Les soignants face à la souffrance psychique de la personne âgée

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Prévenir l'évolution possible vers une souffrance psychique durable, en prévenir l'apparition ou l'installation sans attendre une situation de crise... Cela fait partie des nouvelles recommandations de bonnes pratiques professionnelles de l'Agence nationale de la qualité des établissements et services sociaux et médiaux-sociaux (ANESM). 

Les soignants face à la souffrance psychique de la personne âgéeEn 2010, les suicides représentaient 28% des cas de décès chez les plus de 65 ans, et 40% chez les 85-94 ans, rappelle l'ANESM qui souligne que les personnes âgées constituent "une population vulnérable face au risque suicidaire".

Quant à la "souffrance psychique des personnes âgées et ses différentes formes d'expression [...] elles sont encore souvent banalisées. Pourtant, rappelle l'agence, la dépression des personnes âgées est une pathologie et en aucun cas la conséquence d’un vieillissement normal". Son guide de recommandations pour appui, l'Anesm entend donc marquer davantage les esprits... et les pratiques professionnelles.

Élaboré autour de quatre axes - prévention continue, repérage précoce, prise en charge interdisciplinaire de la souffrance psychique, gestion des situations de crises suicidaires - le document rappelle que la qualité des prestations et la personnalisation de l'accompagnement jouent un rôle fondamental pour "atténuer ou diminuer les effets de la souffrance psychique".

l'Anesm identifie sept points pour une prévention continue réussie : confiance, personnalisation, implication des aidants, stabilité, repérage des facteurs de risque, capacités de la personne et information.

Le rôle clé de la prévention

Parmi les recommandations essentielles : mieux anticiper l'apparition d'une éventuelle souffrance psychique.

"L'avancée en âge peut être la cause de questionnements (...), voire d'une souffrance existentielle. La perte des repères ou le sentiment d'intrusion potentiellement générés par l'entrée en Ehpad ou par la mise en place d'un soutien à domicile peuvent également être sources de souffrances physiques", précise l'agence.

La prévention concerne alors "l’évolution possible vers une souffrance psychique durable qui impacte les capacités d'adaptation de la personne", indique Didier Charlanne, président de l'ANESM, dans ses commentaires.

Ce dernier insiste ainsi sur "la qualité de l'accueil" et sur la "culture du partage précoce d'informations lorsqu'une situation de souffrance est repérée, sans attendre la situation de crise" 

Développer les savoirs professionnels

"Par manque de formation, d'information ou d'outils disponibles, les professionnels peuvent  se  sentir  démunis et ne pas savoir à qui, comment, quand et pourquoi transmettre ce dont ils sont dépositaires", précise Didier Charlanne.

Par  ailleurs, "certains professionnels d’accompagnement peuvent ne pas se sentir légitimes à transmettre ce qu’ils ont repéré chez une personne âgée accueilli ou accompagnée", ajoute-t-il.

"Pour pallier à ces difficultés les recommandations sont alors de développer les savoirs professionnels par des formations spécifiques notamment sur la souffrance psychique et le risque suicidaire des personnes âgées , et de valoriser le savoir faire et le savoir-être des professionnels", recommande-t-il.

Cela passe "par la mise en place de temps de réflexion collective autour de situations sensibles voire de séances d'analyses des pratiques , en proposant une aide dans le travail de repérage mais aussi un soutien adapté aux professionnels qui en auraient besoin (notamment lorsqu'il y a eu passage à l'acte", explique le directeur de l'ANESM.

En cas de crise suicidaire enfin, les professionnels "doivent à la fois distinguer les facteurs d'urgence témoins de l'imminence d'un geste et les facteurs de dangerosité", explique l'agence. "Ils ne peuvent ni ne doivent gérer seuls la situation", affirme l'ANESM. D'où l'importance de pouvoir se référer à un protocole d'action clair.

Rédaction ActuSoins

Pour aller plus loin : les recommandations de l'ANESM

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