Pour remplacer un soignant absent de manière inopinée, on peut faire intervenir un membre du « pool », recourir à l’intérim ou bien contacter un par un des collègues du service ou de l’établissement.
On peut aussi publier le poste vacant sur une appli dédiée. Deux occupent le marché depuis plusieurs années, Whoog et Medgo, qui ont fusionné en juin 2020.
Prisées d’abord par les soignants les plus jeunes, ces applis ont été adoptées par tous ceux qui souhaitent travailler davantage. Elles sont utilisées pour des remplacements en interne, dans le même établissement, ou à l’externe, comme cela a été le cas notamment pendant la crise du Covid.
Là où travaille Hélène, infirmière en pneumologie, la cadre propose aux soignants de s’y inscrire quand elle considère qu’ils sont en capacité d’aller prêter main forte dans d’autres services. « Mais on peut refuser, et ce n’est pas mal vu car ce n’est pas obligatoire », précise-t-elle.
Course de vitesse
« Lorsqu’on s’inscrit, on indique dans quel service on peut remplacer », explique Céline, infirmière en réanimation.
Dans l’hôpital où elle travaille, cette précision doit être validée par la cadre du service mais ce n’est pas une obligation. Ensuite, les soignants reçoivent les notifications de missions correspondant à leur profil.
A condition d’avoir indiqué qu’ils sont disponibles. Finis les appels lorsque les soignants sont en repos : un confort très apprécié des utilisateurs ! Et puis « on culpabilise moins de répondre sur un téléphone qu’on ne peut pas », remarque Céline.
La première personne qui accepte la mission l’obtient. « Parfois, il faut vraiment avoir le nez sur son téléphone car certaines sont pourvues en deux minutes », ajoute Céline.
Les missions proposées par certains services, où les prises en charges sont plus lourdes ou qui connaissent des difficultés spécifiques, sont cependant moins prisées que d’autres et restent disponibles plus longtemps que d’autres…
Mais « certaines personnes sont très volontaires pour faire des heures supplémentaires », observe aussi Hélène.
Heures supplémentaires
Il faut dire qu’« on est désormais payé en heures supplémentaires à chaque fois, ce qui n’était pas le cas avant », précise Céline.
Dans son établissement, la valorisation des heures supplémentaires effectuées via l’appli a baissé par rapport à l’ancien système des appels individuels, mais reste significative.
Les missions de 12 heures de nuit, qui bénéficient d’une valorisation supplémentaire, sont d’autant plus intéressantes. « J’essaie d’en faire une par mois », indique l’infirmière de réa.
Idem pour Hélène.
Si elles en acceptaient davantage, elles dépasseraient la durée de travail maximale hebdomadaire. A leur connaissance, la gestion de ce paramètre n’est pas proposée par l’appli. Un écueil maintes fois dénoncé par les syndicats d’agents hospitaliers : les dépassements, illégaux mais surtout générateurs d’une fatigue génératrice de risques, sont peu contrôlés en amont.
Pour les cadres de santé, ces applis offrent un gain de temps considérable et apprécié : plus la peine de contacter des soignants un par un, à la dernière minute, de déranger certains pendant leur repos. Mais la qualité du « recrutement » peut pâtir du dispositif.
Recrutement moins ciblé
Jean-Marc, cadre de santé, déplore le fait que les soignants qui acceptent des missions sur leur smartphone n’ont pas toujours les compétences ou l’expérience nécessaires pour remplir la mission demandée sur le poste vacant.
« Une infirmière diplômée depuis deux ans est arrivée un jour dans notre service, raconte-t-il, en disant “je suis en renfort, c’est bien car comme je ne connais pas trop cette prise en charge, vous allez pouvoir me montrer”. Mais ce n’est pas un stage ! Moi j’ai besoin de gens qui connaissent le travail. En particulier la nuit. »
Avec ces applis, contrairement à l’intérim, il n’y a pas de « garde-fou ». Les cadres n’ont pas la possibilité de refuser un soignant qui aurait obtenu une mission via l’application. A l’inverse, « si j’ai reçu une infirmière compétente un jour dans le service, je ne peux pas la rappeler en cas de besoin », regrette Jean-Marc.
Là où elle travaille, Hélène a constaté peu de problèmes d’adéquation entre les compétences des soignants venant par l’appli et les besoins sur les postes concernés : peu de soignants de services de médecine se retrouvent en chirurgie et inversement.
Mais, observe-t-elle, les remplacements de dernière minute sont gérés en interne par certains services comme le sien, la pneumologie, ou les urgences, ce qui limite ce type de problème.
Autre écueil souligné par Jean-Marc : ces applis n’offrent pas non plus la possibilité de répartir les heures supplémentaires de manière équitable entre les soignants. Avec le principe du « premier arrivé premier servi », certains qui peuvent en avoir particulièrement besoin ne sont pas forcément assez rapides pour accepter des offres.
Géraldine Langlois
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