Au CHU de Nîmes, une micro-forêt aux macro effets

Pour atténuer l'impact du changement climatique, une micro-forêt a été créée au CHU de Nîmes, parmi d'autres ailleurs dans la métropole de Nîmes. Des soignants du pôle psychiatrie et des membres du personnel ont mis la main à la pâte. Une opération éco-responsable montée en partenariat avec la Métropole, à laquelle des patients aussi participaient.

Au CHU de Nîmes, une micro-forêt aux macro effets

© CHU de Nîmes

Planter une forêt sur un espace d’à peine 100 m2, ça peut sembler très petit. Cela revient à mettre en terre pas moins de 400 arbres, arbustes, plantes vivaces et aromatiques pour créer une forêt 30 fois plus dense, beaucoup plus riche en biodiversité qu’une plantation classique, et qui pousse aussi 10 fois plus vite.

Ce mini écosystème forestier s'inspire d'une méthode développée dans les années 70 par un botaniste japonais (Akira Miyawaki). Elle va créer une réserve de biodiversité et améliorer, entre autre, la qualité de l’air. Sur ce chantier, 70 professionnels du CHU de Nîmes, volontaires, se sont retroussé les manches, dont une douzaine de soignants et neuf patients, adultes et enfants, du service de psychiatrie polyvalente.

« Ce projet éco-responsable, concret, était l'occasion de travailler à l'extérieur, sortir du cadre » annonce Emilie Montero, cadre du secteur de soins intensifs de psychiatrie. De redimensionner la relation soignant-soigné dans un contexte plus convivial, détendu et générant un sentiment de bien-être. L'infirmière, référente du projet, s'en occupe avec le secteur 'psychiatrie polyvalente' et pilote de cette opération. « Après une grosse période de crise sanitaire, le moment se prêtait parfaitement à la mise en place d'un projet hors les murs. » Pour se ressourcer, s'aérer. « Nous avons été associés à son élaboration, chacun a pu défendre sa propre logique et  participer aux décisions » précise-t-elle aussi.

Les soignants ont été sollicités entre autres sur le choix des essences en collaboration avec les jardiniers du CHU. Emilie Montero, par exemple, aurait bien conseillé des fruitiers pour pouvoir proposer des cueillettes aux patients. L’objectif étant de restaurer la biodiversité, les fruitiers n'ont pas été retenus. Mais plutôt un mélange d'essences méditerranéennes locales de différentes tailles - arbousier, cornouiller, laurier sauce, aubépine, érable de Montpellier, bruyère, mûrier blanc, romarin, sauge, ciste...

Sur les deux jours de plantation, huit ateliers participatifs ont été proposés aux personnels hospitaliers, médicaux, administratifs et techniques inscrits. Avec 12 places par atelier et l'association ''Soignons la terre, soignons les hommes'' pour sensibiliser.

Atelier thérapeutique

Des patients, jeunes et adultes, y participaient par groupe de 3 ou 4. Plutôt de secteur ouvert, suffisamment stables, à un moment opportun quant à l'aspect thérapeutique. « Ils ont contribué à préparer le terrain, planté les premiers arbres, arbustes, plantes et aromatiques », relate la cadre. Avec une dizaine de soignants volontaires accompagnants. « En s'extrayant du  quotidien - le service, le bureau du médecin, la chambre – on proposait un moment particulier, de calme », ajoute-t-elle. Aux soignants, et aux patients. Leur pathologie étant souvent chronique avec des hospitalisations successives, venir régulièrement sur le site de la micro forêt leur permet de voir évoluer les plantations en même temps que leur propre situation. « Ca aussi c'est utile et concret. » De même qu'avoir les repères temporels des saisons.

La  micro forêt elle, deviendra foisonnante et autonome dans trois ans. D'ici là son entretien va rester le travail de tous.« C'est un thème pour nos ateliers d'animation thérapeutique qui vont s'organiser sous forme de petites sorties ; toucher la terre aussi c'est particulier », indique l’infirmière.

Les soignants n'ont pas encore le recul suffisant quant aux effets sur les patients, ou sur l'éventuelle réduction des médications. Le lieu se prête déjà à des entretiens d'aide privilégiés avec la personne soignée qui peut se poser, elle aussi, dans ce cadre inhabituel et calme.  « C’est une alliance que l’on a faite, soignants et patients, avec la nature », indique t-elle. Une alliance qui pourrait s'ouvrir à d'autres services du centre hospitalier, la micro forêt en devenir étant accessible à tous. Cet hôpital est engagé dans une démarche écoresponsable à tous niveaux depuis plus de dix ans.

Myriem Lahidely

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La répartition dense de 28 espèces locales va permettre de créer différents écosystèmes avec une biodiversité très riche telle que champignons, insectes, oiseaux, petits mammifères... « Tous les végétaux ne survivront pas mais ils vont produire du compost pour nourrir les autres et booster leur croissance », indique Laurent Rey, TSH environnement et développement durable, référent du projet pour l'hôpital de Nîmes. « Ces micro forêts, capables d'absorber et de stocker 2 tonnes de CO2 par an, aident à atténuer le changement climatique. » Elles permettent de créer des îlots de fraîcheur dans un rayon de 100 m alentour.

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