C’est une histoire qui dure depuis des mois. Mais qui a commencé à se concrétiser le 29 février dernier, quand 90% du personnel soignant des urgences du CHU de Nantes a décidé de se mettre en grève.
Un début d’accord
Les soignants des urgences du CHU de Nantes réclament plus de moyens et commencent à être entendus. “Déjà, nous souhaitions un poste infirmier supplémentaire pour le service des Urgences Médico-Psychologiques car le soir, l’infirmier se retrouvait seul pendant quatre heures et c’était ingérable . Nous l’avons obtenu” explique Andrée Schnitz-Losada, infirmière aux urgences depuis 5 ans.
Autre point accordé, la présence d’un infirmier “de file d’attente” pour l’accueil des patients aux urgences. “La nuit, il n’y avait qu’un seul infirmier, qui récupérait parfois 30 ou 35 patients. Certains patients qui arrivaient aux urgences devaient parfois attendre 1h30 pour pouvoir être interrogés par l’infirmier d’accueil. C’était très dangereux” explique l’infirmière, qui note toutefois que l’attribution de ce poste n’a pour l’instant été accordé que pour la période hivernale. “Nous en avons besoin toute l’année, précise-t-elle. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous sommes toujours en grève”.
Parmi les autres revendications qui n’ont pas laissé de marbre la direction, la mise en place de protocoles administratifs pour protéger les agents. “Nous sommes souvent agressés aux urgences et nous ne sommes pas reconnus comme des victimes. Nous souhaitions que des procédures soient proposées pour faciliter le dépôt de plainte et l’assistance d’un avocat“. Chose faite.
Les revendications restantes
Certes, les soignants ont obtenu en 3 semaines de grève plus qu’il n’en avaient jamais eu en plusieurs mois de non-mobilisation active. Néanmoins, “ce n’est pas suffisant“, selon les professionnels.
NBI (Nouvelle Bonification Indiciaire), poste permanent de l’infirmier supplémentaire aux urgences, meilleure reconnaissance financière des risques non réductibles (contagion, violence, atteinte des libertés) : les soignants espèrent obtenir davantage de moyens pour exercer dignement leur métier.
Le mouvement s’étend au reste du CHU
Médecine Polyvalente Urgente, médecine interne, onco-pédiatrie… D’autres services du CHU ont pris le relais et dénoncent aussi un manque de moyens. “Par exemple, ils ont demandé aux infirmiers de Médecine Polyvalente Urgente de prendre en charge 16 patients alors qu’auparavant ils en avaient 12. Cela devient vraiment dangereux pour les patients. Les infirmiers ne peuvent pas leur consacrer plus de 26 minutes par jour!” explique Andrée Schnitz-Losada.
Alors que le mouvement semble s’essouffler aux urgences avec une participation à la grève de 40% (contre 90% au début de la mobilisation), les autres services concernés, eux, restent très mobilisés (80% environ du personnel en grève).
Vers une mobilisation Nationale
Les représentants du service des Urgences du CHU Nantes ont d’ores et déjà lancé un appel national, notamment concernant la NBI. “Le service d’urgences est l’un des rares services spécifiques où il n’y a aucune prime associée. Il faudrait que tous les services d’urgences se mobilisent comme nous pour obtenir la NBI“. En attendant, les grévistes ont envoyé des courriers aux députés et aux élus locaux pour que cette prime soit accordée et que leurs conditions de travail soient mieux connues.
Malika Surbled
Une pétition a été lancée sur le réseau Change.org pour soutenir le personnel des urgences du CHU de Nantes. Pour l’instant, près de 1950 signatures ont été obtenues.
Un pique-nique de soutien est organisé demain (le mercredi 23 mars) à partir de 11 heure autour du Miroir D’eau. A partir de 13h45, le pique-nique déménagera autour du skate parc en face du RU Ricordeau (devant Hôtel Dieu) pour accueillir les professionnels sortant du travail. Renseignements sur la page Facebook Grève aux Urgences Adultes du CHU de Nantes.
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Laura le Gall