Réformes hospitalières et mal-être infirmier

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Selon le Centre d'études sur l'emploi (CEE), dans une étude parue début avril, les réformes du secteur hospitalier ont entraîné une "mise sous tension des effectifs". Leur incidence sur les conditions de travail sont sous-évaluées.

Réformes hospitalières et mal-être infirmierLes réformes se sont accélérées ces dernières années avec la nouvelle gouvernance en 2005, la création des pôles d'activité, les évolutions de la politique de planification sanitaire, la T2A et la mise en place de l'état prévisionnel des recettes et des dépenses (EPRD). 

Selon l'enquête qui s'appuie sur une enquête qualitative basée sur des entretiens menés auprès de dirigeants hospitaliers, entre 2005 et 2009, l'augmentation de la production s'est effectuée plus rapidement que celle des effectifs dans les établissements publics ayant une capacité d'hospitalisation en court séjour, rappelle le CEE. "Le coût du travail, donc l'emploi, est devenu une variable essentielle d'ajustement", ajoute l'étude.

Selon certains dirigeants interrogés pour l'étude, "la T2A aurait encore accentué la mobilité des personnels, notamment chez les médecins". Mais les contraintes liées aux réformes touchent "plus particulièrement" les personnels soignants "en première ligne". Un cadre supérieur de santé interrogé explique ainsi: "On va regarder dans tous les secteurs si tous les agents sont à leur place, s'ils sont occupés au maximum, si on ne peut pas leur en faire faire davantage".

Le mot d'ordre : la flexibilité

Dans les établissements, "la recherche de flexibilité" aboutit à l'affectation des agents "en fonction de la demande de soins". "Ces transferts sont mal vécus lorsqu'ils sont contraires aux aspirations professionnelles et personnelles", relève l'étude. En plus, "les effectifs restants doivent effectuer un travail qui ne correspond qu'imparfaitement à leur métier, à leurs compétences ou à leurs souhaits".

L'étude évoque aussi des équipes déstabilisées par les changements incessants, et le manque de temps pour les échanges, les transmissions, "ou la régulation des conflits à l'intérieur des équipes ou avec le public".

La "mise sous tension" des effectifs n'est pas seulement imputable à la T2A, soulignent les auteurs. "Dans les établissements en déficit, les contrats de retour à l'équilibre financier visent également à réduire les coûts tout en augmentant l'activité", peut-on lire.

Pour les établissements, "l'équilibre à trouver est délicat entre ne pas pourvoir des postes, ce qui occasionne des économies, et les pourvoir, ce qui engendre de l'activité". Le CEE évoque également la pénurie de certains professionnels, génératrice de surcharge de travail à l'hôpital.

"Dans ce contexte de mise sous tension des effectifs, les rythmes de travail s'accélèrent, alors même qu'en raison des exigences du secteur, les soignants ont depuis longtemps le sentiment d'exercer leur métier sous pression", pointe le CEE. Et cette "course contre la montre" s'accompagne, selon l'étude, "d'une perte de repères sur les finalités et le sens du travail", alors même que dans les autres secteurs d'activité, l'intensification du travail "connaît une pause relative en France".  

Le CEE conclut  : "Les réformes et les décisions de gestion des établissements gagneraient à intégrer, dès leur conception, la question des emplois, des conditions de travail et de la prévention de la santé des salariés".

Rédaction ActuSoins

L'étude du CEE : L'emploi et le travail hospitalier à l'épreuve des réformes

 

 

 

 

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Réactions

8 réponses pour “Réformes hospitalières et mal-être infirmier”

  1. Monica Mona dit :

    Des dépense et des recettes …pfff…du comercial quoi…mais parler de nous ceux ou celles qui travail en 12 hrs et q on est la tjr a repondre tjr a l écoute ….burn out….au but des nerfs…j arrive pas a me reposer….

  2. miloushka888 dit :

    Tout cela est une honte, nous sommes le coeur et l’âme des hôpitaux et on se laisse traiter comme des chiens, comme si nous n’étions rien ! Il est grand temps que notre profession se réveil ! il est grand temps que nous réalisions que les choses ne peuvent plus durées ainsi, c’est STOP !

    LE REVEIL C’EST POUR QUAND ?

    Un infirmier prêt a se faire respecter ! ! ! Il est l’heure de se faire entendre ! ! !

  3. Joli rapport!!
    Et maintenant que faisons nous?
    Les pouvoirs publics ne sont pas trop enclins a satisfaire les demandes des interressés, il devient urgent d’agir mais comme toujours ds l profession il y a beaucoup de parole et peux d’actions concrètes…

  4. Le burn out touche cruellement les personnels soignants! D’autant plus les hospitaliers, elle est chere la sécurité de l’emploi..

  5. Je ne supporte plus l’hopital, j’ai pris une dispo, fais de l’interim mais le resultat est le même quand on arrive ds un service en faite. Je ferai donc parti de ces soignants qui ne veulent plus exercer ds une structures hospitalières

  6. Enfin on écrit en hautbois que ce sont les réformes hospitaliéres qui sont responsables du burn out des soignants : fallait juste nous demander, on fait quoi maintenant, on range ses études bien dérangeantes !

  7. cela fait des années que ns soignants le disons, maintenant qu’une étude est faîte, est ce que Mme Touraine va y prêter attention ????

  8. garnier dit :

    Bonjour, Effectivement l’approche de la gestion hospitalière et des réformes qui l’accompagne est purement comptable. L’entreprise hôpital tend a se gérer comme une entreprise marchande. C’est donc le choc des valeurs entre l’humanisme nécessaire des personnels et le mercantilisme des gestionnaires. Il n’est donc pas étonnant de constater que du fait de ces réformes, la qualité des soins se dégrade et les conditions de travail des personnels se détériore. Pour compléter cet article, j’aime bien celui-là : http://fo-sante.org/2014/04/ces-reformes-hospitalieres-qui-tuent-la-qualite-et-lemploi-hospitalier/

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