[VIDEO] Le jour où la France a découvert les infirmiers anesthésistes

[VIDEO] Le jour où la France a découvert les infirmiers anesthésistes

Ils étaient inconnus du grand public, ils ont fait la une mardi 18 mai. 2500 infirmiers anesthésistes défilaient dans les rue de Paris pour manifester une nouvelle fois leur colère face à l'absence de réponses du ministère de la santé à leurs revendications. Devant le refus du cabinet de Roselyne Bachelot de recevoir une délégation, ils ont envahi les voies de la gare Montparnasse, occasionnant un blocage particulièrement important du trafic SNCF.
Les IADE sur les voies de la gare Montparnasse – Crédit: JML

Depuis 2 mois, la colère montait crescendo et les actions coup de poing se multipliaient dans toute la France. Le mouvement des infirmiers anesthésistes a connu son apogée mardi, après quatre mobilisations nationales. Vers 12h30, alors que le cortège, parti de la Place Denfert Rochereau s’approche du Ministère de la Santé, une voix retenti du camion sono: le ministère refuse de recevoir une délégation d’infirmiers anesthésistes. Motif invoqué: le salon Hôpital Expo a été perturbé par quelques manifestants de l’AP-HP. Une clameur monte, avant que le mot d’ordre ne tombe: “Courez tous le plus vite possible gare Montparnasse!” Les rues se vident et les manifestants envahissent en quelques minutes la gare, devant des passagers et cheminots médusés.

Dès les premières minutes de blocage, le ministère tente par tous les moyens de contacter les organisateurs. Une délégation est finalement reçue, avant de ressortir rapidement. Bilan: Aucun écrit, aucune promesse. Tout juste une réunion planifiée le 15 juin pour “réévaluer les revendications”.

L’immense majorité des infirmiers anesthésistes décide alors de rester sur les voies, attendant une inévitable confrontation avec les gendarmes mobiles, devant les caméras des médias nationaux jusqu’à présent absents. L’évacuation aura lieu vers 17h30, occasionnant quelques blessures. Le cortège reformé se dirige vers le ministère de la santé. Sur place, alors qu’un grand nombre d’IADE de province se voit contraint de quitter Paris, une fin de non recevoir est opposée à l’intersyndicale et aux collectifs.

Après un enterrement symbolique de la profession et un autodafé de diplômes, les manifestants se dispersent dans le calme, avec un curieux mélange de fatigue, de frustration et de fierté, devant ce qui demeure une mobilisation historique de cette profession.

Thomas Duvernoy

Les revendications:

La signature du protocole dit « Bachelot » le 2 février 2010, dont plusieurs volets n’ont été signés que par le Syndicat National des Cadres Hospitaliers, octroie la revalorisation indiciaires la plus faibles aux infirmiers anesthésistes, qui ont la durée de spécialisation la plus longue et une exclusivité de compétence. Ainsi, les infirmiers de blocs opératoires et puéricultrices verront leur salaire net annuel augmenter de 3366 euros en début de carrière et 3312 euros en fin de carrière, alors que les IADE seront eux revalorisés de 2879 euros en début et 2064 euros en fin de carrière.

Les infirmiers anesthésistes réclament également l’obtention de droit d’un Master 2 correspondant à leurs cinq années d’études, une réaffirmation claire de leur exclusivité de compétence et un maintien de leur métier en catégorie « Active » de la fonction publique, leur permettant de conserver un départ en retraite à partir de 55 ans.