Chambéry : déculpabiliser les infirmières et enquêter
Alors que Marisol Touraine est venue, dimanche 5 janvier, après le décès de trois nourrissons, apporter son soutien aux familles et au personnel du service de réanimation néonatale, l'enquête cherche à remonter la piste la contamination des poches de nutrition.
Le laboratoire Marette à Courseulles-sur-Mer, dans le Calvados, est désormais dans l'œil du cyclone, l'avocat de l'entreprise ayant confirmé que ce laboratoire avait bien délivré les poches de nutrition parentérale contaminées, à l'origine du décès de trois nourrissons.
Cette révélation ne permet cependant pas d'affirmer que le laboratoire est à l'origine de la contamination. Il est en train de « procéder à des vérifications », a déclaré à l'AFP Me Matthieu Lemaire. Un laboratoire de l'Institut Pasteur mandaté en urgence par la ministre de la Santé enquête et doit remonter toute la chaîne (fabrication, assemblage, stockage, livraison…).
« On sait que le microbe en cause est une entérobactérie, germe qu'on trouve d'habitude dans le tube digestif. Il appartient à une espèce pas fréquemment rencontrée et il faut donc savoir comment il a pu se retrouver dans l'organisme de ces enfants (…) comment un germe comme celui-là s'est retrouvé dans les poches », explique le Dr Jean-Daniel Flaysakier, médecin et journaliste spécialisé dans son blog.
D'après l'hôpital, quatre nourrissons ont manifesté les symptômes d'un "choc septique" dont un a pu être sauvé in extremis. Deux autres enfants ont "reçu des poches du même lot mais n'ont pas présenté de signes cliniques, malgré leur fragilité", a par ailleurs souligné l'hôpital.
Pas d'erreur en interne
"Il est apparu que ce n'était pas par une contamination interne à l'hôpital que ces bébés étaient décédés", a expliqué Guy-Pierre Martin, directeur du centre hospitalier de Chambéry. L'unité de réanimation néonatale, qui compte treize lits et une quarantaine d'infirmières, a en effet été fermée pendant une semaine, du 12 au 20 décembre, afin de désinfecter le service. C'est donc, à l'extérieur du service, qu'un quatrième nourrisson a présenté dans la nuit du 15 au 16 décembre des symptômes semblables aux trois premiers.
"Il y a beaucoup de remise en question, de doute, de culpabilité. C'est très douloureux", a expliqué à Marisol Touraine, Corinne Crozet, cadre de santé dans ce service.
"On est là pour sauver, on sait qu'on a des imperfections. Quelque chose comme ça, c'est particulièrement difficile à affronter", a confié le Dr Michel Deiber, responsable du service qui a indiqué s'être déjà "permis de déculpabiliser les infirmières du service" car "on a trouvé des poches parentérales qui ne sont jamais rentrées dans le service et qui étaient contaminées".
L'ensemble des poches du même lot ont été retirées, a indiqué Marisol Touraine.
Cyrienne Clerc
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Ce qui serait intéressant c’est de savoir s’il y a d’autres poches contaminées dans d’autres hopitaux ? En tout cas cela doit être un soulagement pour l’équipe de savoir qu’ils ne sont pas responsables.
Toutes les poches du lot incriminé ont été identifiées et retirées, selon le ministère de la Santé
et toutes analysées ?
Le ministère de la santé a annoncé, lundi soir, avoir déclenché « de nouvelles inspections » sanitaires des poches alimentaires visant le site de production et l’hôpital, après celles de décembre. « L’ensemble de la chaîne fait l’objet d’investigations approfondies » – notamment les fournisseurs de matières premières, la production de la poche, le contrôle biologique du produit, le transport vers les hôpitaux, le stockage, précise le ministère de la santé.