Suppression du concours d’entrée en IFSI : des heureux et des mécontents

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L’annonce de la suppression du concours d’entrée en IFSI, annoncée le 5 juillet 2018 par Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, et Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, satisfait ceux qui la réclamaient mais ne fait pas que des heureux. Les modalités d’admission, via la plateforme Parcoursup, sont actuellement en discussion.

La Fédération nationale des étudiants infirmiers (FNESI) et le Comité d’entente des formations infirmières et cadres (CEFIEC), qui ont participé aux travaux préparatoires de ce changement, le saluent. Pour Ludivine Gauthier, présidente de la FNESI, la suppression du concours et le transfert du processus d’admission en IFSI par la plateforme Parcoursup, constitue une « avancée pour les étudiants et leurs familles ». Elle considère que cela rétablit « l’égalité des chances » entre les candidats en réduisant considérablement les frais liés à l’inscription à plusieurs concours, ceux correspondant aux déplacements et au logement pendant les épreuves écrites et orales dans plusieurs écoles et le coût de l’inscription à des classes préparatoires, souvent privées.

Plus d’égalité

Le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) voit aussi dans cette « révolution » une nouvelle marche vers l’universitarisation et une reconnaissance des compétences des infirmiers mais il la considère aussi comme inquiétante. Le syndicat « exige » en effet que le processus d’admission comprenne toujours un oral (une demande non partagée par la FNESI). Selon lui, le SNPI, l’admission ne peut faire l’économie d’un entretien, comme il en existe pour d’autres formations concernées par Parcoursup. Ce « filtre humain » permet en effet, estime le syndicat, de « déceler certains comportements ou discours incompatibles avec la profession » et le contact avec des patients, mais aussi de « repérer des pépites dans le flot des candidats et leur donner une chance même si leur dossier peut être moyen ».

Une préoccupation partagée par la Coordination des étudiants et enseignants en santé. Yves Rival, son porte-parole, regrette que les professionnels et les étudiants n’aient pas été davantage consultés sur cette réforme, ce qui aurait conduit à l’écarter. Surtout, il craint fort que le passage de l’admission par Parcoursup ne conduise à une uniformisation des profils des étudiants en se basant davantage sur leur dossier scolaire que sur leur motivation et leur appétence pour le métier. « C’est ce qui s’est passé il y a deux ans pour les kinés, observe-t-il. La profession en pâtira à long terme, il y aura plus d’abandon du métier, voire des études. » Et le porte-parole de la coordination d’ajouter : « Ce métier est spécial. C’est un métier-passion. Si on veut tenir, il faut vibrer dès le départ. Etre infirmier ne s’improvise pas, l’IFSI n’est pas une voie de garage. » Un éventuel entretien permettra peut-être de résoudre cet écueil.

Mais Ludivine Gauthier se veut rassurante : « il y aura des modalités de classements des candidatures. Il est hors de question qu’on privilégie un bac plutôt qu’un autre ». En arrivant dans Parcoursup un an après sa mise en œuvre, « on ne fera pas les mêmes erreurs » observées cette année, pense-t-elle. Et le fait de mutualiser les dossiers par territoire universitaire devait rendre possible selon la présidente de la FNESI leur examen effectif par les jurys : « au lieu d’avoir 4000 dossiers par IFSI, on en aura par exemple 400 par territoire ». Cependant, les modalités d’admission ne sont pas encore définies…

Craintes des prépas privées

La commission Santé de la Fédération nationale de l’enseignement privé, s’insurge pour sa part contre la suppression du concours et et la « brutalité » de son annonce, effective sans délai… alors qu’il aurait eu l’assurance que le concours serait maintenu en 2019, indique Claude Lopez, responsable de la commission. Et que des milliers d’étudiants sont déjà inscrits dans leurs classes préparatoires, ont prévu leur logement pour la rentrée… Aussi, il estime que la suppression du concours -et donc, potentiellement des classes préparatoires- conduira à la fermeture de certaines écoles et, tout au moins, à la suppression de 930 à 950 postes d’enseignants et de personnels administratifs. Quelque 200 écoles privées proposent des préparations, qui regroupent quelques 8000 élèves. « Notre seul espoir, ajoute Claude Lopez, c’est qu’un contenu réel soit mis derrière concept de « valorisation » » évoqué par les ministres au sujet de la prochaine année de prépa.

Olivia Dujardin

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Voir les commentaires (250)

  • Bonjour

    Bien que cet article date de 2018, en tant que membre d'une association accompagnant des personnes atteintes de maladies chroniques, je me questionne sur le recrutement des futurs professionnels de santé. En effet, que ce soit le métier d'IDE, de psychomotricien, d'ergothérapeute, d'AS, d'orthoptiste, de plus en plus de formations font l'objet d'un recrutement via PARCOURSUP.

    Cette décision est scandaleuse pour la sécurité du patient. En effet, comment peut-on sélectionner des aspirants professionnels de santé à l'aide d'un algorithme ? Un algorithme est-il capable de déceler :

    - des troubles psychologiques d'un candidat pour ne pas dire psychiatrique (Bipolarité, perversité)
    - la motivation du candidat et ses qualités humaines (empathie, capacité de supporter la souffrance)
    - les capacités cognitives du candidat.

