Entrée en IFSI via ParcourSup : un think tank souhaite « rétablir la vérité »

Dans une analyse* diffusée sur son site, le Laboratoire d’idées Santé Autonomie (LISA) fait le point sur la réforme de l'accès aux études infirmières. L’idée : « rétablir la vérité » sur la sélection effectuée via ParcourSup, sur la typologie des candidats, mais aussi sur leurs motivations, trop souvent critiquées.  

Entrée en IFSI via ParcourSup : un think tank souhaite rétablir la vérité

© ESB Professional / ShutterStock

La réforme de l’accès en IFSI – suppression du concours, sélection via la plateforme ParcourSup – en place depuis 2019, est souvent accusée de tous les maux aujourd’hui : baisse de niveau, abandons précoces en cours d’études, comportements inadaptés des nouvelles recrues…

Pourtant, l’analyse n’est pas si simple, pointe le LISA. « Peu importent les faits quand on veut critiquer une réforme et… masquer les vrais sujets. C’est la faute de Parcoursup… C’est si facile, et c’est populaire », ironise le laboratoire.

Pour le LISA, ces constats ne sont pas basés sur des données probantes. Le laboratoire tient d’ailleurs à déconstruire les idées reçues, notamment lorsque les critiques concernent la typologie et le niveau des candidats « Depuis l’insertion sur Parcoursup, la typologie des candidats, par rapport aux filières de baccalauréat, est remarquablement stable (y compris par rapport à la dernière année du concours) : autour de 40% pour la filière générale comme pour la filière technologique, et autour de 20% pour les candidats titulaires d’un baccalauréat professionnel. Autrement dit, le recrutement via Parcoursup n’a pas déformé la composition des promotions et, disons-le, il s’agissait là d’un objectif politique : maintenir la diversité scolaire et sociale de cette filière. »

"Concomittance ne veut pas dire causalité"

Quant aux abandons en cours de formation attribués à la hâte à la nouvelle sélection,  il n’existe pas vraiment de statistiques, explique le LISA. Mais « admettons que les abandons soient plus nombreux : concomittance ne veut pas dire causalité, surtout dans un contexte marqué par la crise Covid-19, qui a touché de plein fouet les premières promotions Parcoursup (entrées en formation en 2019 et 2020). », indique le LISA.

Les conséquences ont été encore plus marquantes pour les étudiants en soins infirmiers que pour les autres formations, ajoute le laboratoire, « compte tenu de la configuration du réseau d’instituts (atomisés) et de l’intérêt de cette ‘’main d’œuvre’’ pour un système de santé en situation de très forte tension : conditions d’études et de stages dégradées, mobilisation/réquisition au détriment des temps d’études, difficultés de la continuité pédagogique (et de l’implantation du numérique), confrontation directe à des situations dramatiques dans le contexte de l’hôpital ou des maisons de retraite. »

Le LISA explique qu’il est «  plus facile » de s’en prendre au totem Parcoursup que de remettre en cause « la qualité des stages », « la difficulté des tuteurs sur le terrain », « l’absence de reconnaissance de leur rôle, » « le modèle même de construction de cette formation qui confronte volontairement et précocement les néo-soignants à la souffrance et à la mort.»

​« Dénoncer Parcoursup, c’est critiquer une machine que l’on veut croire lointaine et déshumanisée, s’en prendre aux fameux algorithmes qui auraient remplacé le bon vieux temps de la préparation et du concours, mis fin à la saine construction de la vocation au profit des clics aléatoires sur la plateforme et substitué au sacro-saint entretien oral (aux performances incertaines) la froide analyse des dossiers sur Internet », ajoute-t-il.

Une réforme portée par les organisations, y compris étudiantes

Il faut dire que cette réforme a été portée par les organisations infirmières ainsi que par la FNESI (Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières).

« Les concours infirmiers étaient dispersés sur l’ensemble des instituts : plus de 320. Les postulants étaient donc invités à faire un « Tour de France » des instituts, épuisant et coûteux, et bien sûr dissuasif pour les plus modestes. Un système de préparation était solidement implanté, avec des officines privées et les instituts de formation publics eux-mêmes, qui avaient développé des recettes accessoires sur ce champ, …déontologiquement douteux », rappelle le LISA qui indique que ces préparations concernaient un tiers des postulants.

