FHP vs FHF : La guerre est déclarée

C'est un document de la FHF (Fédération Hospitalière de France), intitulé " L'hôpital public coûterait plus cher que les cliniques privées ? Rétablissons la vérité!" qui est à l'origine de la querelle. Dans la plaquette, la FHF énumère ce qu'elle estime être des "contrevérités" sur  les hôpitaux publics et dénonce le système lucratif du privé. La FHP (Fédération des cliniques et Hôpitaux Privés de France), se sentant attaquée, a immédiatement répliqué. 

images-1"Des discourimages1s, véhiculés par certains médias mais aussi par plusieurs responsables politiques, introduisent la confusion dans le débat public et diffusent progressivement une image négative des hôpitaux publics, bien éloignée de la réalité. Ces contrevérités sont dangereuses pour notre système de santé mais elles sont également douloureuses pour les personnels hospitaliers qui sans cesse se mobilisent au plus près des patients" explique Frédéric Valletoux, président de la FHF, en présentation de son document.

La plaquette, à travers quelques exemples, s'efforce de prouver que l'hospitalisation publique serait moins coûteuse que l'hospitalisation privée. Pour un infarctus du myocarde, avec pose de stent et sans complication,  l'hôpital public - d'après le document de la FHF - se verrait verser 2617, 87 euros tandis qu'une clinique privée toucherait 3921 euros. "Cela illustre bien la problématique des niches financières accordées aux cliniques, et d’un effet d’aubaine " explique le document.

Selon les chiffres de la FHF, les français seraient également directement concernés par ces différence de tarifs. "Les Français déboursent 68 millions d’euros de dépassements d’honoraires à l’hôpital, contre 818 millions d’euros en clinique !"

"Les cliniques étant financées par l’argent public, il serait normal que des contreparties leur soient imposées" estime la FHF, qui demande à ce que le privé continue de rendre des comptes à l'Etat.

"Il est urgent pour l’État de rappeler aux cliniques que la santé n’est pas un marché comme un autre. L’objectif n’est pas de sélectionner les activités et les patients les plus rentables. La santé oblige à assumer des responsabilités que l’Etat doit faire respecter" conclut la FHF dans son document, rappelant qu'en décembre 2013, la FHP avait mis fin aux formations des étudiants infirmiers et qu'en janvier 2015, les cliniques avaient fait grève, ce qui, dans les deux cas, aurait eu des conséquences négatives importantes dans le secteur public.

La FHP contre-attaque

" La Fédération des hôpitaux publics perdrait-elle son sang-froid ? " s'est insurgée la FHP à la lecture du document.

" Il s'agit d'un pamphlet entièrement dirigé contre l'hospitalisation privée, que chacune de ses pages attaque. Prétendant montrer que l'hôpital public ne coûterait pas plus cher que les cliniques, ce document, digne d'une campagne d'agit-prop d'une époque que l'on croyait révolue, est un tissu d'assertions biaisées, de chiffres trompeurs, d'approximations mensongères, sans parler bien entendu d'omissions qui ne trompent personne" a retorqué Lamine Gharbi, président de la FHP dans un communiqué.

Alors que la Fédération de l'hospitalisation privée s'étonne d'une telle attaque, "indigne d'une grande fédération" elle explique qu'elle reprendra point par point les énumérations de la FHF.

« Alors que tous les grands corps de l'Etat, du ministère de la Santé lui-même à la Cour des Comptes et à l'IGAS, sans parler des think tanks et des experts de tous bords, s'accordent depuis des années à diagnostiquer que le secteur hospitalier public en France souffre d'hypertrophie, de rigidité organisationnelle et qu'il coûte cher à la collectivité, il est curieux de voir la fédération des hôpitaux publics diffuser un tel monceau de contre-vérités, qui plus est la veille d'un salon qui est traditionnellement pour l'ensemble des acteurs hospitaliers l'occasion de se retrouver sur les missions qui nous rassemblent », déclare Lamine Gharbi, président de la FHP, qui regroupe 1.000 cliniques et hôpitaux privés.

Boycott des Salons Santé Autonomie

"Prenant acte que la FHF ait décidé de placer le salon 2015 sous le signe de la division, la FHP annonce qu'elle ne sera donc présente à aucune des manifestations officielles auxquelles pourtant elle se trouve associée" explique le courrier de Lamine Gharbi (les salons Santé Autonomie étant organisés par la FHF, ndlr)

Dans un courrier adressé lundi au président de la FHF, Frédéric Valletoux, Lamine Gharbi souligne que « le seul combat qui vaille est celui d'une santé optimale... au meilleur coût » pour le pays, rappelant que "si les cliniques privées représentent 25% de l'offre de soins en France, elles réalisent 34% de l'activité de soins en accueillant 9 millions de patients chaque année, en ne recevant pour cela que seulement 17% des financements hospitaliers"

"Pour ne donner qu'un exemple parmi les plus récents, l'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation (ATIH), qui dépend du ministère de la Santé, a établi que les cliniques étaient plus efficientes et plus économes pour la collectivité que les hôpitaux publics. Dans un rapport publié en juillet 2014 sur les coûts des prises en charge à l'hôpital en MCO (médecine, chirurgie, obstétrique), elle indique que le coût moyen d'une prise en charge hospitalière est de 1.204 € dans le secteur privé et de 2.115 € dans le secteur public" explique la FHP.

« La question de l'efficience du système hospitalier est posée et ni vous ni nous, ni aucun acteur hospitalier, n'a durablement les moyens de s'y soustraire. Il n'y a pas d'Etat dans l'Etat et le secteur public que vous représentez ne peut pas échapper à cette question », conclut Lamine Gharbi dans son courrier.

Tous les chiffres, annoncés tant par la FHP que par la FHF, sont à prendre avec prudence...

Rédaction ActuSoins

 

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Réactions

4 réponses pour “FHP vs FHF : La guerre est déclarée”

  1. Flochi dit :

    Difficile de faire une comparaison, car les modes de financement pour la partie T2A (Tarification A l’Activité) qui concerne le champ MCO (Médecine, Chirurgie, Obstétrique) est différent :
    – forfait « tout compris » pour les établissements publics,
    – forfait « sans les actes » (qui sont facturés en plus par chaque praticien) pour les établissements privés.
    Ce qui en découle, c’est que le forfait « public » est certes plus élevé que celui du privé, mais peu importe le nombre d’actes que réalisent les médecins des établissements publics, l’établissement reçoit le montant prévu par forfait (alors que les coûts réels augmentent) et les médecins touchent le même salaire ; le forfait du privé est certes moins élevé que celui du public (logique !), mais chaque médecin facture ses actes…

    A partir de là, chacun peut prendre les chiffres qu’il veut et les faire parler comme il l’entend…

    Au final c’est la sécu qui paye, mais il ne faut pas oublié qu’au début c’est aussi elle qui fixe les règles (qui changent chaque année…)

  2. Cali Caliotte dit :

    Pfff au lieu de se serrer les coudes. On a des avantages et des galères différentes mais on fait le même métier! Pffff

  3. eusebe dit :

    Et tout cela sur le dos de notre pauvre sécurité sociale (c’est à dire nous) : quand ils auront fini de l’essorer, le problème ne se posera plus, chacun se soignera selon ses moyens : sauve qui peut…!

  4. Motarde de DIJON dit :

    Il y a du grabuge entre les frères ennemis (FHP et FHF)… Chacun revendique sa place à coup de chiffres.

    La santé est une affaire de sous, on l’aura compris. L’humanisme est un concept accessoire. Le contrat social préconisé par J.J. ROUSSEAU vole en éclat.

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