La vaccination par les pharmaciens : un sujet brûlant de discorde

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Une pleine page dans le quotidien Le Monde, signée de l’ONI, pour défendre les compétences infirmières en matière de vaccination. Trois syndicats, la FNI, CI et l’ONSIL, qui claquent la porte du CNPS (Centre National des Professions de Santé) pour dénoncer les clivages professionnels et l’absence de dynamique interprofessionnelle et même d’échange « entre professions doctorantes et auxiliaires médicaux ». Pour la profession infirmière, l’initiative parlementaire dans le cadre du vote du PLFSS destinée à autoriser les pharmaciens à vacciner, est la goutte d’eau de trop.

Le Monde daté du 27 octobre 2016

« Depuis plusieurs années, régulièrement, l’Ordre écrit à la Ministre, à ses services, à la Caisse nationale d’assurance maladie pour demander qu’on reconnaisse le rôle majeur des infirmiers, qu’on élargisse le champ de la vaccination infirmière, qu’on rémunère correctement nos actes. En vain. Et la seule réponse apportée est que l’on veut permettre aux pharmaciens de vacciner… Nos compétences, notre rôle sont méconnus », s’offusque le conseil national de l’Ordre des infirmiers, qui vient de publier une lettre ouverte à Marisol Touraine dans Le Monde (voir le texte ci-dessous)

« L’Ordre a décidé que la voix des infirmières et des infirmiers devait se faire entendre, donc être portée directement via le quotidien le plus lu dans les cercles du pouvoir », explique Karim Mameri, secrétaire général de l’ONI.

Alors que la « vaccination est un acte infirmier par excellence », « depuis 2008, le Gouvernement cantonne le rôle des infirmiers à la seule vaccination antigrippale et seulement pour les personnes âgées de plus de 65 ans ou atteintes de certaines pathologies chroniques », rappelle l’ONI, dans cette lettre ouverte ouverte.

« Pourquoi se priver du rôle majeur que peut jouer dans l’amélioration de la couverture vaccinale la profession de santé la plus nombreuse (600000 professionnels dont 100 000 infirmiers libéraux se rendant quotidiennement au domicile des patients…) », questionne-t-il, estimant qu« on oublie ou on méconnait nos compétences et notre rôle ».

Trois syndicats infirmiers quittent le CNPS

Pour les trois syndicats représentant les infirmiers libéraux au CNPS, « la rupture est consommée ». Ils dénoncent « les clivages professionnels qui y règnent et qui compromettent toute véritable dynamique interprofessionnelle et intersyndicale ».

Deux évènement ont mis le feu au poudre : tout d’abord,« la constitution récente et surprenante du « collectif santé 2017 » (…) Composée des ténors du CNPS (CSMF, SML, FSPF, LEM) cette plateforme s’est donnée pour objectif de porter les sujets santé « d’une seule voix » sur le terrain de la campagne présidentielle en écartant, sans concertation préalable, les infirmières libérales au profit de la FNEHAD, ramenant de fait ces dernières au rang de prestataires au service de l’HAD », écrivent les trois syndicats.

Le manque de concertation sur la vaccination est venue se surajouter : « comment comprendre, que le fait d’étendre les prérogatives des pharmaciens à la vaccination ne soit pas abordé et débattu au CNPS lorsqu’en revanche, la simple évocation des pratiques avancées infirmières dans la loi Touraine, suscite un tollé des médecins évoquant le retour des officiers de santé », demandent la FNI, CI et l’ONSIL.

« Plus grave, les infirmières libérales se trouvent associées à des positions qui vont à l’encontre de leurs intérêts. Comme dans le cas de l’HAD, mais pas seulement », expliquent-ils.

« Au moment où la loi Touraine,  (…) induit des clivages évidents entre les professions médicales, les pharmaciens et les auxiliaires médicaux, on attendait du CNPS qu’il favorise le dialogue et la collaboration interprofessionnelle pour exercer un contre pouvoir face aux velléités d’étatisation de la médecine de ville sur fond d’hospitalo centrisme. Force est de constater aujourd’hui que le CNPS s’est gravement écarté de ses fondamentaux », estiment-ils, en expliquant leur geste de rupture.

La FNI, CI et l’ONSIL sont convaincus « que les professions non médicales ont tout intérêt à se regrouper dans un collectif interprofessionnel autour de valeurs communes ». L’objectif est donc de fonder une nouvelle organisation dont la première action serait de « demander une modification du livre 3 du code de la santé publique afin de remplacer les mots « auxiliaires médicaux » par « praticiens de santé » ».

Une action, certes symbolique, mais qui montre à quel point la profession qui a décidé de s’unir pour manifester le 8 novembre réclame une reconnaissance de son rôle et de ses compétences. 

Cyrienne Clerc

 

Lettre ouverte parue dans Le Monde daté du 27 octobre

Madame la Ministre des affaires sociales et de la santé,

La couverture vaccinale marque dangereusement le pas dans notre pays. Tout le monde en convient. Ainsi, lors de la campagne 2015-2016 contre la grippe, seulement 48% des assurés à risque se sont fait vacciner alors que l’OMS préconise une couverture de 75%.

