« Infirmière libérale, coordinatrice de parcours de soins ». La plaque professionnelle est discrète. On pourrait presque passer devant sans la remarquer. Pourtant, à l’intérieur du cabinet, une infirmière libérale s’attelle à des tâches administratives. « Je ne travaille pas aujourd’hui, mais je suis venue pour mettre un peu d’ordre dans mes papiers. L’association me prend beaucoup de temps et d’énergie » explique Jennifer en souriant. Il faut dire que Réseau Soins Psy est née il y seulement deux mois, d’une idée que la jeune femme a mûrie et travaillée depuis près de dix ans. En déposant enfin les statuts de l’association, Jennifer a concrétisé un projet qui lui tenait à cœur : proposer une offre de soins différente, axée sur la coordination de parcours et sur l’orientation des patients atteints de troubles psychiatriques.
Répondre à une carence de l’orientation psychiatrique
« Il y a une réelle carence en termes d’orientation psychiatrique en ville, explique Jennifer, infirmière libérale. Parfois, il peut s’écouler entre 48 et 72 heures avant qu’un patient en décompensation puisse mettre un pied dans un service adapté ou dans un cabinet de psychiatre. La plupart du temps, ces patients se perdent dans les méandres des commissariats ou des urgences généralistes ». Jennifer estime par ailleurs qu’il faudrait professionnaliser l’intervention d’urgence en psychiatrie, notamment lors des prises en charge pré-hospitalières.
Alors, elle a décidé de prendre les choses en main. Avec l’aide de deux psychologues cliniciens et d’une infirmière collaboratrice et à la demande des familles, des patients, des proches, de la police, du Samu ou des pompiers, elle « optimise » les parcours, pour qu’ils soient plus « fluides ». Plus accueillants aussi. « Nous évaluons les besoins. Cela facilite le travail des autres professionnels de l’urgence. Nous nous rapprochons aussi évidemment des psychiatres pour mettre en place des traitements. Cela peut parfois permettre d’éviter des hospitalisations inutiles ».
Des suivis personnalisés
En dehors des situations de crise ou de pré-crise, Jennifer et ses associés proposent – sur prescription médicale – des suivis de courts, moyens et longs termes de leurs patients. Évaluation, accompagnement dans des démarches administratives ou dans des démarches d’insertion, entretiens infirmiers, accueil, soins plus conventionnels : les missions de Jennifer au sein de sa propre association sont nombreuses.
En roulement avec ses collaborateurs, elle reçoit les patients demandeurs de soins dans son cabinet ou se déplace à domicile. « Certains individus vont avoir besoin d’analyser leur passé ou leurs sentiments pour trouver des clés pour avancer. Dans ce cas, c’est le psychologue qui interviendra. D’autres vont plutôt avoir besoin d’outils pragmatiques pour avancer dans leur quotidien. L’infirmière proposera dans ce cas, des solutions plus adaptées. Mais les deux professions peuvent se compléter autour d’une même personne présentant des problématiques mixtes. L’idée est donc vraiment de multiplier les champs de compétences autour d’un même patient pour une offre personnalisée » explique Jennifer.
Une NGAP nomenclature peu adaptée
À l’heure où la politique de santé vise un large virage ambulatoire, l’idée de Jennifer pourrait facilement convaincre. Pourtant, la jeune femme se sent un peu démunie face aux obstacles administratifs. Déjà, parce que dans la nomenclature générale des actes infirmiers (NGAP), presque rien ne prévoit tout cela. Ensuite, parce qu’elle ne peut recueillir aucun fond tant que la solvabilité de son projet n’est pas prouvée.
Alors, Jennifer s’arrange comme elle peut. Il faut bien qu’elle puisse vivre de son métier. Pour les entretiens infirmiers, elle utilise pour cotation les fameux AIS 3, ces actes professionnels qui relèvent du rôle propre infirmier. Elle pratique aussi le dépassement d’honoraires, compatible avec sa fonction. « Malheureusement, comme je ne peux coter que des AIS 3, l’heure de travail n’est pas du tout rentable (15,90 euros hors déduction des charges, ndlr). Avec un cabinet en plein Paris et le loyer qui va avec, je ne peux pas faire autrement que de pratiquer ces dépassements. Les patients sont libres de choisir s’ils veulent ou non poursuivre avec l’association, en toute connaissance de cause » souligne Jennifer. « L’aide apportée aux différents patients en 2016 prouve que ce système peut avoir un réel impact économique en fluidifiant le parcours de soins et en apportant au bon moment, la bonne réponse au bon patient avec le bon traitement » ajoute-t-elle, déterminée.
Aujourd’hui, Jennifer, qui travaille main dans la main avec les structures hospitalières et les CMP, continue de penser son projet pour qu’il se développe davantage. « C’est toute une longue observation des failles du système qui m’a poussée à créer ce réseau. Il faut que j’arrive à prouver son efficacité pour améliorer à ma façon le système de santé et généraliser le soin psychologique en libéral ». À suivre de près…
Malika Surbled
Cet article est initialement paru dans le n°24 (avril 2017) d’ ActuSoins Magazine.
