Fini les MSP et les stages notés, depuis la rentrée 2009, les étudiants infirmiers ont inauguré un programme nouvelle formule qui modifie profondément le déroulé des trois ans et demi d’études.
Comme tous les changements, celui-ci ne va pas sans peine. “On se disait que ça allait poser des problèmes, et bien c’est encore pire que ce qu’on imaginait” raconte Claudine, infirmière en chirurgie. “On a l’impression que les stagiaires ne sont pas motivés ni curieux, on sent un réel changement par rapport, par exemple, aux 3eme années qui sont en stage en même temps mais par contre sont notés”. Une opinion largement partagée dans les services.
Un tutorat complexe à mettre en œuvre
“C’est vrai qu’il y a beaucoup d’inquiétude, la charge de travail ne diminue pas, les conditions d’exercice sont de plus en plus difficiles et on demande encore un effort d’encadrement” explique Isabelle Belle, formatrice en IFSI dans le Bas-Rhin et titulaire d’un master en Ingénierie de la formation et des compétences. Effectivement les étudiants, qui ont des stages d’une durée de cinq à quinze semaines, doivent maintenant être suivis par un tuteur en charge d’organiser leur parcours, en lien avec les autres professionnels de proximité, c’est à dire les infirmiers du service. De nombreux établissements de soins ont d’ailleurs mis en place des procédures d’encadrement et commencent à former des tuteurs. Reste maintenant au Ministère à prendre la décision de valoriser les heures effectuées au titre du tutorat.
Une nouvelle logique d’évaluation
Quant à l’évaluation elle s’inscrit maintenant dans une logique de compétences à acquérir et à valider. Tout au long de leur parcours d’apprentissage les étudiants ont dix compétences articulées autour de trois thématiques (comprendre, agir, transférer) à assimiler. Pour assurer le suivi des acquis ils disposent d’un porte-folio “qui est particulièrement long à remplir et nous pose problème car quand on valide une compétence elle est considérée comme définitivement acquise” s’exclame Ghislaine le Blevec, surveillante dans un service d’orthopédie et de chirurgie générale. “Ce n’est pas tout à fait exact” rétorque Isabelle Belle : ” Les étudiants doivent être évalués plusieurs fois pour une même compétence sur des soins distincts et dans des disciplines différentes. Et la validation se fait par une commission” précise-t-elle.
“on ne peut pas dire qu’ils sont moins bons qu’avant”
Comme quoi, il existe encore de nombreux points à clarifier entre services et IFSI. Du travail pour les formateurs qui deviennent référent d’un terrain de stage et doivent contribuer à l’information des professionnels et à l’acceptation des étudiants qui eux aussi essuient les plâtres. “Pour le moment mon premier stage ne s’est pas très bien passé, j’avais l’impression d’être complètement perdue et de ne pas savoir me situer par rapport à l’équipe qui n’était pas forcément très avenante” raconte Alexia. Pour autant nombreux sont les infirmiers qui ont du se dire la même chose lors de leur premier stage. “La réforme de 1992 a été durement critiquée aussi. Depuis les infirmiers ont un autre profil mais on ne peut pas dire qu’ils sont moins bons qu’avant. Je pense qu’il en sera de même pour cette nouvelle génération” conclut Isabelle Belle.
Joël Ignasse
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