Les pouvoirs publics et les professionnels de santé que nous sommes s’en émeuvent à juste titre et recherchent des solutions. Comment atteindre et convaincre ces millions de citoyens qui se détournent de la vaccination par ignorance voire par défiance ?

Nous vous demandons d’écouter ce que les infirmières et infirmiers de notre pays ont à vous dire.

Appuyez-vous sur nous. Nos compétences et notre expertise en matière de vaccination ne sont pas à démontrer. Ne cherchons pas des solutions de circonstances mais construisons une grande stratégie vaccinale en prenant appui sur les personnes compétentes !

Notre sentiment est qu’avec l’habitude de la présence rassurante et professionnelle des infirmières et infirmiers dans nos hôpitaux, nos cliniques, nos écoles, nos entreprises, au domicile, on oublie ou on méconnait nos compétences et notre rôle.

Oui, la vaccination est un acte infirmier par excellence ! Notre formation et notre cadre légal d’exercice nous placent en première ligne dans ce domaine aux côtés des médecins et des sages-femmes. Toute infirmière ou infirmier y est parfaitement formé tant en théorie qu’en pratique.

A cet égard, le législateur en 2008, n’avait-il pas décidé de nous ouvrir le droit de pratiquer la vaccination hors prescription médicale ?

Pourtant depuis 2008, le Gouvernement cantonne le rôle des infirmiers à la seule vaccination antigrippale et seulement pour les personnes âgées de plus de 65 ans ou atteintes de certaines pathologies chroniques. Ainsi, par exemple, nous ne pouvons vacciner l’entourage de la personne âgée alors que la santé publique l’exigerait. Et pourquoi ne pas élargir notre rôle à d’autres vaccins à l’instar des sages-femmes ?

Malgré les demandes répétées de l’Ordre national des infirmiers, cet appel à l’élargissement de la couverture vaccinale dans notre pays n’a pas été entendu jusqu’alors. Un simple décret suffirait pourtant.

Pourquoi se priver du rôle majeur que peut jouer dans l’amélioration de la couverture vaccinale la profession de santé la plus nombreuse (600000 professionnels dont 100 000 infirmiers libéraux se rendant quotidiennement au domicile des patients dans l’ensemble des territoires) ?

Nous, infirmières et infirmiers, attendons de vous, Madame la Ministre, la reconnaissance de nos compétences et leur utilisation afin de servir au mieux la santé de nos concitoyens.

Voir les commentaires (111)

  • Ôu sont les economies qd une injection infirmiere est à 3,15 ? Les pharmaciens seront donc payés encore moins ? MON OEIL !!!!
    Pour les had, faites comme nous, refusez les soins !!

  • Bonjour,
    Je pense que dans ces conditions rien ne nous empêche de fournir au patients dont nous avons la charge, l'ensemble des fournitures nécessaires à nos soins, sur la base de ce qu'il nous est autorisé de prescrire au décours d'une prescription médicale.
    Quant à l'argument qui consiste à croire que la couverture vaccinale va augmenter car la population ne se vaccinerait plus fait des difficultés d’accès chez le médecin, cela témoigne de la rupture qu'il existe entre nos élites dirigeantes (de ''droite'' comme de ''gauche'') et la population générale.

  • He ! Ho ! Madame MST ? On oublie pas un petit détail là ? Les infirmières libérales prennent en charge des patients, qui, bien que dépendants, bien que malades, sont tout de même capables de se rendre ou de se faire amener à la pharmacie. Or, ces patients bénéficient de “séances de soins infirmiers”, facturés en AIS. 3 AIS équivalent à 1/2 heure de soins infirmiers où tout es compris dans le forfait : soins d’hygiène, injections, surveillance des constantes, pansements simples, distribution et préparation des médicaments etc… etc… Et bien sûr le vaccin contre la grippe ! Or, que je sache, dans la nomenclature il est bien stipulé que le cumul entre AiS et AMI (les actes techniques) et formellement interdit. En d’autres termes, on ne peut pas facturer un vaccin anti-grippe à un patient qui bénéficie d’une prise en charge en AIS. Donc, si mon brave patient, trainant sa prothèse de hanche, se rend à la pharmacie pour récupérer son vaccin et que son non moins brave pharmacien lui propose de le vacciner en moins de deux, tandis que l’infirmière vient de passer une demi-heure à le laver, le surveiller, panser ses plaies et vérifier son traitement, qu’en sera-t’il de l’interdiction de ce fameux cumul ? Pfffftttt… Parti en fumée ? A moins que la CPAM refuse de payer l’un des deux (l’infirmier ou le pharmacien) sous prétexte de cumul non autorisé ? Hein, MST ? Lequel des deux ? Ce serait un comble que cela soit l’infirmier… Mais il ne faut plus s’étonner de rien….

  • Moi j vais deja remettre une lumiere dans la descente de la clinique qui est cassee depuis 6 ans... ca evitera qu on se casse la gueule toutes les 5 minutes..

  • Et oui une fois de plus les infirmières se font berner après les soins de nursing par les auxiliaires de vie voir des soins plus technique Voila les vaccins par les pharmaciens bientôt on fera le ménage chez nos patients et ds les pharmacies lol !!!on ne sait pas se défendre on laisse notre métier mourir