Infirmières libérales : le casse-tête du stationnement en ville

Infirmières libérales : le casse-tête du stationnement en ville

Moins de place de parking, moins de tolérance des agents du stationnement : les amendes se multiplient sur les pare-brise des infirmières libérales qui exercent en ville. Au point de modifier les pratiques des unes… ou de décourager les autres. Entre deux, l’agacement grandit.

infirmière libérale PV amende stationnementSe garer pour faire un soin : un pur casse-tête pour les infirmières libérales en ville. La place de la voiture se réduit en milieu urbain au même rythme que les places de stationnement.

La tolérance des agents de police en faveur des professionnels de santé a diminué aussi : il faut dire que la circulaire Joxe  qui les y incitait date de 1986…

Selon John Pinte, secrétaire général du SNIIL, les difficultés de stationnement concernent autant les infirmières libérales de Paris que celles des autres villes, grandes ou moyennes. Dans la capitale, le problème est particulièrement criant.

Annaïg Lucas, infirmière libérale et présidente du SNIIL d’Ile-de-France, fait désormais ses tournées parisiennes à pied. « J’avais fini par avoir environ un PV par jour ! », explique-t-elle. A 11 ou 35€ l’amende, la somme peut vite devenir importante. Plusieurs milliers d’euros pour certains ! Et comme les amnisties espérées n’ont pas eu lieu, il a bien fallu payer. Selon Jean-Louis Bouvet, secrétaire général de l’ONSIL, la situation s’est aggravée à Paris au printemps 2012 : « on se fait verbaliser de plus en plus et de plus en plus systématiquement », s’insurge-t-il.

Inconvénients relatifs

A Saint-Chamond (Loire), des infirmières ont lancé une pétition demandant plus d’indulgence vis-à-vis du stationnement . Même si le nombre de PV dont elles écopent est inférieur à celui de leur consœurs parisiennes, elles voudraient pouvoir se garer plus facilement : « on ne peut pas se permettre de tourner 10 minutes pour trouver une place quand des patients attendent leur injection d’insuline », estime Ghislaine Louvancourt. Et puis « quand on fait un AIS, on doit rester 30 mn au domicile mais le stationnement dure 20 mn maximum alors on stresse, on ne fait pas du bon boulot », ajoute-t-elle.

Toutes et tous témoignent de situations compliquées voire absurdes : PV pour stationnement en double-file devant la pharmacie ou le laboratoire, ou sur une place de livraison, mise en fourrière… Jean-Louis Bouvet a même été verbalisé pour avoir garé sa voiture électrique sur un emplacement de rechargement de voitures… électriques.

Recours

Selon John Pinte, il est parfois possible de faire aboutir les recours en contestant les PV mais rarement d’y échapper en première intention, même avec un caducée en bonne et due forme. « Tout cela amène les professionnels à ne plus prendre en charge les patients dans certains secteurs, ajoute-t-il, ce qui devient un problème de santé publique. »

Alors les uns alertent la mairie de Paris, les autres la préfecture… sans toujours beaucoup de résultat. Et souvent en ordre dispersé. Les infirmières de Saint-Chamond ont cependant obtenu de leur député qu’il écrive au ministre de l’Intérieur pour lui demander des mesures spécifiques. Ici ou là, des villes tentent plus ou moins de trouver des solutions.

La carte Sésame Soins à domicile, à Paris, exonère les professionnels, moyennant 90€ par an, du paiement du stationnement, sur les places payantes. A Avignon, un disque (gratuit) dédié aux professionnels de santé leur permet depuis peu de stationner gratuitement « dans le respect de la réglementation ». Ailleurs, des places leur sont réservées. Mais pour l’instant, pas question de se garer, ici ou ailleurs, sur les précieuses places de stationnement. Pour John Pinte, cela réglerait pourtant une partie du problème, au moins dans les secteurs les plus difficiles. Une revendication largement partagée.

Olivia Dujardin