Racisme, bizutage, méchanceté gratuite… Certains témoignages (lire encadré) sont édifiants et ne font que rappeler le mal être de certains étudiants en soins infirmiers (ESI), qui persiste depuis de nombreuses années.
Déjà en 2018, le livre de Raphaëlle Jean-Louis, « Diplôme délivré(e), parole affranchie d’une étudiante infirmière » et celui du Dr Valérie Auslender, « Omerta à l’hôpital : le livre noir des maltraitances faites aux étudiants de santé », avaient fait grand bruit et libéré la parole des étudiants.
Deux ans plus tard, malgré la mise en place en juillet 2019 du Centre national d’appui, chargé de veiller à la qualité de vie des étudiants en santé, des maltraitances persistent parfois… entre pairs ou futurs pairs.
Banalisation de la violence
« En 2017, dans notre enquête, nous révélions que quatre étudiants sur dix avaient subi du harcèlement ou de la maltraitance en stage, et aujourd’hui, ce sont des éléments qui nous sont toujours remontés », regrette Félix Ledoux, président de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi), qui soutient le mouvement.
Et de dénoncer : « Ce qui est surprenant, c’est qu’en première année, tous les formateurs préviennent les élèves que pendant leur formation, ils auront toujours un stage qui va mal se passer. La violence et la maltraitance sont banalisées, acceptées, comme si c’était normal. »
Autre problème : comme aujourd’hui les Ifsi ont des difficultés à obtenir des stages pour leur ESI, « pour garder des places, certains ferment les yeux sur les conditions de stage des élèves », révèle le président de la Fnesi.
Une accusation que dément Michèle Appelshaeuser, vice-présidente du Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec). « Lorsque des éléments se recoupent, nous n’envoyons pas les ESI dans les lieux de stage problématiques, signale-t-elle. Mais il faut que nous en soyons informés pour pouvoir agir avec les directions des soins. La circulation de la parole est très importante. »
Pour le Cefiec, il est impératif de rappeler aux étudiants qu’ils ont des interlocuteurs avec lesquels échanger : les tuteurs ou les formateurs. « Ils leur arrivent d’oublier de les interpeler alors qu’ils peuvent pourtant leur être d’une grande aide, rappelle Michèle Appelshaeuser. Ils ne doivent pas rester seuls face à une situation de mal-être. »
Solutions concrètes
Le Cefiec regrette que le hashtag, « mode de communication très à la mode, ne mette en lumière que les stages qui se passent mal, oubliant tous ceux qui se déroulent bien », poursuit Michèle Appelshaeuser.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Cefiec semble favorable à l’une des propositions de la Fnesi, qui suggère de mettre en place une plateforme nationale d’évaluation systématique des stages. « La notation obligatoire permettrait d’avoir un retour concret sur l’accueil des étudiants en stage, soutient Félix Ledoux. Il faudrait qu’elle repose sur des critères suffisamment neutres pour ainsi concerner l’ensemble des terrains de stage. »
La rendre obligatoire permettrait ainsi d’objectiver les données en ayant les retours à la fois des étudiants satisfaits et des insatisfaits.
Mais le travail ne doit pas s’arrêter-là, car « bien souvent, lorsque les encadrants maltraitent les étudiants, c’est que l’équipe elle-même est en souffrance », rappelle Félix Ledoux.
La Fnesi et le Cefiec s’entendent pour dire que les fonctions tutorales des maîtres de stage doivent être valorisées. « Les soignants doivent être mieux formés au tutorat avec des cours universitaires dédiés sur la pédagogie, la transmission du savoir par les pairs, énonce Félix Ledoux. Il faudrait également un aménagement de leur temps de travail et une revalorisation salariale. »
Et de conclure : « Agir contre cette maltraitance est aussi un enjeu d’attractivité pour le métier et donc de pérennité du système de santé. Car plus il y aura d’hashtags ou de livres dénonçant les situations, moins les jeunes voudront s’orienter dans cette voie. »
Laure Martin
Vu sur les réseaux sociaux
“Stage de S5 : je loupe une prise de sang et l’IDE me dit « en dernière année, tu loupes encore des prises de sang, tu seras une mauvaise IDE, tu es nulle, change de métier » #balancetonstage“
“Stage de S2 : l’IDE et moi arrivons dans une chambre où le patient est décédé. L’IDE me regarde et me dit : tu veux t’entraîner au massage cardiaque parce que de toute façon on ne va pas le ressusciter donc c’est le moment #balancetonstage. PS : ses paroles je les entends toujours“
“La patiente que j’ai en charge décède. J’accompagne deux collègues pour conduire la patiente à la morgue. Ils m’y enferment, lumière éteinte. Ils étaient morts de rire. 15 ans plus tard j’ai toujours froid dans le dos.“
“Quand j’étais en première année, c’était mon 2ème étage, l’équipe s’est « amusée » à me bizuter en m’envoyant faire la toilette d’un patient décédé (ils m’ont juste dit qu’il était sédaté donc peu réactif.“
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