Christophe, infirmier de haut vol

Alors qu’il est rare pour un infirmier de pouvoir exercer à temps plein autour du rapatriement sanitaire, Christophe Sivel a trouvé le moyen d’évoluer intégralement à travers cette activité. Depuis 11 ans, il travaille au sein de régulations de sociétés d’assistance, ce qui lui permet de gérer dossiers, matériel et placements, tout en effectuant régulièrement de nombreux transports sanitaires de personnes blessées ou malades.

Christophe, infirmier de haut volUn infirmier qui a trouvé sa voie

D’un service traditionnel de l’AP-HP au milieu très  « select » de l’assistance sanitaire, il n’y a qu’un pas.  La preuve, le parcours de Christophe Sivel.  Sous des allures réservées mais enthousiastes, cet infirmier plus que déterminé a fait ses armes aux urgences de l’Hôtel-Dieu à Paris, puis a su se faire une place dans un monde mouvant : celui du rapatriement sanitaire. Lors de l’entretien auquel il a aimablement accepté de se prêter, il revient d’ailleurs tout juste du Japon où il a accompagné une « cliente » souffrant d’une fracture de la 12e vertèbre dorsale. « Il s’agissait d’un accompagnement de surveillance », précise t-il, soucieux de bien expliquer les différentes caractéristiques de son métier. « Les rapatriements sanitaires peuvent être de toutes natures, du simple accompagnement en avion régulier, au vol privé sanitaire, médicalisé en conséquence avec médecin spécialiste et matériel de pointe, lors des cas les plus graves ». En 11 ans, il a appris beaucoup.  « Pendant les rapatriements, nous accompagnons et nous suivons le patient parfois pendant 12 heures, ce qui permet d’être vraiment au clair avec sa pathologie. Parfois aussi avec l’utilisation des stupéfiants, surtout lorsque nous prenons en charge des situations compliquées ».

Le plus souvent, les autres infirmiers qui partent en vol sont des « employés à la pige ». C’est-à-dire qu’ils travaillent ailleurs, en général dans des services d’urgences ou de réanimation, et viennent faire des vacations en complément de leur activité. Ce n’est pas le cas de Christophe. Quand il n’est pas à bord ou à l’étranger, il travaille au sein de la régulation de sa compagnie d’assistance. Il admet d’ailleurs que c’est un choix et que cela représente la majeure partie de son métier. « À l’heure actuelle, je dirais que je fais 80% de régulation et 20 % de rapatriements, alors qu’il y a 10 ans, j’essayais de partir beaucoup plus sur le terrain » . Pendant ces 10 ans, il a pourtant - et parfois difficilement - compris les inconvénients de ce qui se trame autour du soin. « Au début, j’ai ressenti comme un choc culturel, car, sans transition, je suis passé du milieu de bienfaisance de l’AP-HP où l’on donne du matériel aux SDF, à une société privée pure et commerciale où les prises en charge sont soumises à la souscription d’un contrat. Tout est compté, rentabilisé et vendu avec des marges ».

Du rapatriement à la gestion de crise

Si Christophe admet faire de moins en moins de rapatriements sanitaires avec le temps, c’est qu’il désire aussi parler de ce qui lui tient maintenant le plus à cœur dans son métier : la gestion et la régulation. Initialement embauché dans une autre société d’assistance pour monter une petite cellule de rapatriement (il a été le premier infirmier en CDI « en test » à ce poste), il a su faire ses preuves et a été à l’origine de quelques créations d’emplois. « Avant, sur le plateau, beaucoup de médecins nous voyaient comme de potentiels concurrents. Mais d’une manière générale, nous avons réussi à démontrerque nous étions capables de solutionner des problématiques réelles ». Son rôle à terre est d’aider à organiser les rapatriements, d’assurer une logistique matérielle et parfois de trouver des placements de relais (services hospitaliers) pour les personnes rapatriées.

Toujours entreprenant, il a aussi été à l’origine du soutien psychologique pour les clients de sa société et a, au fil du temps, imposé ses idées et ses convictions. Quand on lui parle d’une débrouillardise évidente, Christophe réplique « la débrouillardise n’est pas innée, il suffit de se lancer ! ». Avis à toutes celles et ceux que ça tente…

Malika Surbled

Christophe Sivel en 4 dates :

1995 : Obtient son D.E puis travaille aux urgences de l’Hôtel-Dieu, à Paris

1997 : Effectue ses premiers rapatriements sanitaires dans le cadre de missions ponctuelles et obtient son D.U de transports aériens et rapatriements sanitaires

1999 : Devient infirmier régulateur pour International SOS

2005 : Intègre AXA Assistance où il est chargé de régulation.

