Mme Pascale Mathieu, présidente de l’Ordre national des masseurs-kinésithérapeutes, a rencontré jeudi 6 septembre à Matignon M. Couillard, conseiller d’Edouard Philippe. Elle a ainsi pu évoquer les difficultés actuelles inhérentes à la profession, avant l’annonce du« Plan Hôpital » qui sera dévoilé le 18 septembre prochain.
Des quotas contournés
« J’ai évoqué en premier lieu la démographie de notre profession. Les quotas actuels sont contournés par les étudiants qui vont faire leurs études à l’étranger puis reviennent en France. C’est sans compter sur la reconnaissance des diplômes étrangers. Ces derniers peuvent être validés même s’ils ne comportent que trois années d’études, puisque la reconnaissance du diplôme prend en compte l’ancien programme de 2015 , explique-t-elle. Ainsi, sur 4784 nouveaux inscrits à l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes en 2016, 1755 venaient de l’étranger.
Le cœur du problème : Les études de kinésithérapie
Sur ce point, Mme Mathieu est rejointe par M. Paguessorhaye, président de la FFMKR [1], premier syndicat des kinésithérapeutes : « La première de nos revendications, c’est la reconnaissance au statut de Master2 de nos cinq années d’études.
Cela est d’autant plus important qu’il permettrait de revaloriser la rémunération des grilles salariales
au niveau du monde hospitalier et ainsi de combler les postes manquants. »
En effet, l’hôpital manque cruellement de kinésithérapeutes. « Les étudiants voient aujourd’hui leurs frais d’inscription augmenter. Ils sont donc obligés de faire des emprunts. Une fois diplômés, le salaire hospitalier ne leur permet pas de rembourser leur prêt, ils choisissent
alors le monde libéral », explique le président du syndicat.
Concernant ces fameux frais d’inscription, il constate une totale disparité sur la France. La cause ? Le financement des études en IFMK [2] dépendrait du “bon vouloir de chaque conseil régional“. Pour exemple les frais de scolarité s’élevaient pour Rouen à 184 euros par an et sont passés cette année à 4700 euros.
« Notre profession de santé a une utilité sociale et sociétale, il n’est pas normal d’avoir
des instituts de formation publics et privés avec un coût différent », s’insurge MmeMathieu.
Cette désertification du monde hospitalier « implique un problème dans la formation initiale », souligne-t-elle. En effet, les étudiants ne peuvent plus être formés, car il manque des terrains de stage.
La chiropraxie, le sujet qui fâche
Mais l’aspect qui fait couler le plus d’encre chez les masseurs-kinésithérapeutes concerne la réglementation des études de chiropraxie fixée par l’arrêté du 13 février dernier, et sur lequel ils ne décolèrent pas. La mise en avant de la formation de chiropracteur serait pour certains, la porte d’entrée au début du déremboursement. « C’est la possibilité de prendre en charge des personnes sans que la sécurité sociale ne débourse un seul centime », déclare M. Paguessorhaye.
C’est aussi, pour d’autres, une forme de régression de leur profession avec la sensation de se voir distribuer leurs compétences à la faveur de la chiropraxie.
La présidente de l’Ordre, à ce titre vient de recevoir une plainte au pénal pour dénigrement provenant de l’Association Française des chiropracteurs. Le chapitre est loin d’être clos.
Flavie Peribois
Exercice salarié des masseurs-kinésithérapeutes : un colloque dédié
Le 11 octobre prochain, le conseil national de l’Ordre national des masseurs-kinésithérapeutes organise un colloque intitulé :« Sauvons l’exercice salarié », qui exposera les résultats d’une enquête menée par l’Observatoire de la démographie de ce dernier. « Ce que l’on peut d’ores et déjà souligner, c’est qu’il existe une morbidité certaine due au manque de
kinésithérapeutes à l’hôpital », confie Mme Mathieu.
[1] FFMKR : Fédération française des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs
[2] IFMK : Institut de formation en masso-kinésithérapie
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