Rencontre avec Brigitte Ludwig, nouvelle présidente de l’UNAIBODE

Le 25 mai dernier, Mme Brigitte Ludwig a été élue présidente de l’UNAIBODE (Union Nationale des Associations d’Infirmiers de Bloc opératoire Diplômés d’Etat), succédant ainsi à Charline Depooter après neuf ans de mandat. Cette nomination, qui s’inscrit dans la continuité des travaux entamés ces dernières années par l’association, est l’occasion de revenir sur les grands chantiers en cours.

 

Infirmières de bloc opératoire, UNAIBODE

Brigitte Ludwig, présidente de l'UNAIBODE infirmière de bloc opératoire

Vous venez d’être élue présidente de l’UNAIBODE. Est-ce que cette nomination signe un nouveau départ ?

Brigitte Ludwig : J’ai fait partie du conseil d’administration pendant de nombreuses années, puis rempli les fonctions de trésorier et de vice-présidente. Cela fait longtemps que suis impliquée dans les différents dossiers et cette nomination s’inscrit dans la continuité.

Nous allons reprendre, avec le nouveau gouvernement, les travaux entamés par l’UNAIBODE ces dernières années. Ensuite, chaque président apporte sa touche, à sa manière, notamment dans les fonctionnements en interne.

Parmi les chantiers de l’UNAIBODE, quel sera votre cheval de bataille ?

Brigitte Ludwig : Aujourd’hui, un infirmier qui veut présenter l’école d’IBODE doit travailler deux ans. Nous voudrions supprimer ce délai pour que la spécialisation, à l’instar des puéricultrices, soit accessible en continuité d’études. Cela faciliterait l’accès à la formation pour les étudiants.

Nous avions eu un accord de principe du précédent gouvernement, ainsi qu’un avis favorable du conseil des professions paramédicales, mais aucun décret d’application n’a encore été publié.

Où en est le projet de Master pour les IBODE ?

Brigitte Ludwig : Il nous avait été proposé un cadrage “Master 1 et demi” que nous avons refusé (rapportant 90 ECTS au lieu de 120). A ce jour, nous n’en avons toujours pas. Un livret de VAE a déjà été rédigé et le référentiel de formation est quasiment prêt.

Il nous manque une décision du gouvernement avant de commencer à travailler avec les universités.

Pensez-vous qu’un Master pourrait donner envie aux infirmiers de bloc de se spécialiser ?

Brigitte Ludwig : Oui, mais le vrai problème aujourd’hui, c’est qu’il n’y a pas d’exclusivité de compétences pour l’IBODE. Pour donner envie, il faudrait qu’être IBODE donne la possibilité de faire plus d’actes, qu’il y ait une valorisation de la formation. Il faudrait également envisager une évolution possible, par exemple vers des métiers intermédiaires de pratiques avancées, comme “l’assistant chirurgie”, pour développer encore sa pratique.

A ce jour, un IBODE coûte plus cher et n’a pas d’exclusivité de compétences. Pour quelle raison un gestionnaire ou un chirurgien l’embaucherait ?

Brigitte Ludwig : L’aspect qualité, la polyvalence des IBODE, leur faculté d’adaptation, leur réactivité, leurs connaissances… Effectivement, nous souhaiterions réaliser des actes de pratique avancée qui, aujourd’hui, sont du domaine chirurgical (mise en posture chirurgicale, aide opératoire…). Il pourrait exister des actes que le chirurgien pourrait prescrire uniquement aux IBODE.

Cela permettrait une activité plus fluide, plus importante : par exemple un IBODE pourrait suturer la peau pendant que le chirurgien reprend ses consultations ou opère dans un autre bloc.

Pensez-vous obtenir cette exclusivité de compétences ?

Brigitte Ludwig : Le syndicat des chirurgiens hospitaliers s’est montré en faveur, sur le principe, des actes “sous exclusivité d’exercice”. Nous attendons actuellement un rendez-vous avec la nouvelle ministre de la Santé, Marisol Touraine ainsi qu’un entretien avec François-Xavier Selleret, le directeur de la DGOS, qui avait déjà fait avancer les choses à ce sujet.

Nous sommes déterminés et allons poursuivre le travail entamé, mais nous ne pouvons plus perdre de temps : les formations sont aujourd’hui en danger, certaines écoles ayant déjà fermé.

Pour aller plus loin :

Les trois grands chantiers de l’UNAIBODE :

• La suppression des deux années d’expérience avant l’accès à la formation

• La mise en place d’un Master 2

• L’obtention d’actes sous exclusivité d’exercice

Le site Internet de l’UNAIBODE

 Propos recueillis par Stéphane Desmichelle

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Réactions

4 réponses pour “Rencontre avec Brigitte Ludwig, nouvelle présidente de l’UNAIBODE”

  1. mandragore dit :

    Ici comme ailleurs nous n’aurons manifestement pas de réponse de l’UNAIBODE.

    Tant pis …

  2. moutarde dit :

    Pas d’exclusivité de compétences ? Donc, le bloc reste accessible aux DEI…

    Cette course aux pratiques avancées qui ressemble de plus en plus à une course à l’échalotte, initiée par les quelques mêmes individus appartenant aux sociétés infirmières dites savantes, l’ordre illégal (pas d’élections/prorogation par décret ministériel du cnoi…), des syndicats professionnels, réseaux infirmiers libéraux bafouant l’indépendance professionnelle des IDE et le principe du libre choix du praticien, les organismes officiels telles les commissions paritaires CPAM, ARS, URPS) sans oublier le très souriant hénart ? qui risque d’être dépité à défaut d’être député ainsi que ses afficionadi (cadet, berland,…etc).

    Donc ces pratiques avancées et responsabilités qui vont avec, pour :

    Quelle reconnaissance pour les IBODE ?

    Quelle reconnaissance salariale ?

    Quelle couverture assurancielle et supportée par qui ?

  3. mandragore dit :

    – En quoi, très concrètement la suppression des deux ans de pratique va faciliter l’accès à la formation ?

    – Comment financer les études de ces étudiants IBODE qui sortiront du DEI pour rentrer directement à l’école ? Y a t’il tant de candidats qui sont motivés pour devenir IBO dès leur DEI, mais qui ne le sont plus deux ans plus tard ?

    – l’externe/interne/IDE qui suture pendant que le chir fait autre chose, c’est une pratique qui existe déjà. Il n’y a aucune fluidité supplémentaire à attendre de là.

    – L’UNAIBODE demande que la « mise en posture opératoire » soit du domaine d’exclusivité des IBODE. en pratique, dans beaucoup de bloc ce sont déjà les IBO qui mettent le patient en position en attendant le chir. Mais la responsabilité en incombe conjointement au chir et au MAR. Faut il être complètement cinglé pour demander à assumer cette responsabilité ?

    Cette dame se rend t’elle compte qu’ainsi toute complication imputable à la posture incombera intégralement à l’IBO ? Et qu’on peut compter sur les chir pour leur charger la mule !

    Aujourd’hui, les IBO ont le choix d’accepter « la mise en posture » ou de refuser. En tous les cas, c’est aujourd’hui le chir et le MAR qui assument les risques liés. Demain, grâce à l’UNAIBODE, les IBO n’auront plus le choix de refuser, et en plus toute complication leur retombera intégralement sur la gueule.

    Merci l’UNAIBODE ….

  4. Lucia dit :

    Oh! Mais c’était mon ancienne cadre de bloc 🙂 sans aucun doute une personne de qualité, qui me semble parfaite pour remplir cette nouvelle fonction!

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