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Jennifer Verbeke, infirmière libérale en 5 dates :
2007 : obtient son D.E. Infirmier Travaille 7 ans en psychiatrie à Bichat (AP-HP)
2015 : effectue des remplacements en tant qu’infirmière libérale et travaille pour l’association SOS Psy Urgences (seule infirmière)
2015 : présente un mémoire, dans le cadre d’un master 1 en gestion et économie des établissements de santé, sur l’interaction des professionnels d’urgences en psychiatrie
2016 : obtient son Master 2 en gestion et économie des établissements de santé (Dauphine) et installation en tant qu’infirmière libérale
2017 : fonde l’association Réseau Soins Psy
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Bonjour, étudiante de 3eme année je serai à la recherche de 3 IDE ayant exercé en psy et ayant déjà pris en charge des patients étrangers !! Sa serai pour un entretien très rapide dans le cadre de mon TFE.
Merci d’avance !!!
Bonjour. Je trouve ce que vous faite très intéressant je suis moi-même infirmier avec une expérience très varié. J’ai travaillé plus de 10 ans avec des handicapés atteints de pathologie mentale. Ils m’ont beaucoup appris sur et surtout m’ont appris à me questionner sur une chose essentielle et très oubliée, le sens de la vie. Bien sûr ils m’ont appris beaucoup sur la nature humaine et surtout à me méfier des dogmes, des projections que nous opérons… je me suis rendu compte que le monde de la santé ressemblait beaucoup au royaume du père Hubu et que je n’avais pas la force de supporter les non sens et contradictions des institutions quelles qu’elles soient : publique, privée, associatives. Votre exemple me donne l’espoir qu’un jour je pourrais être à nouveau utile dans le soin. J’ai essayé récemment de me remettre dans le métier mais j’ai cru que j’étais emporté dans un tourbillon, une course folle pour aligner les actes avec l’angoisse de faire une erreur ce que bien sûr je n’ai pas manquer de faire. Le soin à la chaîne je ne suis pas fait pour. Quand au institutions psychiatrique, rien que d’y penser ça me déprime. Maintenant ça se résume à deux possibilités. Travailler dans le publique avec un manque de moyen criant, du personnel mal formé, pas assez nombreux et démotivé ou dans le privé ou le principal du boulot est de prendre les constantes, donner les médicaments et s’occuper des dossiers. Si t’es chanceux tu vas anime un atelier intéressant mais il faudrait attendre te tour que les anciens cèdent leurs place. Bon ok très caricatural mais c’est quand même comme ça que ça se passe.
C’est pourquoi accompagner des gens dans leurs parcours de santé à l’extérieur des institutions, apporter un accompagnement psychothérapeutique tout en se préoccupant des problèmes somatiques est pour moi très intéressant d’autant plus qu’il y a de réel besoins. Mais je ne sais pas comment faire. Auriez vous quelques conseils, recommandation à me faire au vu de votre parcours.
Bien cordialement.
Un grand merci à tous pour vos commentaires. Je suis heureuse de voir que les soins psy intéressent et mobilisent grand nombre d’entre vous. N’hésitez pas à me contacter en MP si vous souhaitez plus d’infos!!!! La clef, c’est le réseau!!! Plus on est de fous… plus on a de poids
Ifsi maison Blanche forme des cracks. ..bonne chance et félicitations.
Marion Heulin j’espère que ça va marcher cette fois !
C’est intéressant, à condition de blinder de formation en psy. Ce qui manque cruellement aux Ide.
Comment la contacter ????
Ça doit être hyper intéressant
Vive la psy!
Marie Labat
Laetitia Tornicelli !
Soin psy en libéral… Mais qu’est-ce qu’on attend !! Bravo collègue !
Qu est ce qu elles ont les dents !!!!
Anne Perez elle a changé Jenni Jenni Lou… c’est les dents Ca !
Alexis Papin on en avait parlé une fois!
Pour l’avoir rencontrée et avoir échangé avec elle sur sa pratique, je peux confirmer que c’est une très belle initiative qui mérite qu’on s’y intéresse de plus prêt ! Une véritable alternative à l’hospitalisation en psy et aussi une évidence oubliée : les soins à domicile en libéral , quid de la psy ?
Len Jaslier je t’en parlais hier soir
Bravo !!!
Mam Meyer tu as vu ç le même projet que celle du 4
Camille Drouet
Camille Drouet
Lucas Fbre
Bravo pour le projet à qui je souhaite réussite et développement. Infirmière en psychiatrie, je suis persuadée que c’est un pan de la prise en charge psychiatrique qui manque à notre système Français. Je serais ravie d’avoir des nouvelles de votre expérience, de l’avancée de votre projet.
Hermann Finck lis ça
Hermann Finck lis ça
Bravo à cette IDEL qui fait évoluer la prise en charge de ces personnes et familles démunies.
Bravo à cette IDEL qui fait évoluer la prise en charge de ces personnes et familles démunies.
Anaïs Nine
Nicolas Archer
Cid Pmt Marques, Veda VnBn, je crois qu’on en a déjà parlé de ce type de besoin de soins?
(Bonne année au passage! )
Très belle initiative, bon vent
Bravo fallait y penser
Une super idée! Bravo
Quelle super idée !!
Niny Gatubela …. t’as vue on aura même le droit à des sorties youhouuuuu !
Princess Massaï