Infirmiers libéraux : une plateforme dédiée à la déclaration des AES

Une nouvelle plateforme WebAES-ville recensant les accidents d’exposition au sang (AES) auprès des infirmiers libéraux a été mise en ligne début décembre. Objectif : recueillir des données afin d’orienter les recommandations de bonnes pratiques.

Infirmiers libéraux : une plateforme dédiée à la déclaration des AES

© stockfour / ShutterStock

Créée à l’initiative de l’Ordre national des infirmiers (Oni), du Centre d'appui pour la prévention des infections associées aux soins (Cpias) Bourgogne-Franche-Comté et du Groupe d'étude sur le risque d'exposition des soignants aux agents infectieux (Geres), la plateforme WebAES-ville vise à recenser et à détailler les conditions de survenue d’un AES.

L’infirmier libéral (idel), qui se connecte de manière sécurisée (Pro Santé connect) à la plateforme via son numéro du Répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS) et son adresse email, doit répondre à un questionnaire détaillé afin de renseigner : les circonstances de l’accident (date, heure, lieu, soin en cours, etc.), le matériel en cause, la prévention (port de gants, disponibilité d’un collecteur, etc.), les informations sur le patient source ou encore la réaction à l’accident (soins immédiats, évaluation des risques auprès d’un médecin, traitement prescrit, etc.).

Répondre à des obligations réglementaires

La dernière enquête de l’Oni sur les AES publiée en 2018 avec les données de 2017, révélait que 62 % des infirmiers interrogés avaient été victimes d’un AES, dont 35 % de libéraux.

« Néanmoins, avec cette enquête, nous avons constaté une sous-déclaration des libéraux sur le sujet, pointe du doigt Patrick Chamboredon, président de l’Oni. Les idel restent isolés dans leur exercice professionnel, ils peuvent parfois minimiser une situation, donc sous-déclarer des AES. »

Depuis cette enquête, de nouvelles missions impliquant l’usage de coupants et de tranchants ont été confiées aux idel, génératrices de risques dans leur pratique.

De plus, davantage d’infirmiers sont inscrits à l’Ordre. Les données ont nécessairement évolué. Par ailleurs, des dispositions réglementaires imposent une surveillance accrue des soignants dans ce domaine.

C’est le cas avec la directive européenne du 10 mai 2010, qui porte application de l’accord-cadre relatif à la prévention des blessures par objets tranchants dans le secteur hospitalier et sanitaire, transposée dans le droit français en 2013.

Plus récemment, la Stratégie nationale 2022-2025 de prévention des infections et de l’antibiorésistance soutient, dans son axe 3, le renforcement de cette prévention dont celle contre les AES.

« La surveillance d’établissements de santé volontaires, effectuée de 2002 à 2015 par Santé Publique France, a permis de démontrer que dans le cadre d’une surveillance dédiée, il était possible de proposer des offres de formation, de promouvoir le port des Équipements individuels de protection (EPI), d’encourager à l’usage de matériels de sécurité, de réajuster des organisations, donc de diminuer l’incidence des AES », fait savoir le Dr Nathalie Floret, médecin de santé publique hygiéniste, responsable du CPias Bourgogne Franche-Comté. L’ensemble de ces éléments conjugués ont renforcé notre volonté de mettre cette plateforme à disposition des idel afin de mieux connaître leur pratique et dépasser les enseignements d’enquêtes ponctuelles pour disposer d’une masse critique. »

Disposer de données fiables

La récolte de données vise à disposer de données fiables en lien avec les remontées du terrain, pour ensuite cibler des actions de prévention à instaurer pour réduire les risques et la survenue des AES.

« La mission de l’ONI est de les collecter et de les objectiver afin de porter la problématique différemment et proposer des solutions aux idel pour leur prise en charge, souligne Patrick Chamboredon. Il faut une convergence des droits des infirmiers sur le sujet. Avec ces informations, les syndicats pourront également agir pour demander que du matériel davantage sécurisé soit remboursé. »

En questionnant leur pratique et la survenue de l’AES, les instigateurs de la plateforme, entendent aussi faire en sorte que les idel ajustent leur façon de travailler pour limiter les risques d’être de nouveau exposé. 

Sur la plateforme de saisie, une boîte à outil est disponible, permettant de transmettre, pour chaque région, les coordonnées des personnes ou des structures que les professionnels peuvent solliciter pour une évaluation du risque à la suite d’un AES.

Depuis la mise en ligne de l’outil, sept AES ont été déclarés par des idel. Le défi est désormais de faire connaître l’outil, financé en partie par l’Oni qui a conventionné avec le CHU de Besançon, hébergeur du CPias.

Adresse de la plateforme : https://aes-ville.chu-besancon.fr/

Laure Martin

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