Le collectif Inter-blocs, qui s’exprime depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux de manière assez anonyme, a commencé à se structurer « fin 2018, début 2019 », raconte son président, Rachid Digoy, Ibode et délégué CGT au comité technique d’établissement (CTE) du CH de Châlons-sur-Saône, avant de se constituer en association le 16 septembre.
Son objectif : « défendre et valoriser » les infirmières et infirmiers qui travaillent en bloc opératoire, qu’ils soient Ibode ou non. Le collectif ne compte qu’une cinquantaine de membres depuis un mois mais fédère, selon son président, des Ibode et des IDE de bloc qui se connaissent via les réseaux sociaux comme Facebook (1100 « fans »), Twitter (340 followers) ou LinkedIn, et partagent des préoccupations communes. Le bureau de l’association se compose d’ailleurs de huit membres, Ibode et IDE travaillant au bloc.
Corporatisme ?
Alors que les problématiques de l’exercice infirmier au bloc opératoire sont principalement abordées par les représentants des Ibode, comme l’Union nationale des Ibode (UNAIbode) ou le Syndicat national des infirmiers de bloc opératoire (Snibo), le collectif souhaite défendre les droits et les aspirations des Ibode mais aussi des infirmiers qui n’ont pas suivi la formation d’Ibode mais travaillent au bloc.
Ces derniers « n’ont pas du tout de représentants », souligne le président du collectif. Ni l’Unaibode ni le Snibo, dont il déplore le « corporatisme assez extrême », ne les prend suffisamment en compte, estime-t-il. « On n’est contre personne, ajoute Rachid Digoy. On veut juste prendre notre destin en main ».
Le déclencheur de cette mobilisation singulière réside dans la mise en place ces dernières années des mesures transitoires qui permettent à des IDE travaillant au bloc de pratiquer certains actes (« le 1-b ») pourtant considérés comme réservés aux Ibode dans le décret de 2015. Une mesure qui a été décidée sans que les IDE de bloc aient été consultés et une « aberration », déplore le président du collectif.
Cette dérogation a selon lui été taillée sur mesure pour répondre aux inquiétudes des établissements privés, dans les blocs opératoires desquels les IDE sont beaucoup plus nombreux que les Ibode. Ces employeurs ne souhaiteraient pas financer, ajoute-t-il la formation Ibode que certains IDE voudraient suivre. Et auraient donc intérêt à ce que ces infirmiers non Ibode puissent continuer à exercer en salle d’opération en n’ayant qu’à faire valider une certaine expérience pour en obtenir l’autorisation (ou via la VAE) plutôt qu’en devant suivre 18 mois de formation.
Un plan de formation
Pour Rachid Digoy, ces mesures réduiraient donc au final les chances des IDE qui voudraient devenir Ibode, nombreuses selon lui, d’atteindre cet objectif… et les perspectives de développement de la spécialité d’Ibode. « Nous, nous prônons l’instauration d’un plan de formation pour les infirmières, insiste Rachid Digoy. Nous voulons que les actes exclusifs de notre spécialité soient reconnus et que cela motive les IDE à suivre la formation Ibode. »
L’association s’est rapprochée des « collectifs qui se battent pour l’hôpital », indique-t-il, notamment le collectif Inter-urgences, dont les revendications ont bénéficié d’un fort écho ces derniers mois, et le collectif Inter-hôpitaux.
Elle pourrait aussi se rapprocher de la CGT. Trois des membres de son bureau, indique son président, sont d’ailleurs syndiqués à la CGT. Le collectif Inter-blocs devra probablement « faire ses preuve », ajoute-t-il, mais il prépare activement sa participation à de prochaines mobilisations, notamment celle sur 14 novembre.
Géraldine Langlois
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