Premier colloque de l’association Facteurs Humains en Santé : améliorer la qualité et la sécurité des soins.

Le 25 octobre 2019, le groupe Facteurs Humains en Santé organisait son premier colloque à Paris avec le soutien de la Région Ile-de-France et de la SHAM. ActuSoins a assisté aux débats.

©iStock/VILevi

Plus de 270 personnes ont répondu présent ce vendredi 25 octobre dans l’amphithéâtre Simone Veil du Conseil Régional d’Ile-de-France à Paris à l’invitation de Facteurs Humains en Santé. L’association créée début 2019 organisait son premier colloque consacré à la fiabilisation des pratiques médicales et paramédicales.

Durant toute une matinée, soignants (médecins, chirurgiens, personnels infirmiers, sages-femmes), administrateurs et organisateurs du soin, sociologues, experts en facteurs humains ainsi que des professionnels d’industries à risque - en particulier issus de l’aviation et du nucléaire - ont échangé afin de réfléchir sur cette importante question de la sécurité du soin et la place de l’humain dans le dispositif de soin.

Car, comme l’a rappelé en préambule François Jaulin, anesthésiste-réanimateur et président de Facteurs Humains en Santé : « Nous sommes là pour sauver des dizaines de milliers de vies. Notre objectif principal est d’améliorer la qualité et la sécurité des soins. Aujourd’hui nous posons la première pierre d’un mouvement. C’est le premier colloque d’une discipline qui n’existe pas encore en médecine. »

Au programme : conférences et tables rondes sur différents thèmes : la fiabilité des soins, la place de l’erreur dans la formation et dans le soin, les relations au sein des équipes soignantes, l’apprentissage de la gestion du stress, ou encore des thèmes plus sociologiques tels que les freins au changement.

Anticiper, coopérer et partager : tels sont les maîtres-mots de l’intervention de Claude Valot, consultant sénior Facteurs Humains chez Dédale. « Pour la sécurité du patient, explique-t-il, les Facteurs Organisationnels et Humains (FOH) servent à deux choses : connaître les fragilités humaines et les prendre en compte par une approche systémique de la sécurité. Le travail en équipe est fondamental pour encadrer des actions trop intuitives et renforcer les conditions de la réussite. »

L'erreur est-elle une chance ?

Parmi les temps forts de cette matinée, la table ronde intitulée L’erreur est-elle une chance ? animée par le Pr. Bruno Debien, anesthésiste-réanimateur, avec la participation de Pierre Raynal, gynécologue-obstétricien et coordonnateur de la gestion des risques associés aux soins et de Sébastien Follet, chef de Tour de contrôle et pilote privé d’avion de tourisme. L’occasion de s’interroger sur la notion d’« erreur ». Il s’agit de : « détecter l’erreur » et « éviter qu’elle ne se reproduise ». « L’aviation a depuis longtemps acquis cette culture de l’apprentissage de l’erreur. Alors pourquoi pas dans le domaine médical », relate Sébastien Follet.

Mais cela ne suffit pas : il y a une étape intermédiaire qui consiste à  « déclarer l’erreur ». Pour diverses raisons, les Evénements Indésirables Graves (EIG) sont peu ou pas déclarés. Et nos débatteurs de rappeler en substance l’importance du collectif. Selon Pierre Raynal, « c’est le collectif qui peut aider le patient et les médecins auteurs d’erreurs et non pas des personnes individuelles ».

Un sentiment partagé par un autre intervenant de ce colloque, Franck Martin, maître praticien en programmation neuro-linguistique, qui définit une opération chirurgicale comme « un projet opératoire ». Selon ce spécialiste, il est nécessaire de « travailler en mode projet ou mode collaboratif ».

Travailler en mode collaboratif

Car, pour Franck Martin, les problèmes rencontrés par de nombreuses organisations résident dans le fait que les personnels ne travaillent pas ensemble. « Ce qui fait que ça marche dans un couple, ce n’est pas la qualité de son amour, c’est la qualité de sa relation. C’est la même chose en chirurgie : ce n’est pas la qualité du professionnalisme de chacun qui compte - même si c’est important -, c’est la qualité de la relation entre ceux qui font la chirurgie. Plus vous vous connaissez et plus ça fonctionne. Et puis n’oublions pas la notion de plaisir. »

Cette conférence a aussi été l’occasion d’une réflexion plus sociologique grâce à la présence d’Anne Rocher autour d’une conférence intitulée Qu’est ce qu’on attend pour être FH (Facteurs Humains) : Les freins au changement. Selon cette psychologue clinicienne qui intervient notamment en service de réanimation polyvalente adultes, où elle apporte son aide aux patients, aux familles et aux soignants, il convient de « lutter contre le poids des habitudes, de ne pas avoir peur de l’effort que coûte le changement et d'accepter les freins liés à l’émotionnel ».

Les invités présents dans la salle ce vendredi matin ont enfin pu s’imprégner du propos de Fabien Ramon venu expliquer Comment gérer son stress ? Un sujet que connaît très bien ce médecin du GIGN pour qui « il est indispensable de focaliser son attention sur le processus et non pas sur le résultat ».

Rendez-vous l’année prochaine pour la deuxième édition du colloque Facteurs Humains en Santé qui se tiendra à Toulouse.

Nicolas Nissim

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