“Dans les deux cas, les infirmières traumatisées se sont rendues au commissariat pour porter plainte…mais n’ont pas pu le faire : elles en ont été dissuadées par les autorités qui ont préféré enregistrer, à la place, un dépôt de main courante. Ce qui implique qu’aucune enquête ni poursuites ne seront déclenchées contre les agresseurs malgré la gravité des faits“, regrette le Sniil, dans un communiqué diffusé à la presse lundi 19 mars.
Rappel des faits : Jeudi dernier, une infirmière exerçant à domicile et l’étudiante en soins infirmiers qui l’accompagnait s’occupaient d’une patiente en soins palliatifs lorsque cette dernière décéda. “Aussitôt, la famille, pourtant avertie de l’issue probable, les injuria, menaça de mort, brutalisa et, même les séquestra“, relate le Sniil. “Les infirmières n’ont pu sortir de cette situation que grâce à l’intervention de la police municipale prévenue par le médecin traitant contacté par l’infirmière“.
Particulièrement touchées, les deux soignantes ont alors été prises en charge à l’hôpital où elles se sont vues attribuées chacune une incapacité temporaire de travail (ITT) de 10 jours.
Deux jours plus tard, dimanche 18 mars au matin, une infirmière libérale exerçant à Perpignan, a été victime d’une agression verbale et de menaces violentes, de la part du mari de l’une de ses patientes.
Ne pas minimiser les faits
“Malgré la gravité des faits, les fonctionnaires de police ont minimisé les événements, affirmant qu’il n’était pas nécessaire de porter plainte. Encore fragilisées, les infirmières ont alors cédé, ne procédant qu’à un simple dépôt de main courante“, dénonce le Sniil, évoquant la première affaire de Fos-sur-Mer.
A Perpignan, la réaction policière aurait été similaire, selon le syndicat. “L’infirmière libérale s’est vu refuser un dépôt de plainte. Arguant qu’il n’y avait pas eu de coups, et se déclarant débordés, les fonctionnaitres de police ont, aussi, minimisé les faits et conseillé à l’infirmière de revenir le lendemain pour un simple dépôt de main courante…malgré le fait qu’un autre patient de l’infirmière libérale habite le même immeuble, que cela l’oblige donc à revenir sur les lieux matin et soir tous les jours, et que l’agresseur a promis qu’il ne s’arrêterait pas là“.
Rappelant que ces infirmières ont été agressées dans l’exercice de leur fonctions, et qu’à ce titre, “elles doivent avoir les mêmes droits à l’empathie des fonctionnaires de police que tout policier, enseignant ou médecin agressés eux aussi dans l’exercice de leur profession“, le Sniil demande que le ministères concernés (Santé, Intérieur, Justice) “agissent au plus vite” pour que ce type de traitement par la police ne se reproduise plus.
“Et ce d’autant que l’on assiste à une multiplication des actes de violence au quotidien à l’encontre de ces professionnels. Si en 2008, 18% des infirmières libérales se plaignaient d’avoir été confrontées à de la violence de la part des patients ou de leur famille, en 2015, ce sont, par exemple 32% des infirmières des pays de la Loire qui en ont été victimes (injures, menaces et/ou violences physiques)“, explique le Sniil, se référant au panel d’observation des conditions d’exercice des infirmiers libéraux ORS/URPS Pays de la Loire de 2015.
Seuls professionnels de santé exerçant à 90% à domicile, dans tous les quartiers, à toute heure et pour tous types de patients, les infirmières et infirmiers libéraux se trouvent en première ligne d’une violence au quotidien en augmentation. “Il ne faudrait pas que s’y rajoute une violence institutionnelle toute aussi inacceptable“, conclut le Sniil.
Rédaction ActuSoins
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