Défaillances de l’offre de soins psychiatriques, selon la Cour des comptes

Défaillances de l’offre de soins psychiatriques, selon la Cour des comptes

Le plan “psychiatrie et santé mentale”, lancé en 2005, n’a pas amélioré l’offre de soins psychiatriques, estime la Cour des comptes dans un rapport publié mardi, critiquant notamment le poids toujours excessif de l’hospitalisation complète.

Défaillances de l'offre de soins psychiatriques, selon la Cour des comptes“Les mesures du plan psychiatrie et santé mentale n’ont que partiellement et inégalement été mises en oeuvre“, a souligné Didier Migaud, président de la Cour lors d’une conférence de presse.

Le rapport pointe le “poids excessif de l’hospitalisation complète”, pas toujours adaptée, et “l’insuffisance” des alternatives lors de la prise en charge des patients.

“L’objectif de favoriser les prises en charge extrahospitalières et de désengorger les lits d’hospitalisation complète n’a pas été atteint, malgré quelques progrès”, soulignent ses auteurs.

Favoriser les alternatives à l’hospitalisation complète

Ils suggèrent dans leurs recommandations un redéploiement des moyens de l’hospitalisation complète au profit des alternatives extrahospitalières et de la prévention.

Autre constat: le plan n’a “que modestement amélioré” la prise en charge des détenus souffrant de troubles mentaux et “peu de moyens” ont été consacrés à l’amélioration des soins.

“Le monde pénitentiaire offre comme un concentré de toutes les difficultés rencontrées en psychiatrie”, selon M. Migaud. Le rapport estime que la coordination entre les services médicaux et pénitentiaires est “insuffisante”.

Il critique également “la lente résorption des locaux vétustes” en prison, estimant en revanche que la construction d’unités d’hospitalisation spécialement aménagées (UHSA), bien qu’“onéreuse”, s’avère “nécessaire”.

La Cour dénonce par ailleurs le pilotage “insuffisant” du plan “psychiatrie et santé mentale”: “la répartition, la maîtrise et le suivi des moyens nouveaux en ont été d’autant plus affectés que leur financement était inégal: important en matière de sécurité, difficilement identifiable en matière de créations d’emplois et très insuffisant en recherche”.

Dans ses recommandations, elle préconise d’ailleurs un renforcement de la recherche et la création d’une mission de service public de la psychiatrie.

“Une telle mission et la contractualisation qu’elle implique avec ses principaux acteurs faciliteraient la réorganisation et la hiérarchisation de l’offre de soins”, souligne le rapport.

Le plan “psychiatrie et santé mentale” avait été mis en place en 2005 par Philippe Douste-Blazy, alors ministre de la Santé, à la suite de l’émotion soulevée par le double meurtre d’une infirmière et d’une aide-soignante dans un hôpital psychiatrique à Pau.

Pour aller plus loin :

L’organisation des soins psychiatriques : les effets du plan “Psychiatrie et santé mentale”2005-2010 – Rapport de la cour des Comptes

Rédaction ActuSoins, avec AFP

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