L’avenir de l’Ordre infirmier en 4 questions

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Face à une actualité ordinale riche en rebondissements, nous répondons à 4 questions que vous vous posez sur la situation de l'Ordre infirmier.

L'Ordre infirmier est-il condamné à disparaître?

L'avenir de l'Ordre infirmier en 4 questionsEn tout cas, il est en très fâcheuse posture.La baisse substantielle de cotisation votée par le conseil national pour les salariés n'a pas convaincu.

Il a suffi d'une phrase de Nora Berra pour que la BRED, banque créditrice de l'Ordre infirmier lui ferme la ligne de crédit.

En raison de la rentrée très faible des cotisations, l'organisation va se retrouver très rapidement dans l'incapacité de faire face aux salaires et charges sociales des quelques 140 salariés.

L'Ordre infirmier sera-t-il uniquement réservé aux libéraux ?

C'est peu probable. Un Ordre réservé aux seuls libéraux n'aurait guère de sens, les syndicats libéraux y sont farouchement opposés et l'ont fait savoir.

De plus, une structure de ce type créerait un fâcheux précédent, potentiellement dangereux pour des instances ordinales puissantes comme les avocats ou les médecins. Ces derniers, bien implantés au sein de l'Assemblée, n'ont guère envie d'entrouvrir ce genre de brèche.

Plusieurs propositions de loi visant à restreindre l'ordre infirmier ou tous les ordre paramédicaux aux seuls professionnels libéraux sont toutefois prêtes. Celle du député Yves Bur sera proposée le 12 avril sous forme d'amendement à la loi HPST.

Quel rôle joue l'Etat ?

Il ne joue pas un rôle mais plusieurs. Difficile pour Xavier Bertrand d'être l'artisan du démantèlement d'un Ordre qu'il a largement contribué à créer. Hors de question pour autant de mécontenter près de 420 000 infirmiers - électeurs.

Si l'on s'en tient à la communication du ministère de la Santé, la disparition de l'Ordre ne serait pas une décision politique, mais la conséquence logique d'une mauvaise gestion et du refus de la majorité de la profession. L'explication est simpliste, mais présente l'avantage de dédouaner le gouvernement.

Ce dernier a toutefois beau jeu de réclamer une cotisation "symbolique" pour les infirmiers. Il s'est en effet considérablement appuyé sur l'Ordre, en lui confiant des missions auparavant dévolues à l'Etat, réalisant au passage des économies qui, elles, ne sont pas symboliques.

Comment l'Ordre organise-t-il sa contre-attaque ?

Avant tout par des rencontres tous azimuts avec les membres du cabinet de Xavier Bertrand et de Nora Berra. Les émissaires ordinaux ne cessent de "sensibiliser (...) de l'intérêt de l'ordre pour les infirmiers".

Si les comptes- rendus de ces entrevues évoquent des rencontres "courtoises" ou une fin d'entretien "manifestement plus cordiale que son début" , aucune avancée tangible, aucune promesse ne transparaît. Les délégués de l'Ordre en sont ainsi réduits à retranscrire les "hochements de têtes" des membres de l'équipe ministérielle.

Les élus départementaux et régionaux activent eux leur réseau de députés et sénateurs.

Le deuxième axe majeur consiste à renouer le contact avec la BRED. Si celle-ci maintient la fermeture de son crédit, l'Ordre infirmier sera en cessation de paiement fin juin.

La contre-attaque est également interne. Une partie des élus est intimement persuadée que la question de la cotisation n'est qu'un excuse pour un gouvernement qui attend avant tout un changement de gouvernance.

Pour eux, ce changement passe nécessairement par la sortie de Dominique Le Boeuf, présidente fragilisée aux relations notoirement tendues voire exécrables avec plusieurs membres du ministère.

Edition du 12 avril 2011: Un amendement à la loi HPST du député Yves Bur visant à limiter l'inscription ordinale aux seuls libéraux sera examinée le 12 avril à l'Assemblée.

 

Rédaction ActuSoins

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