Débat autour de la formation en santé : faut-il une année commune ?

Alors que s'ouvre, mardi 3 novembre, une troisième réunion de réunion sur la formation dans le cadre des travaux de la "Grande Conférence de Santé", le SNPI (Syndicat national des professionnels infirmiers) relance le débat sur un possible « tronc commun » entre paramédicaux ou entre professions paramédicales et médicales. La FNESI (Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers) se prononce, de son côté, clairement pour une interdisciplinarité dès la première année de licence.

Débat autour de la formation en santé : faut-il une année commune ?Le SNPI se dit, dans un communiqué, " hostile à l’idée d’une L1 paramédicale sur le modèle de la L1 santé (ou PACES)" car "nous souhaitons le respect des trois filières professionnelles : soins infirmiers, médico-technique, rééducation"

Le SNPI pour une licence 100 % infirmière

"Il n’est pas nécessaire de faire une année commune pour mettre en place quelques cours transversaux, ou donner des notions de base concernant chaque métier afin de mieux prendre en charge le patient et de mieux comprendre le travail de chacun. (...) Ces cours en commun seraient surtout utiles en 3ème année, car, là, les étudiants de chaque filière ont une meilleure connaissance de leur futur métier, et la collaboration interprofessionnelle y aurait tout son sens", estime  Thierry Amouroux, secrétaire général du SNPI.

"Une nouvelle modification ne ferait qu’ajouter de la confusion dans les différentes filières. Les modalités ne sont pas les mêmes, les socles des métiers ne sont pas les mêmes, les finalités ne sont pas les mêmes !", ajoute-t-il, plaidant pour une licence infirmière avec une possibilité de "master pour les infirmières spécialisées, les cadres de santé (option gestion ou pédagogie) et les infirmières de pratiques avancées".

Le SNPI lance ainsi un sondage : souhaitez-vous une première année commune des études de santé afin de donner aux étudiants un temps de réflexion pour choisir le concours qu’ils prépareront ? Ou bien préférez vous le respect des trois filières professionnelles : soins infirmiers, médico-technique, rééducation ?

La FNESI pour une licence santé, option soins infirmiers

Pour la FNESI, interrogée par ActuSoins, la licence doit être une licence santé avec des options selon la spécialisation (infirmier, kinésithérapie, médecine, pharmacie,...) comme cela se pratique dans les autres branches (par ex licence en sciences humaines mention sociologie ou histoire de l'art).

Dans le cadre d'une telle licence santé "les étudiants devraient s'inscrire dès le départ dans l'option choisie, avec une possibilité de changement ensuite, quitte à passer les unités de valeur manquantes", propose Lisa Cann, président de la FNESI qui bataille pour une universitarisation de la formation en soins infirmiers.

Une licence santé "permettrait de mieux développer l'interdisciplinarité. Il faut développer une approche par compétence mais croiser certains enseignements qui peuvent communs comme l'éthique, la législation,...", ajoute-t-elle. "Cela permettrait également d'éviter la concurrence entre professionnels de santé, créée dans le cadre du concours de la PACES", affiche Lisa Cann.

La FNESI contre le "gâchis des concours"

"Nous avons déjà abordé dans le cadre de cette Grande conférence de Santé, la question de la sélection et des quotas. En pratique, ce système est un échec sur la régulation que ce soit sur le nombre de professionnels de santé ou leur répartition sur le territoire", note la président de la FNESI.

"D'ailleurs, affirme Lisa Cann, de nombreux étudiants vont étudier à l'étranger pour éviter ce système de concours. les chiffres sont particulièrement élevés pour les kinés. Jusqu'à 40 % des kinés inscrits au tableau de l'Ordre ont étudié à l'étranger. Pour les infirmiers, 8 % des quotas de places dans les IFSI ne sont jamais remplis, sans parler de la déperdition de 20 % entre le première et la troisième année. Globalement, dans un système de formation européen ouvert, un système fermé comme le nôtre n'a pas de sens".

