Les infirmiers vaccinés et engagés

L’Ordre national des infirmiers (Oni) a organisé le 7 janvier sa dixième Matinale. Elle portait, cette fois, sur les perspectives pour les infirmiers dans le domaine de la vaccination. Formation, extension des compétences : les demandes sont nombreuses.

retransmission de la matinale de l'ONI ordre national des infirmiers

capture d'écran de la retransmission de la matinale de l'ONI, en ligne sur la page Facebook de l'Ordre.

« Ce sujet de la vaccination est prioritaire pour les infirmiers (Ide) comme nous l’avons constaté lors de la grande consultation menée en 2019 par l’Oni, a rappelé Patrick Chamboredon, le président de l’Ordre. Ce sujet est très important pour la santé publique, la bientraitance et la vie en bonne santé de nos aînés. »

Pour en savoir plus sur la perception des infirmiers et démontrer leur implication dans la vaccination, une enquête a été menée en 2019 par l’Ordre et "Tous pour la santé", auprès des adhérents de l’Oni. Ils sont 5586 à avoir répondu. Elle révèle que la perception autour de la vaccination évolue en fonction du mode d’exercice des infirmiers. Les infirmiers exerçant en milieu scolaire ou en crèche ont à 91 % une opinion favorable sur la vaccination. Ils sont 89 % pour les services de santé au travail et 85 % pour les hospitaliers.

Le respect de la déontologie

La population infirmière est par ailleurs elle-même bien vaccinée : + de 96 % des infirmiers le sont contre le DTP, 94 % contre l’hépatite B (vaccinations obligatoires pour les IDE et IDEL, ndlr) ou encore 93 % contre le BCG. Mais un gradient est observé avec l’âge puisque les plus jeunes infirmières sont mieux vaccinées.

Concernant la vaccination contre la grippe, à l’hiver 2018/2019, près de 50 % des Ide ont été vaccinées et 9 % ont déclaré vouloir le faire. La couverture vaccinale dépend cependant du sexe, les hommes infirmiers étant mieux couverts (59 %) que les femmes (48 %). Dans ce cas précis, les infirmiers plus âgés étaient davantage vaccinés.

Trois raisons principales sont évoquées par les Ide pour justifier leur vaccination anti-grippale : 82 % mentionnent un souhait de protection personnelle, 82 % une volonté de protéger les patients – la manifestation d’un sens des responsabilités vis-à-vis des personnes âgées et des patients chroniques – et enfin, une volonté de protéger l’entourage.

Ceux qui ne souhaitent pas se vacciner le justifient par l’utilisation de méthodes alternatives comme l’homéopathie (48 %). Ils estiment également ne pas faire partie des populations concernées par les recommandations (24%) ou font état de la crainte qu’une vaccination chaque année ne soit pas bonne pour eux (23 %).

« Je suis contente de ces résultats, de voir que les choses évoluent dans le bon sens pour la profession infirmière, a fait savoir Elisabeth Bouvet, professeur de médecine, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales, présidente de la Commission technique des vaccinations (CTV) de la Haute autorité de santé (HAS). Cette poche de résistance qu’on croyait voir dans cette profession vis-à-vis de la vaccination grippale semble se fracturer un peu. » Et d’ajouter : « Il est essentiel que les professionnels qui s’occupent des personnes âgées soient dénués de maladies et soient protégés d’autant que les personnes âgées se vaccinent moins. Cela relève de la déontologie. Les infirmières ont ce sens de la responsabilité vis-à-vis des patients. »

Une formation complémentaire

L’enquête fait savoir par ailleurs que les Ide qui détiennent une formation continue ou qui ont bénéficié d’une formation sur leur lieu de travail, se sentent plus à l’aise pour répondre aux questions des patients et font également preuve d’une meilleure couverture vaccinale. «  La formation initiale pourrait peut-être évoluer pour combattre l’hésitation vaccinale en y apportant une réponse scientifique », a suggéré Patrick Chamboredon. « Ce besoin ressenti est pour moi très positif, a soutenu Sereine Mauborgne, infirmière libérale, députée du Var. La question des compétences est fondamentale si l’on veut être en capacité de répondre aux interrogations des patients. Je pense que de parler avec ses patients et les rassurer en étant soi-même vacciné est la preuve qu’il n’y a pas de danger. »

Pour une extension des compétences

Enfin, l’enquête rapporte que 87 % des Ide sont favorables à une extension des compétences en matière de vaccination. 77 % voudraient que les Ide puissent renouveler les vaccins et 55 % voudraient effectuer la primo-vaccination contre la grippe à tous les adultes.

La CTV de la HAS devrait d’ailleurs se prononcer prochainement sur l’élargissement des compétences des infirmiers et des pharmaciens dans le domaine des vaccinations. Elle devrait aussi le faire sur l’obligation vaccinale des professionnels de santé. « Dans la prochaine certification des établissements de santé, la couverture vaccinale des soignants contre la grippe sera prise en compte dans les critères de qualité des établissements de santé », a indiqué Elisabeth Bouvet.

Laure Martin

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