Mais le plus problématique, selon le laboratoire, était que « ce système atomisé et non consolidé laissait, par construction, un volume de places vacantes important. Le corollaire était un niveau de recrutement très bas dans certains territoires. Un concours pour rien en somme. »

Pour le LISA, les résultats attendus, tant en termes d’attractivité qu’en termes de places à affecter, sont d’ailleurs bien au rendez-vous. Plus de 100.000 personnes confirment chaque année au moins un vœu en IFSI pour 25.000 places indique-t-il.

« Il faut quand même que le malaise au sein de la profession soit très profond pour que l’on ne se réjouisse pas au premier chef de ce fait indubitable : la profession attire, les jeunes sont en quête d’un métier qui ait du sens. Ils ne viennent pas là par hasard, par la facilité des vœux sur Parcoursup. Discours un peu méprisant. C’est bien mal considérer les jeunes que de le penser. »

Rédaction ActuSoins

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*Le texte, élaboré par LISA, a reçu le soutien de l’Association nationale des directeurs d’écoles paramédicales (ANDEP), du Comité d’entente des formations infirmières et cadres (CEFIEC) et de la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (FNESI).

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Réactions

3 réponses pour “Entrée en IFSI via ParcourSup : un think tank souhaite « rétablir la vérité »”

  1. CeB dit :

    Article scandaleux, c’est sûr !
    S’en tenir à des chiffres sans analyser le fond c’est trop simple.
    Infirmière, j’ai autour de moi des ESI motivés et au niveau (bac médico-social avec 12/13 de moyenne) qui via Parcours Sup’ ont attendu tout l’été pour se voir enfin attribuer une place à l’autre bout de la France, ça c’est plus économique, moins stressant et certainement plus juste que de passer des concours d’entrée IFSI.
    À côté de ça, des collègues enseignants à l’ifsi proche de chez moi se retrouvent avec certains ESI qui n’y ont rien à y faire et soit abandonnent soit passent entre les mailles et vont faire des professionnels déplorables ( cher rédacteur de cet article je vous souhaite de ne pas tomber sur eux!).
    Ce système est un véritable écueil pour notre profession, nos jeunes motivés et certains parents à la bourse moins remplie : hébergement , transport, déménagement, et j’en passe sur le coût d’un étudiant a distance !

  2. Leilou dit :

    Beaucoup de branlouse pour remettre la cause sur le terrain
    Donnez nous des moyens, du temps et par pitié, dégagez les touristes de la formation à qui vous vendez du rêve !!! Certains attendent tout sans rien donner :
    J’encadre avec plaisir mais quand je propose un soin technique et qu’on fait comme si j’existais pas, quand je demande un petit travail et qu’on ne me le fait pas ou qu’on me le rend sur un torchon gardé dans la poche… bref, ça en dit long sur la considération du métier et du respect pour les futurs collègues et les patients… on attend autre chose, c’est une formation ADULTE PROFESSIONNELLE, pas un « tue le temps mort » de leur vie.
    On n’est plus en primaire, on attend un certain positionnement et on est prêt à aider pour ça mais pas non plus à tout se taper. Je vous rappelle qu’on a été ESI nous aussi et qu’on est tous tombé sur des cons mais y a pas que des cons y a aussi des personnes avec un certain degré d’exigence en corrélation avec ce qui est attendu et c’est pas la crèche… Les IFSI se déchargent sur nous, trop d’ESI également. Après y a des perles heureusement mais le besoin de professionnels ne doit pas pousser à embaucher n’importe qui, déjà qu’on sent bien que ce DE perd en valeur compte tenu de la nécessité… quand on voit certains diplômés qu’on se coltine en collègues ça me rend verte de rage

  3. DeVal dit :

    Un article scandaleux quand on sait à quel point des ASH/AS détenteurs du bac se voient refuser l’accès aux IFSI à cause des défaillances qui ont été actés par des avocats devant les juridictions, suffit de quelques cliques sur internet.

    Un retour au concours avec analyse des expériences professionnelles dans le soin/secteur social etc est indispensable.

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