ou moins réel mais exacerbé par le discours politique.l”
Par ailleurs, “une demande paradoxale est faite à la psychiatrie“. Celle “d’une ouverture par le virage ambulatoire accompagné de la fermeture d’un grand nombre de lits d’hospitalisation et celle d’un enfermement de plus en plus fréquent ou durable des individus perturbants, par souci de sécurité“, fait savoir le CGLPL, qui pointe aussi une diminution “rapide” des capacités intra-hospitalières.
Un rapport déstigmatisant
Dans son rapport (publié aux éditions Dalloz, puis mis en ligne sur le site du CGLPL le 15 juillet prochain), le CGLPL formule 67 recommandations pour améliorer la prise en charge des personnes hospitalisées, pour préserver leur dignité et leurs droits fondamentaux.
Il détaille notamment les processus qui amènent à priver les patients de leurs droits, des demandes faites à la psychiatrie “dont une partie traduit des préoccupations sécuritaires“, en passant par l’insuffisance de réflexion collective qui “a contribué à l’intériorisation de la contrainte par l’institution hospitalière“, une organisation des soins sans consentement qui “n’offre pas une prise en charge adaptée à la diversité des situations“, ou encore des hôpitaux qui “imposent, en raison du mode d’admission, des contraintes que n’exigent ni la loi ni l’état du patient“.
Rédaction ActuSoins
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