Eprus : treize soignants français en route pour combattre Ebola en Guinée

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Alors que l'épidémie d'Ebola continue de faire rage en Guinée-Conakry, treize soignants, volontaires à l'Eprus, partent le samedi 1er novembre pour six semaines d'aide sur place dans un nouveau centre sur le point d'ouvrir.

Eprus : treize soignants français en route pour combattre Ebola en Guinée

©Delphine Bauer

“On a hâte de partir!, lâchent-elles d'une seule voix. On est une équipe, solidaire.” L'ambiance est bon enfant en ce vendredi midi au siège de l'Eprus (Etablissement de Préparation et de Réponse aux Urgences Sanitaires).

Pourtant, dans moins de 24 heures, les infirmières volontaires de la réserve sanitaire de l'Eprus, accompagnées de médecins, d'une psychologue, d'un ingénieur sanitaire, d'une pharmacienne, d'un épidémiologiste... embarqueront pour un vol direction Conakry.

Après quelques jours de formation dans la capitale, l'objectif sera d'atteindre la zone éloignée de Macenta, l'un des foyers de l'épidémies. “Il faut 48 heures de route pour y accéder” explique Christophe Savio, prochain médecin chef de mission. C'est dans cette zone qu'ouvrira un nouveau centre de santé, vers la mi-novembre.

Lors de la conférence de presse à l'occasion de ce départ, Antoine Perrin, chef de mission tout juste rentré livre son témoignage.

“Ce qui m'a surpris, c'est le peu d'organisations impliquées sur place, le peu de partenaires. Cela est dû à la crise et à l'inquiétude qu'elle suscite. Mais de l'autre côté, jamais je n'ai vu autant de solidarité, qui est un vrai élément d'espoir”, explique le médecin.

Après six semaines sur le terrain, il laisse donc sa place à une nouvelle équipe de treize soignants, qui ont suivi une formation complète pendant presque deux semaines, de 9h à 19h.

Pour moi, c'était une évidence”

Sandrine Belz-Hericourt, Lucile Plouvenez et Florence Malanda font partie des infirmières volontaires qui ont été sélectionnées.

Deux cents candidatures ont été envoyées, et parmi elles, la sélection a été drastique, privilégiant les personnels avec déjà une solide expérience de l'humanitaire.

“Cette formation a été super complète, explique Lucile, 28 ans, infirmière à Meulan-les-Mureaux dans les Yvelines. On a acquis des connaissances sur ce qu'est le virus, son mode de transmission, la symptologie, le traitement, la contagiosité...” Sans compter les modules pour apprendre à s'habiller, et surtout se déshabiller en réduisant les risques de contact au minium.

Pour cette réserviste Eprus depuis un an, le mail reçu pour lui annoncer que des volontaires étaient recherchés a sonné comme une évidence.

“Il est important d'aller gérer le problème à la base”, lâche-t-elle. “Ni héros, ni barjot”, est son expression favorite. “Pour moi, c'est une mission comme une autre, après tout on est des personnels de santé.”

A ses côtés, Florence, 49 ans, est d'accord. Détentrice d'un diplôme de médecine tropicale, elle sait “très bien à quoi s'en tenir sur place” et n'affiche pas d'appréhension particulière.

Même son de cloche pour Sandrine. Cette maman de deux enfants, mariée à un ancien militaire a eu moins de mal à faire passer la “pilule” à sa famille qu'à ses amis. “Il y a un manque d'information sur ce virus évident, se plaint-elle. Par exemple, il n'y a pas de transmission aéroportée”, explique-t-elle.

Toutes les trois le savent, à leur retour, elles n'auront “pas d'amis pendant 21 jours!”, plaisantent-elles. Le temps d'incubation maximum du virus, qui, une fois dépassé, les laissera absolument certaines de ne pas être contaminées.

Antoine Perrin, médecin, confirme. “Au retour, il n'est pas rare d'être fui par ses amis, ses collègues.” “Tant qu'il n'y a pas de signes, il n'y a pourtant pas d'inquiétudes à avoir, assène Sandrine. On sait qu'on doit prendre sa température deux fois par jour, on le fera”, raconte-t-elle, confiante.

“Il faut absolument dédramatiser la situation”, lâche Sandrine, afin de ne pas tomber dans la psychose.

Une formation aussi “culturelle”

Sur place, elles bénéficieront d'une combinaison ultra-moderne, à plus de 1 000 euros, qui, nouveauté, est ventilée. Gros avantage : elles ne vont plus subir la buée, et pouvoir rester plus longtemps auprès des patients.

“On respire mal et on a chaud”, reconnaît cependant Lucile. Mais la question ne se pose même pas. Pourtant, elle affirme avoir “plus de chance d'attraper le paludisme qu'Ebola”.

Autre mission sur place, au-délà du pur soin, la prise en compte culturelle de la gestion de la crise et l'aspect plus “social” de leur rôle. Lucile craint de “voir les gens mourir, surtout les enfants”, et sait aussi que les guéris restent stigmatisés dans la société.

Autre exemple : “en Afrique, les morts sont honorés, touchés. Or c'est le moment où ils sont le plus contagieux, (une vraie “bombe biologique” pour Sandrine) et il faut absolument expliquer aux familles qu'elles doivent faire leur deuil en évitant à tout prix de toucher les morts”, déclare Florence.

L'une de leur mission est donc d'expliquer avant d'agir, pour intégrer les communautés au processus sanitaire. Dernier point : la réciprocité des échanges avec les soignants locaux. “Car nous nous restons six semaines, mais eux resteront là bien après nous”, reconnaît Florence.

Delphine Bauer

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Réactions

2 réponses pour “Eprus : treize soignants français en route pour combattre Ebola en Guinée”

  1. Et sinon c’est super pénible de ne pas pouvoir lire l’article sur mobile depuis Facebook ou Safari parce qu’un énorme écran de pub qu’on arrive pas à virer (car surdimensionné et absence de x) envahit tout! Ce serait bien de corriger ce bug svp.

  2. Ils partent à 13? Faut pas être superstitieux ….

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