#Balance ton stage : les étudiants en soins infirmiers dénoncent eux-aussi des maltraitances

#Balance ton stage : les étudiants en soins infirmiers dénoncent eux-aussi des maltraitances

Le mouvement a été lancé fin juillet sur Instagram par des étudiants en école de commerce. Il s’est étendu à twitter et très vite, les étudiants en soins infirmiers s’en sont saisis. Ils sont des centaines à dénoncer les mauvais traitements qu’ils subissent pendant leurs stages avec le hashtag "balancetonstage".
#Balance ton stage : les étudiants en soins infirmiers dénoncent eux-aussi des maltraitances
© Shutterstock

Racisme, bizutage, méchanceté gratuite… Certains témoignages (lire encadré) sont édifiants et ne font que rappeler le mal être de certains étudiants en soins infirmiers (ESI), qui persiste depuis de nombreuses années.

Déjà en 2018, le livre de Raphaëlle Jean-Louis, « Diplôme délivré(e), parole affranchie d’une étudiante infirmière » et celui du Dr Valérie Auslender, « Omerta à l’hôpital : le livre noir des maltraitances faites aux étudiants de santé », avaient fait grand bruit et libéré la parole des étudiants.

Deux ans plus tard, malgré la mise en place en juillet 2019 du Centre national d’appui, chargé de veiller à la qualité de vie des étudiants en santé, des maltraitances persistent parfois… entre pairs ou futurs pairs.

Banalisation de la violence

« En 2017, dans notre enquête, nous révélions que quatre étudiants sur dix avaient subi du harcèlement ou de la maltraitance en stage, et aujourd’hui, ce sont des éléments qui nous sont toujours remontés », regrette Félix Ledoux, président de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi), qui soutient le mouvement.

Et de dénoncer : « Ce qui est surprenant, c’est qu’en première année, tous les formateurs préviennent les élèves que pendant leur formation, ils auront toujours un stage qui va mal se passer. La violence et la maltraitance sont banalisées, acceptées, comme si c’était normal. »

Autre problème : comme aujourd’hui les Ifsi ont des difficultés à obtenir des stages pour leur ESI, « pour garder des places, certains ferment les yeux sur les conditions de stage des élèves », révèle le président de la Fnesi.

Une accusation que dément Michèle Appelshaeuser, vice-présidente du Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec). « Lorsque des éléments se recoupent, nous n’envoyons pas les ESI dans les lieux de stage problématiques, signale-t-elle. Mais il faut que nous en soyons informés pour pouvoir agir avec les directions des soins. La circulation de la parole est très importante. »

Pour le Cefiec, il est impératif de rappeler aux étudiants qu’ils ont des interlocuteurs avec lesquels échanger : les tuteurs ou les formateurs. « Ils leur arrivent d’oublier de les interpeler alors qu’ils peuvent pourtant leur être d’une grande aide, rappelle Michèle Appelshaeuser. Ils ne doivent pas rester seuls face à une situation de mal-être. »

Solutions concrètes

Le Cefiec regrette que le hashtag, « mode de communication très à la mode, ne mette en lumière que les stages qui se passent mal, oubliant tous ceux qui se déroulent bien », poursuit Michèle Appelshaeuser.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Cefiec semble favorable à l’une des propositions de la Fnesi, qui suggère de mettre en place une plateforme nationale d’évaluation systématique des stages. « La notation obligatoire permettrait d’avoir un retour concret sur l’accueil des étudiants en stage, soutient Félix Ledoux. Il faudrait qu’elle repose sur des critères suffisamment neutres pour ainsi concerner l’ensemble des terrains de stage. »

La rendre obligatoire permettrait ainsi d’objectiver les données en ayant les retours à la fois des étudiants satisfaits et des insatisfaits.

Mais le travail ne doit pas s’arrêter-là, car « bien souvent, lorsque les encadrants maltraitent les étudiants, c’est que l’équipe elle-même est en souffrance », rappelle Félix Ledoux.

