Plus de jeunes infirmiers que de nouveaux postes ?

Plus de jeunes infirmiers que de nouveaux postes ?

Une récente étude de la FNESI remet en cause le mythe du plein emploi et la gestion des quotas à l’entrée des IFSI par les régions. Parmi les amorces de solutions : une meilleure régulation et une valorisation des métiers.

Plus de jeunes infirmiers que de nouveaux postes ?« Nous ne comptons plus les témoignages de nouveaux diplômés qui vivotent en trouvant des missions d’une semaine au mieux », soulignent les auteurs de cette étude sur « l’Etat des lieux de la formation en soins infirmiers : entrée en IFSI et jeunes diplômés ».

Certaines raisons sont d’ordre conjoncturel : les hôpitaux où travaillent 54 % des IDE font face à des restrictions budgétaires et ils privilégient l’embauche d’aides-soignants en période de vaches maigres.

Par ailleurs, en 2011- 2012, deux promotions diplômées sont arrivées sur le marché : l’une en novembre 2011, la deuxième en juillet 2012, suite au changement de référentiel. Les intérimaires servent alors de « variable d’ajustement ». Une situation critique pour les jeunes infirmiers « souvent livrés à eux-mêmes sans accompagnement » juge la FNESI (Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers).

Par ailleurs, les jeunes diplômés boudent les places en Ehpad où se situent majoritairement les offres et ils ne se sentent souvent pas assez expérimentés pour entrer en pédiatrie où la demande reste constante. « Les conditions de travail en Ehpad sont très difficiles. Pour recruter des jeunes, il faut aussi favoriser leur accueil, valoriser le travail en gériatrie », indique Eve Guillaume, présidente de la Fédération.

Autre critique : « avec l’augmentation des maladies chroniques, les besoins sont de plus en plus spécialisés. Pour favoriser les transferts de compétence – et non d’actes – nécessaires en raison de la pénurie de médecins, il faut créer des masters et des formations diplômantes spécialisées », ajoute-t-elle

Une mauvaise gestion des quotas en IFSI

Certes le métier a de l’avenir en raison notamment du vieillissement de la population : en vingt ans, le nombre d’infirmiers a augmenté de 170 % pour atteindre 520 000 en 2010. Parallèlement, le nombre d’entrées en IFSI a enregistré une hausse de 28 % entre 2000 et 2008.  Mais besoin ne veut pas dire embauche ! « La pénurie infirmière est effectivement là, mais si rien n’encourage les offres d’emploi, les quotas auront beau augmenter… », souligne la FNESI.

En région parisienne, l’offre est bien réelle mais l’Ile de France et l’AP-HP ne sont pas très attractifs. De nombreux infirmiers préfèrent la province où les conditions de logement et de travail sont meilleures. A contrario, « certaines régions comme la Bretagne, l’Aquitaine, le Nord-Pas de Calais, l’Alsace et la Normandie n’embauchent plus », expliquent les auteurs de ce rapport. «  Il serait temps de stopper l’augmentation des quotas. Certaines régions comme Midi-Pyrénées ou le Centre continuent à prévoir un accroissement des quotas. Mais elles ne prennent pas en compte la mobilité de ceux qui vont venir des régions où l’offre est inexistante. Déjà un quart des infirmiers n’exerce pas dans la région où ils ont obtenu leur diplôme. Il est urgent de gérer les quotas au niveau national », affirme Eve Guillaume.

En outre, « élargir les quotas risque d’augmenter les déperditions. Déjà 20 % des étudiants admis aux concours d’entrée n’ont pas leur diplôme », précise la présidente de la Fédération. Cette dernière compte bien expliquer ces différents points au cabinet de Marisol Touraine, à la Fédération hospitalière de France (FHF) et à l’Association des Régions de France. Ces trois rendez-vous sont attente.

Claire Dubois

Pour aller plus loin : 

Lire l’intégralité de l’étude sur le site de la FNESI