>> LIRE AUSSI - Ifsi : le concours d’entrée infirmier supprimé dès 2019 >>

Cyrienne Clerc

Le sondage du SNPI : souhaitez-vous une première année commune des études de santé afin de donner aux étudiants un temps de réflexion pour choisir le concours qu’ils prépareront ? Ou bien préférez vous le respect des trois filières professionnelles : soins infirmiers, médico-technique, rééducation ?

Pour aller plus loin : formation continue DPC pour les infirmières et infirmiers libéraux

Abonnez-vous à la newsletter des soignants :

Faire un don

Vous avez aimé cet article ? Faites un don pour nous aider à vous fournir du contenu de qualité !

faire un don

Réactions

11 réponses pour “Débat autour de la formation en santé : faut-il une année commune ?”

  1. Annele Huber dit :

    Plus de formation continue ?

  2. La formation en soins infirmiers ne va pas avec le système universitaire qui n’est que bachotage et déshumanisation …

  3. Si cette première année commune est la PCEM 1 actuelle, très clairement la réponse est non. Cette année n’as aucun intérêt a mon sens et d’ailleurs il suffit de voir les externes de première année, ils ont souvent moins de connaissance (ou en tout cas de capacité de raisonnement/analyse) que les IDE.

    • Mathieu Guyon dit :

      Entièrement d’accord, notre métier est trop relationnel et spécifique pour le confier à des universitaires sans aucune notion de la profession.

    • Nordi Dadys dit :

      La PCEM1 (actuellement PACES) est la première année du cursus de médecine.
      La première année d’externat correspond à la quatrième année du cursus qui représente le début du « vrai » apprentissage des pathologies.
      Les trois premières années sont destinées à l’apprentissage de la sémiologie et de la physiologie de manière très approfondi , avec très peu d’apprentissage de la pathologie et quasi rien sur la prise en charge des patients.
      Ces années sont loin d’être inutiles, elles permettent ensuite de comprendre le mécanisme de la pathologie de A à Z.
      Dire que les externes ont moins de connaissance que les IDE est tout relatif. Je pense que les compétence et les savoirs ne sont pas les mêmes et que si la médecine française est aussi réputée dans le monde c’est que la formation ne doit pas être si mauvaise….
      Cela dit, quand j’arrive en stage dans un service (je suis externe) je considère que les aides soignantes et les IDE sont mes formateurs, au même titre que les médecins. Elles connaissent le fonctionnement du service, la prise en charge des patients, parfois les traitements (pourquoi tel traitement plutôt qu’un autre, les effets indésirables etc), elles analyse évidemment beaucoup mieux les situations que les externes, elles nous apprennent à piquer, à prendre les constantes etc etc.
      Mais ça me parait assez normal dans la mesure ou la première année d’externat est l’année ou l’on rentre réellement dans le monde hospitalier. On arrive avec un bagage théorique énorme et une pratique quasi nulle, mais il faut bien commencer un jour…

  4. Et pourquoi pas? Avec l’évolution des prises en charge peut être qu’avoir une base commune simplifierai et uniformiserai les prises en charges. Et puis mes métier d’infirmier tend à se diversifier et les possibilités d’évolution de carrière sont de plus en plus grande. Mais avant ça serait bien de revoir les quotas et peut être la « sélection » à l’entrée dans les écoles, parce qu’il y a toujours autant de diplômes mais de moins en moins de boulot…

  5. Nordi Dadys dit :

    Je ne suis pas étudiant IFSI, mais ça me parait être une bien mauvaise idée au vue de ce que donne la P1.

    On a une grande majorité d’étudiant inscrit au concours de P1 qui aspire à devenir chirurgien-dentiste et médecin avec au final peu d’élu et donc un grand nombre d’étudiant qui se retrouve dans les filières restantes par défaut. La PACES ne fait que camoufler ce résultat.
    Vous avez bien de la chance de ne pas être intégré à ce système et d’avoir des cursus déjà ben « filiarisés ». Exemple à suivre à mon avis.

  6. Mathieu Guyon dit :

    Au point où on en est on est plus à ça près pour détruire la spécificité de notre profession…

Réagir à cet article

retour haut de page
382 rq / 4,577 sec