La Fnesi et le Cefiec s’entendent pour dire que les fonctions tutorales des maîtres de stage doivent être valorisées. « Les soignants doivent être mieux formés au tutorat avec des cours universitaires dédiés sur la pédagogie, la transmission du savoir par les pairs, énonce Félix Ledoux. Il faudrait également un aménagement de leur temps de travail et une revalorisation salariale. »

Et de conclure : « Agir contre cette maltraitance est aussi un enjeu d’attractivité pour le métier et donc de pérennité du système de santé. Car plus il y aura d’hashtags ou de livres dénonçant les situations, moins les jeunes voudront s’orienter dans cette voie. »

Laure Martin

Vu sur les réseaux sociaux

Stage de S5 : je loupe une prise de sang et l’IDE me dit « en dernière année, tu loupes encore des prises de sang, tu seras une mauvaise IDE, tu es nulle, change de métier » #balancetonstage

Stage de S2 : l’IDE et moi arrivons dans une chambre où le patient est décédé. L’IDE me regarde et me dit : tu veux t’entraîner au massage cardiaque parce que de toute façon on ne va pas le ressusciter donc c’est le moment #balancetonstage. PS : ses paroles je les entends toujours

La patiente que j’ai en charge décède. J’accompagne deux collègues pour conduire la patiente à la morgue. Ils m’y enferment, lumière éteinte. Ils étaient morts de rire. 15 ans plus tard j’ai toujours froid dans le dos.

Quand j’étais en première année, c’était mon 2ème étage, l’équipe s’est « amusée » à me bizuter en m’envoyant faire la toilette d’un patient décédé (ils m’ont juste dit qu’il était sédaté donc peu réactif.

 

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8 réactions

  1. J’ai eu mon DE en 1993, j’avais 25 ans. Mon mémoire de fin de 1è année reposait sur “la souffrance de l’élève-infirmière” (on ne disait pas encore Etudiant…). J’ai obtenu tout juste la moyenne faute de soutien de la part de ma “monitrice” et surtout du correcteur extérieur, un personnel du centre de formation pour adultes le GRETA. Incroyable !! Il semblerait que mes observations étaient infondées…Compliqué il y a plus de 30 ans de parler d’un sujet tabou qui ne finira par éclater que récemment seulement ! Je suis d’un tempérament ouvert, curieux et pourtant, j’ai déjà rencontré, parfois à titre personnel mais surtout à travers mes camarades de promotion, de la malveillance de la part des soignantes et même des cadres. L’IFSI a préféré fermer les yeux. Je passais pour une rebelle…

    C’est avec regret que je constate que la méchanceté, l’indifférence existent encore aujourd’hui. Ma propre fille, ESI en 3è année, a connu cela dans deux terrains de stage. Elle prend sur elle car elle ne trouve pas de soutien à l’école qui banalise ces situations.
    Courage à vous tous chers étudiants et osez prendre la parole, battez-vous pour faire changer les mentalités. Vous finirez par gagner.
    Et vous, enseignants psychorigides ou indifférents, faites preuve d’empathie. On pourrait s’interroger sur vos motivations à enseigner…confort des horaires de travail ou passion de transmettre un savoir ?

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  2. Bonjour
    Je suis ASD mais il m’est arrivé d’encadrer les futures aides soignantes de l’hôpital ; une le matin et l’autre l’après midi parfois les 2 en même temps (les autres soignantes refusant d’encadrer)…J’ai appris beaucoup de choses notamment sur les nouvelles pratiques. C’est qu’en 25 ans ça bouge ! de nouvelles connaissances, de nouvelles façons de faire. Ensemble nous avons réfléchi à des prises en charge avec difficultés de soins car beaucoup de paramètres à considérer et rester dans les clous avec l’hygiène et le respect de la personne mais aussi la collaboration et les rôles délégués avec l’IDE.
    Cet échange d’égal à égal a été beaucoup dénigré voir moqué par l’équipe soignante mais nous l’avons trouvé formidable. Les futures ASD ont été “boostées” et après coup la Cadre a apprécié ma démarche suite aux rapports laissés en fin de stage à l’IFAS.
    Les élèves peuvent choisir leur lieu de stage alors autant recevoir ceux qui ont désiré ce service plutôt qu’un autre car lorsque le stage est imposé la motivation en prend un coup.