    Aussi, avec PARCOURSUP, il y a un risque de générer un homogénéisation dans le choix des candidats avec une volonté de rapprocher davantage la formation d'IDE vers l'Université (Bac S, 1re année de médecine ; ils ont leur place en IFSI mais ce qui fait la richesse d'une formation, peu importe le métier d'ailleurs, c'est la richesse des parcours)

    Je prône une sélection drastique pour tout métier lié aux soins, du médecin en passant par l'AS, à l'instar des policiers & enseignants. Les policiers sont sélectionnés à l'aide de psychologues, idem du côté de l'éducation nationale. C'est la moindre des choses !

    Espérant que la sélection via PARCOURSUP soit définitivement supprimée pour les professionnels de santé.

  • S'inscrire dans un processus d'universitarisation des études en soins infirmiers, nous sommes nombreux, étudiants comme IDE, à le réclamer depuis de nombreuses années. Cette réforme va dans le bons sens car elle répond à une demande forte et répétée.
    Mais la faire ne suffit pas. Encore faut-il aller jusqu'au bout pour en définir les modalités d'application. Ensuite, il sera temps de faire le point sur son efficacité avec un peu de recul.

    • Bonjour Wiwi,

      Ainsi, vous pensez que sélectionner un candidat pour exercer un métier lié aux soins à l'aide d'un algorithme est une méthode judicieuse ?

      Je pense l'inverse. Parcoursup représente selon moi un danger pour la sécurité des patients. Peut-on par exemple tolérer en tant que patient d'être soigné par un maniaco-dépressif, un bipolaire ou tout simplement, par une personne qui ne fait pas preuve d'un minimum d'empathie ?

      En tant que patient, c'est vrai, je suis demandeur d'un soin de qualité...mais l'empathie et l'écoute, c'est un minimum (sans avoir une vision angélique des relations humaines, je ne pense pas que les IDE doivent être des bonnes soeurs, loin de là).

      Pensez-vous que Parcoursup puisse détecter tout cela ? J'espère sincèrement que le concours sera rétabli. Il en va de la sécurité et du bien-être (ca va ensemble) du patient.

  • La formation nous apprend la base pour etre infirmier et avoir une évaluation clinique. Mais se sont les patients, le terrain, vivre des alliances thérapeutiques, le travail en collaboration, le travail d équipe qui font de nous de vrai infirmier. La formation n est que la 1ere étape restons humble... gardons en tête surtout pourquoi on veut faire ce métier et pourquoi on continue à le faire...

  • Je pense que le gouvernent est a côté de la plaque!! Je pense que les conditions d'accès aux ifsi avec ou sans concours n'est pas la priorité à traiter pour la profession. Il y a des problématiques de bien plus grande ampleur !!

    • Je ne remet pas en cause la formation. Je suis issue de la nouvelle!! Je crains seulement que les mauvaises représentations déjà établies sur les nouveaux diplômés soient accentuées!

    • Chamayou Aurelie en effet ok entend beaucoup dire que la nouvelle réforme amené de moins bons infirmiers..... mais ce n'est pas le concours qui fait l infirmier mais la formation et la formation elle ne change pas donc pas de panique pour ces futurs diplômes :)

    • Mais je souhaite que cette réforme soit une réussite!!!! Je le souhaite sincèrement. Par contre il va falloir s'accrocher les nouveaux...car moi je suis issue de la nouvelle formation et nous sommes mal considéré sur le terrain ( on est moins bon il paraît) alors les nouveaux qui vont arriver sans concours et bien bon courage !! En ce qui concerne votre remarque sur le fait de polémiquer il me semble que je vous trouve bien impliqué dans la discussion pour faire des remarques. Et puis fb c'est la liberté d'expression et des opinions cepandant rien ne vous oblige de les lire . ? pour finir, j'aime profondément mon métier et je m'inquiète pour notre qualité de travail dans l'avenir, je crains que nous passions d'une formation proffessionnalisante indispensable pour notre travail a une formation universitaire en décalage avec la réalité des difficultés de la profession. Bonsoir!!

    • Il y a bien d'autres problématiques nous sommes d'accord ! Mais chaque problématique n'est pas traités par les mêmes acteurs : Ceux qui traitent du sujet de la suppression du concours infirmiers et de l'intégration à l'université de son pas DU TOUT les personnes qualifiés pour traiter de la suppression de postes par exemple.

      Faut arrêter de polémiquer sur n'importe quoi H24 ! Oui il y énormes autres problèmes on est d'accord, mais on a la possibilité de changer des choses faisons le.

    • Il y a bien d'autres problématiques nous sommes d'accord ! Mais chaque problématique n'est pas traités par les mêmes acteurs : Ceux qui traitent du sujet de la suppression du concours infirmiers et de l'intégration à l'université de son pas DU TOUT les personnes qualifiés pour traiter de la suppression de postes par exemple.

      Faut arrêter de polémiquer sur n'importe quoi H24 ! Oui il y énormes autres problèmes on est d'accord, mais on a la possibilité de changer des choses faisons le.

  • Ca changera rien, ca sera tjs des formateurs qui n'ont pas mis les pieds à l'hosto depuis 20 ans qui feront les selections, nan?

  • Pour ma part j'ai raté le concours d'entrée en France, direction la Belgique avec un entretien de motivations. Maintenant ils ont complété cet entretien.
    Le concours actuel est du grand n'importe quoi enrichant les sites de préparation.
    Reste à voir la méthode de sélection maintenant. Et cela est il valable pour les écoles privées ?