Les violences sexuelles et sexistes dans le collimateur des Hospices civils de Lyon

Les Hospices civils de Lyon (HCL) ont lancé, fin novembre, en interne, une campagne de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Loïc Delastre, Directeur général adjoint, explique cette politique d’établissement.

© Motortion Films / ShutterStock

Pourquoi avoir lancé cette politique de lutte contre les violences sexistes et sexuelles ?

Les HCL représentent un ensemble hospitalier de grande taille. Le vécu sociétal interne est donc à l’image de ce qui se vit dans la société.

Même si les faits sont difficiles à mesurer, nous pensons être confrontés à une augmentation des violences sexistes et sexuelles, sous des formes variées, et encore plus à l’heure des réseaux sociaux.

Le déploiement de notre politique répond à des signalements de professionnels de la médecine du travail et de psychologues du travail, qui ont fait ce constat et qui ont d’ailleurs accompagné la mise en œuvre de notre démarche.

Cette hausse est peut-être liée à une plus grande facilité de signalement. Aujourd’hui, nous observons une sensibilité plus forte – et c’est une bonne chose – concernant ces problématiques.

C’est le cas par exemple pour les professions médicales, qui affichent moins de difficultés à évoquer et dénoncer ces violences.

Certaines personnes sont d’ailleurs davantage identifiées comme étant fragiles, notamment celles qui, dans une organisation humaine complexe tel qu’un hôpital, sont sous la responsabilité d’autres : les internes, les nouveaux arrivants.

Bien entendu, ce type de comportements ne se cantonnent pas à eux, mais nous pensons qu’il faut leur offrir une attention particulière. Pour tous, nous déployons donc une stratégie de prévention et des actions concrètes, car cela relève de notre responsabilité sociétale.  

Une campagne de communication a été élaborée avec des affiches. © HCL.

Dans ce cadre, vous avez donc élaboré un guide…

Tout à fait. Ce guide a pour objectif de catégoriser les différents types de violences sexuelles et sexistes, pour n’en banaliser aucune.

Tout d’abord le sexisme faussement bienveillant, avec par exemple des appellations paternalistes du type ″ma belle″ ou ″ma jolie″, ce qui est assez courant.

Le sexisme masqué, avec des remarques et des blagues sexistes sous couvert de l’humour. Le sexisme hostile consiste quant à lui en la tenue de propos dégradants, dénigrants, dans une logique injurieuse, du type ″tu devrais aller à la salle de sport pour ressembler à un vrai homme″ ou encore ″tu pourrais dire à ton mari de t’acheter des jupes″.

Viennent ensuite le harcèlement sexuel, l’agression sexuelle et le viol, avec des définitions et des catégorisations juridiques très claires.

Dans ce guide, diffusé sur notre intranet à tous les personnels des HCL, nous rappelons également le cadre pénal et civil qui s’applique en cas de violences, ainsi que les condamnations associées.

En parallèle, quels axes d’actions déployez-vous ?

Nous avons identifié trois axes principaux. Le premier concerne le fait d’écouter, de tenir informé et d’orienter les victimes ou témoins de violences en structurant un réseau de personnes, membres d’une cellule d’écoute, qu’ils peuvent solliciter pour parler ou signaler des agissements.

Nous sommes dans une logique de structuration de ces cellules avec des personnes formées. Ce sont des volontaires qui travaillent principalement à la médecine du travail ou aux ressources humaines.

Le deuxième axe se concentre sur la protection, l’analyse et l’enquête. Dès lors que la victime souhaite aller plus loin, nous avons défini la démarche, à savoir l’information de l’employeur et l’action mis en œuvre.

Mais certaines victimes refusent de porter plainte. D’où la nécessité d’organiser des temps d’échange avec la cellule d’écoute.

Enfin, le troisième axe se concentre tout d’abord sur la sanction, avec la volonté pour l’établissement d’appliquer une tolérance zéro dès lors que des faits sont avérés. En cas d’infraction pénale, nous prévoyons un signalement au procureur.

Puis sur l’accompagnement et le suivi de la victime, qui peut durer dans le temps, si elle le souhaite bien entendu, avec l’appui des psychologues du Bureau des conditions de travail.

Comment communiquez-vous sur cette politique ?

Une campagne de communication a été élaborée avec des affiches, afin de faire monter le niveau de conscience des personnels.

Nous travaillons aussi sur un quizz accessible via une application, pour tester les connaissances.

Nous donnons également accès à des vidéos que nous avons tournées avec des acteurs mettant en scène des situations notamment de sexisme faussement bienveillant, dans un environnement hospitalier, comme dans un vestiaire ou lors d’une réunion.

Nous prévoyons d’évaluer nos actions afin de les faire évoluer si nécessaire dans une logique de démarche durable.

Propos recueillis par Laure Martin

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