Infirmières puéricultrices : « Nous en avons assez d’être trop gentilles ! »

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Le 13 juillet, date anniversaire du dernier référentiel de la formation voilà 30 ans, les puéricultrices se sont donné rendez-vous devant le Ministère des Affaires Sociales. En jeu ? Une revalorisation de leur profession et une réactualisation du diplôme.

infirmières puéricultrices

Manifestation des infirmières puéricultrices le 13 juillet, devant le ministère de la santé - DB

« Marisol, j'espère vous m'entendez de là où vous êtes ! » Elodie, infirmière et étudiante puéricultrice, est en colère.

Un mégaphone à la main, la jeune , recouverte de slogans, chauffe la centaine d'infirmières puéricultrices réunies en ce jour de manifestation et venues des quatre coins de la France.

Ensemble, elles scandent à tue-tête "Formation bradée, à revaloriser" ou encore "La puer en colère".

Ce que les membres de la profession demandent ? Une reconnaissance de leurs compétences et une formation adaptée aux nouveaux besoins.

Malheureusement, la réunion qui s'est tenue la veille au Ministère des Affaires Sociales et de la Santé n'a pas comblé leurs espérances. Loin de là. Au milieu des banderoles qui dénoncent une profession en colère, Sébastien Colson, président de l'Association Nationale des Puéricultrices Diplômées et des Etudiantes (ANPDE) explique : "Nous devons encore attendre le rendu d'un énième rapport avant de voir les choses évoluer. Pour le moment donc, pas de note de cadrage. Les conseillers qui nous ont reçus au Ministère, Djillali Annane et Eve Parier, nous ont dit qu'ils n'étaient pas mandatés pour le faire! Alors qui?" se demande l'infirmier puériculteur.

Pourtant il y a urgence. "Le programme sur lequel est basée notre formation date de 30 ans et est complètement obsolète : certaines pathologies comme le sida ne sont même pas abordées! A cette époque, on faisait aussi dormir les enfants sur le ventre...", rappelle-t-il.

Patricia Faivre, présidente du Comité d'Entente des Ecoles préparant aux Métiers Préparant à la (CEEPAME) insiste : "Certaines pathologies comme les malformations prénatales ont presque disparu tandis qu'on voit plus de maladies chroniques". Elle qui est également enseignante aborde ces questions malgré tout avec ses élèves, modifiant ainsi officieusement le contenu de la formation pour l'adapter aux besoins actuels.

Un métier en décalage avec sa formation

Parmi les autres manifestants, Ghislaine. Après plus de 28 ans de métier, elle estime que la coupe est pleine. "Je veux la reconnaissance de mon métier, et elle doit passer par la masterisation. On a une spécificité par rapport aux infirmières, des compétences spécifiques qui doivent être officialisées. Sans compter qu'à l'heure actuelle, je suis à mon maximum salarial. Dans 10 ans avec le même salaire, ma situation sera difficile", reconnaît cette directrice de PMI de 54 ans.

Autre point d'achoppement qui a chauffé encore un peu plus l'ambiance : les propos malheureux de Djillali Annane, qui, la veille, a qualifié les consultations puéricultrices d'"illégales", déclenchant l'ire de Sébastien Colson. "Même s'ils ont été retirés, tenir de tels propos est grave. Sans ces consultations, qui ne sont pas illégales, et que nous demandent les parents, nous serions face à un grave problème de santé publique", estime-t-il, espérant une rapide clarification.

"Le positionnement de notre métier a changé, et aujourd'hui, nous sommes en première ligne avec la responsabilité de la première consultation diagnostic qui mène, en cas de souci, à un rendez-vous avec le pédiatre", souligne Patricia Faivre. En effet, "beaucoup d'infirmières puéricultrices font des choses qui ne sont ni reconnues, ni valorisées", poursuit Sébastien Colson.

Mais à ce jour, déception dans la foule. Pas de modification du Code de la Santé pour entériner les évolutions internes de la profession. En question, les actes réservés, comme les pansements ou le renouvellement des vaccins. Là encore, il faudra que les puéricultrices soient patientes pour avoir leurs réponses. "Cette première action n'est que le début. Dès le mois de septembre si le Ministère ne fait rien, nous recommencerons. On a attendu que le gouvernement s'installe, aujourd'hui, il n'a plus d'excuse", lâche Emilie Courtois, de l'ANPDE. Amère, elle a l'impression que, même dans les plus hautes instances, on ne connaît pas la profession.

Delphine Bauer

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Réactions

3 réponses pour “Infirmières puéricultrices : « Nous en avons assez d’être trop gentilles ! »”

  1. eusebe dit :

    Et pourtant Borniche soutient la cause (au moins le master) : que va donc pouvoir-t-il faire (c’est quand même lui le boss…) ? 😉

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