Périnatalité : comment gérer le décès

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Travailler en périnatalité implique d’être confronté à la mort périnatale, une situation qui est généralement cause de souffrance et de malaise pour les infirmières et les soignants. Quelle attitude adopter et comment y faire face ?

Périnatalité : comment gérer le décès

© Vadim Usov | Dreamstime.com

 « Aujourd’hui, les conditions de suivi de grossesse laissent supposer que tout va se passer au mieux lors de l’accouchement car la mère est bien suivie, conformément à des protocoles, tout comme le bébé », souligne en guise d’introduction au colloque organisé par l’association AGAPA le 22 septembre, le Dr Françoise Gonnaud, pédopsychiatre en néonatalogie et en réanimation néotatale à l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon.

La particularité de la mort en périnatalité n’est pas que le décès en soi, mais tout ce que cela implique autour du décès de l’enfant.

 Aider les parents

Les soignants doivent apprendre à recevoir la violence de la part des parents et répondre à leurs questions. Ils se demandent généralement « ce qu’ils vont devenir ». Il va falloir mettre les étapes, amorcer, s’inquiéter de l’entourage, de la fratrie, et protéger les parents d’avoir à tout gérer en même temps.

« L’équipe doit garantir aux parents d’être là », estime le Dr Gonnaud. Pour les soignants, les mots habituels deviennent difficiles, voir impossibles à prononcer. Ils oublient parfois de faire une photo de la famille, de proposer d’habiller le bébé décédé, de faire des empreintes.

« Il est important que les soignants n’oublient pas d’inscrire ce moment dans un parcours », conseille-t-elle. Et d’ajouter : « Je suis époustouflée par les puéricultrices qui mettent en œuvre des trésors relationnels. Elles sont souvent sources d’initiatives alors qu’être dans la vie tout en accompagnement la fin de vie, c’est très difficile pour les infirmières. »

« On se retrouve entre nous, explique Nathalie Lepetit, infirmière à la maternité des Bluets à Paris. C’est à ce moment-là que je me lâche, que je pleure, que je laisse place à mes émotions. »

 Les difficultés

Pour les soignants, il est souvent impératif de se laisser du temps entre la découverte d’un problème sur le fœtus et l’annonce aux parents. « Si je constate la présence d’un signe d’anomalie lors de l’échographie, je vais chercher tous les signes positifs et quand je suis prêt, je vais l’annoncer aux parents mais seulement après avoir parlé de tout ce qui va bien », indique le Dr Thierry Jault, chef de service gynécologie-obstétrique du Centre hospitalier Marc Jacquet à Melun.

« Les premiers mots sont fondamentaux et à l’origine du chemin de deuil, considère le Dr Raoul Rivet, gynécologue obstétricien et échographiste en libéral à Fontainebleau. A la suite de cette annonce, il faut une prise en charge immédiate des femmes car elles sont perdues. Il faut définir leur parcours de soin, ne pas les abandonner. »

« Je sais gérer la révolte, témoigne Nathalie Le Petit. Mais j’ai du mal à gérer la sidération des parents, les couples qui ne sont pas capable de parler, qui sont dans un autre temps. »

« Il faut avoir le ressort intérieur de l’inventivité, conseille Françoise Gonnaud. J’ai réussi à m’appuyer sur le témoignage d’autres parents pour les orienter. On sort de cette sidération. Ce champ du possible est vraiment très précieux. »

Laure Martin

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