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Réactions

9 réponses pour “Christophe, infirmier de haut vol”

  1. mr-mmejeff dit :

    c’est un milieu qui m’attire beaucoup…est ce qu’on recherche beaucoup d’infirmier pour effectuer ce genre de prise en charge?Qui emploie?Quelles sont les conditions de travail?

  2. Tomtom dit :

    Bonjour, et merci pour ce témoignage. J’ aimerais savoir en quoi consiste la  » régulation » dans votre travail ?

    • Christophe dit :

      La régulation consiste à venir en soutient des médecins régulateurs mais également en soutien des chargés d’Assistance…à savoir pour la ^partie médicale, organiser les places des patients rapatriés , obtenir des infos des services hospitaliers.
      Pour la partie logistique, nous supervisons les rapatriements , répondons aux chargés sur des questions d’organisation…
      C est un poste assez complet et interressant avec une pluridisciplinarité particuliere.

      N’hesitez pas a me contacter si besoin

  3. Tahaj dit :

    Bonjour, merci de parler d’autres facettes de la profession. Je connais beaucoup de personnes voir d’ infirmier(e)s qui pensent que la voie naturelle reste l’ hôpital/clinique ad vitam eternam.

    Cher Scalpel, peu importe le temps consacré sur le terrain, l’important c’est de se former soi-même pour maintenir à niveau ses connaissances cliniques. Vive internet et la bibliothèque ! Et puis quand tu sais que tu vas chercher un patient au Japon pour telle pathologie, tu as 11 heures pour potasser avec le médecin qui t’accompagne.

    Concernant ce milieu de bienfaisance de l’ APHP, j’y étais il y a 6 mois. Il continue encore en 2010 dans certains services qui peuvent et veulent se le permettre sous l’égide de grands professeurs travaillant en collaboration avec les labo privés. J’ai travaillé dans un service qui accueillaient beaucoup de SDF et de personnes en situation irrégulière, des étrangers venant se faire soigner en France au même titre que de personnalités politiques ou du show-biz. Ce n’est pas pour rien que c’est l’ Assistance Publique.

    • Scalpel dit :

      Je verse une larme.

      • Tahaj dit :

        gardez-la quand on arrivera au système de santé américain.
        ce sera « encore plus beau » ! Mickey nous opérera avec sa manette Wii pendant que Minnie nous fera des bisous pour guérir du cancer sur prescription médicale.

      • Christophe dit :

        entierement d’accord avec vous tahaj…on à encore la chance d’avoir un systeme de santé qui tient la route et accueille tout le monde.
        Il faut voir les divers systeme de santé à trvaers le monde pour pouvoir se rendre compte de notre chance

  4. Scalpel dit :

    Bien le bonjour « confrère ».
    Merci pour cet article intéressant, la régulation dans le monde du rapatriement sanitaire (déjà lui-même fermé) est une composante assez inconnue de beaucoup d’infirmiers chevronnés…
    Question: à passer 80% de son temps à réguler, comment maintient-il à niveau ses connaissances cliniques lors de ses rapatriements ?
    Enfin, « je suis passé du milieu de bienfaisance de l’AP-HP »… Christophe, ça doit faire très longtemps que vous n’y êtes plus allé à l’APHP, car moi je ne me souviens même pas avoir connu cette époque !

    • Christophe dit :

      Le fait d’avoir quitté l hopital ne veut pas dire que l on se coupe définitivement du soins …
      Par les rapatriements plus ou moins lourds, les congrés, la curiosité..on peut se tenir au courant de l’évolution des techniques.
      Pour « le milieu de bienfaisance », même si le terme est un peu exagéré, je l’avoue, il s’agissait plus de rendre compte d’un choc culturel car passer de l’assistance publique (qui, malgré ce que vous dites , prend en charge des SDF et patients non couverts) a une société privée stricte au niveau des couvertures des contrats fut un choc pour moi .

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