En Europe, l’accès au soins est de plus en plus réduit pour les personnes démunies

En Europe, l’accès au soins est de plus en plus réduit pour les personnes démunies

Le rapport annuel de Médecins du Monde (MdM) sur l'accès des soins en Europe est accablant  : l'accès au soins serait de plus en plus réduit pour les personnes démunies. Avec en tête des inégalités les femmes enceintes et les enfants. 
En Europe, l'accès au soins est de plus en plus réduit pour les personnes démunies
© Médecins du Monde

L’enquête, basée sur 41 238 consultations médicales et sociales de MdM individuelles auprès de 22 171 personnes, dans 9 pays européens, révèle que plus de la moitié des femmes enceintes interrogées (54%) n’ont pas eu accès à des soins prénataux. La grande majorité d’entre elles n’ont pas de couverture maladie (81%).

Concernant les enfants, seul 1 tiers des enfants reçus en consultation avaient été vaccinés contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR).

“Le droit à l’accès aux soins des femmes enceintes et des enfants est un des droits humains les plus basiques, universels et essentiels” explique l’ONG dans un communiqué. “Il est choquant de constater que seul un tiers des enfants reçus en consultation en Europe avait été vacciné contre le ROR et à peine plus d’entre eux contre le tétanos”

“Tous les enfants résidant en Europe doivent avoir un accès sans réserve  aux programmes de vaccination nationaux et aux soins pédiatriques.  Toutes les femmes enceintes doivent avoir accès à l’interruption de grossesse, aux soins prénataux et postnataux et à un accouchement sans risque”.

Selon l’enquête, presque tous les patients reçus (91,3 %) vivaient sous le seuil de pauvreté. La grande majorité d’entre eux avaient été confrontés à au moins un acte de violence. 

Médecins du Monde précise aussi que la population accueillie n’avait pas, en majorité d’assurance maladie (62,9 %), “principalement du fait des lois restrictives qui excluent certains groupes de population“. Les barrières à l’accès aux soins les plus citées dans l’enquête sont  l’impossibilité de payer les soins (27,9%) et des problèmes administratifs (22%). En conséquence, 22,9% des patients percevraient leur santé physique comme (très) mauvaise et cela atteint 27,1% pour la santé mentale.

Le tourisme de santé des migrants pauvres : un mythe, selon Médecins du Monde

Les données rassemblées contredisent aussi clairement le mythe du tourisme de santé des migrants pauvres  en Europe : seuls 3 % des migrants reçus par MdM  avaient migré pour des raisons de santé, ils vivent en moyenne depuis 6,5 ans dans le pays avant de consulter MdM et seuls 9,5% des migrants souffrant de maladies chroniques le savaient avant leur arrivée en Europe” explique l’ONG.

“Très peu de migrants sans papiers tombent gravement malades en Europe et lorsque cela arrive, cela arrive longtemps après leur arrivée. Ils devraient être protégés de l’expulsion  lorsqu’un accès effectif à des soins de santé adéquats ne peut pas être assuré dans le pays vers lequel ils vont être expulsés”

Un appel à la mobilisation

Alors que les décideurs politiques européens reconnaissent de plus en plus l’impact de la crise économique et des mesures d’austérité sur l’accès aux soins, l’ONG estime que “peu de choses ont changé en pratique pour les personnes démunies“.

Nous appelons les Etats membres et les institutions  de l’Union Europénne à garantir des systèmes de santé universels de santé publique, fondés sur la solidarité, l’égalité et l’équité, ouverts à toute personne vivant en Europe” explique MdM.

Et d’interpeller aussi les professionnels de santé  “MdM appelle tous les professionnels de santé à fournir des soins à tous les patients, quels que soient leur statut et les barrières légales en vigueur, en accord avec la Déclaration des Droits du Patient de l’Association médicale mondiale“.

Rédaction ActuSoins