    J’observe aussi beaucoup les étudiants IDE pas facile surtout pour les changements de carrière. Il est difficile pour une IDE d’avoir une étudiante qui ne connaît pas du tout le métier et qui pose des questions simples comme l’utilisation d’un thermomètre…Je comprends cette impatience mais c’est le jeu si je puis dire. Il y a des étudiants plus avancés que d’autres et la plateforme “parcours sup” a supprimé le choix “par ses pairs”. Je vois cela comme une opportunité de réflexion d’évolution où le soins s’ouvre sur l’extérieur avec des attentes différentes. Dans chaque équipe il y a toujours une oreille plus attentive à vous de la dénicher ! Une ou un soignant qui peut expliquer les choses et vous aider à votre intégration (briser la glace).

    Mais régulièrement ça se passe mal
    En effet il est facile de faire taire les victimes afin que les persécuteurs continuent à se régaler. En 25 ans de soins la situation semble toujours la même mais plus instable encore. Il est regrettable que les équipes soignantes ne soient pas gérées au niveau relationnel, Apprendre à travailler en équipe par exemple pas de clans entre les soignants ni avec les ASH ou même les Kinés qui voient aussi des choses mais se taisent, c’est vraiment déplorable !
    Franchement ambiance plus pourrie que dans la grande distribution
    L hôpital est un lieu où l’on doit être bienveillant…cherchez l’erreur
    Il serait temps de jeter la pavé dans la mare et de sélectionner des profils soignants ayant des qualités relationnelles indéniables…Plutôt que de virer les victimes !
    Il y a beaucoup de travail c’est sûr mais je trouve dommage d’évincer les profils “sensibles” car cette sensibilité est importante dans le soin le fameux “ressenti”
    Je souhaite beaucoup de courage aux étudiants, il y a toujours une place quelque part, suffit de la trouver. Multipliez les expériences par l’intérim par exemple et il y a un moment où ça va” matcher”, Haut les cœurs c’est un beau métier, tourné vers l’humain on en a tant besoin

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  3. Oui, quand des directrices d’IFSI s’y mettent aussi c’est dur de rester motiver …
    pourquoi démotiver des jeunes qui souhaitent faire ce métier ?
    Est ce la frustration de toutes ces années de non reconnaissance ?? Les jeunes et futurs infirmièr(es) ni sont pour rien ??

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  4. Bonjour,
    Je m appelle Sandrine, j ai 47 ans , ancienne banquière pendant 21 ans et j ai tout quitté pour exercer ma vocation, ma passion, mon rêve de petite fille « être infirmière »….
    En reconversion professionnelle et en 3eme d études d infirmière à l IFSI de Corbeil, j’effectue mon dernier stage pré professionnel à l Hôpital du Sud Francilien en Médecine Physique et ré adaptation rééducation fonctionnelle (MPR), stage de 8 semaines ( mais réellement 5 semaines car les bilans de stage sont à rendre le 22/06…la fin du stage étant le 10/07… déjà là une aberration !!). Ma 1ere semaine a bien commencé et depuis le départ de ma cadre de service, le calvaire a commencé… De l irrespect de la part de qq IDE, AS, de la maltraitance verbale innommable qui aujourd’hui me mettent en arrêt pour dépression sévère.. tout est sujet à reproche car je suis en 3eme année… je dois tout connaître pour elles, pression psychologique, morale, irrespect verbal… et cela peu importe mon parcours de stage au cours de ces 3 années, personne ne cherche à comprendre …. Des questions me sont posées et je me fais détruire verbalement sans avoir le temps de répondre… ce stage m a été imposé par l ifsi de Corbeil car ils sont en manque d effectif et mon stage pré professionnel que je dois initialement trouver et qui m a été refusé par l IFSI pour un motif bidon, juste pour combler le manque de personnel de l hôpital du sud francilien car nous sommes gracieusement payés 60€ brut par semaine pour remplacer des IDE manquantes. Je suis à bout, je dois valider mon stage … je pense à tout abandonner si près du but… POURQUOI AGIR AINSI ?!!!
    Nous sommes là pour apprendre et non subir de la maltraitance au quotidien… certains étudiants de ma promotion ont fait des IVM … c est impardonnable et tout doit être dénoncé SVP .. pour nos futurs étudiants…

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  5. Ca fait18 ans que je suis diplômée IDE et moi aussi ,j’ai été maltraitée en stage.
    Mais nous le sommes aussi, par nos cadres toute notre carrière…mine de rien, des réflexions sur le savoir être ,alors que j’ai souvent plus de 10 ans de plus que mes harceleuses. J’ai été diplômée à 40 ans et je suis sortie major de promo!!!!

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