Hospitalisation à domicile : une organisation à revoir ?

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Les représentants des syndicats d’infirmiers ont été entendus le 18 mai par les députés dans le cadre de la Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale (MECSS) qui porte sur l’Hospitalisation à domicile (HAD). L’occasion pour les syndicalistes de ne pas mâcher leurs mots et dire ce qu’ils pensent de cette organisation des soins.

« L’HAD connaît quelques problèmes dans son développement« , a souligné en guise d’introduction la députée socialiste Joëlle Huillier, rapporteure de la MECSS.

« On peut s’interroger sur la prise en charge des patients puisque dans certains cas, ils sont trop légers pour l’HAD. Et à l’inverse, dans d’autres cas, il semblerait que les soins dispensés aux patients soient trop lourds pour les Services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) ou les libéraux, mais en raison du manque d’HAD, il n’y a pas d’autres choix. »

« Vous avez dressé un constat qu’on ne peut que valider« , a soutenu Philippe Tisserand, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI). Selon lui, l’HAD prendrait du sens si elle ne se substituait qu’à de l’hospitalisation traditionnelle. « On relève toujours des inclusions de patients trop légers au sein des HAD », a-t-il pointé du doigt.

Réviser les critères d’inclusion

Revoir les critères d’inclusion entre l’HAD, les SSIAD et les infirmiers libéraux est une demande soutenue par l’ensemble des syndicats  car « on constate que tout et n’importe quoi est fait sur le terrain », a rapporté Thierry Amouroux, président du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), avant d’ajouter : « Surtout que l’hôpital fait face à forte injonction de développer l’ambulatoire. Et il doit aussi faire du chiffre, donc inclure des patients dans les structures d’HAD qu’il développe par ailleurs. »

Pour Elisabeth Maylié, présidente de l’Organisation nationale des syndicats d’infirmiers libéraux (ONSIL), il faudrait aller plus loin et faire en sorte qu’il revienne aux infirmiers libéraux et aux médecins traitants de décider s’ils ont ou non besoin de l’HAD. « Nous ne voulons pas que ce soit les Agences régionales de santé (ARS) ou les médecins hospitaliers, qui ne nous connaissent pas, qui décident de nos besoins », a-t-elle soutenu.

Respect du choix du patient

Autre problème soulevé par la présidente de Convergence Infirmière, Ghislaine Sicre : l’orientation des patients. « Nous avons eu de nombreuses remontées des infirmiers libéraux à propos des problèmes qu’ils rencontrent sur le terrain avec l’HAD car lors de la sortie l’hospitalisation de leurs patients, ces derniers, captés par l’HAD, partent dans une filière pour des soins qui ne sont pourtant pas nécessairement complexes comme par exemple pour des nursings simples, des piluliers ou encore des pansements. « 

Les infirmiers libéraux perdent alors leurs patients. « Les infirmières, en colère, regrettent que l’HAD vienne au lit du patient et dénoncent le fait de n’être jamais contactées », a ajouté Ghislaine Sicre.

Certains patients seraient même contraints de passer par l’HAD pour sortir de l’hôpital. « Le choix du patient, qui souhaite ou non être pris en charge par l’HAD, doit être assuré et respecté, ce qui n’est pas souvent le cas », a soutenu John Pinte, secrétaire général du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil).  

Meilleure identification

Pour que ce choix soit respecté, il peut être utile, d’après Thierry Amouroux, que l’infirmière libérale qui prend en charge habituellement le patient soit plus facilement identifiable à l’hôpital afin qu’elle soit associée à la sortie du patient.

« Aujourd’hui, nous avons l’identification du médecin référent, mais pas celle des infirmiers », a-t-il expliqué. « Or les patients ne sont pas toujours en mesure de donner les coordonnées de leur professionnelle. Il faudrait l’introduire dans le dossier patient ou dans le dossier d’admission.« 

Quant à la coordination et la continuité des soins, censées être assurées par l’HAD, les infirmiers libéraux estiment qu’il n’en est rien. Elles seraient selon eux effectuées par les libéraux souvent appelés par les structures d’HAD. « Les structures d’HAD n’ont pas suffisamment le personnel pour le faire », a rapporté Ghislaine Sicre. « Quel est alors l’intérêt de l’HAD si ce sont les libéraux qui font tout« , a conclu John Pinte.

Laure Martin

Dans le cadre de la MECSS qui porte sur l’HAD, les députés multiplient les tables-rondes. Ils ont déjà auditionné la FEDEPSAD, l’Ordre National Infirmier, puis hier les libéraux. D’autres tables rondes vont suivre.

Voir les commentaires (52)

  • J'ai travaillé en had 7ans . La collaboration avec les idel se passait très bien .évidemment c était pas le pays des bisounours ... Certaines idel demandaient le relai a l had pour raisons diverses et variées généralement . L had ou je bossais privilégiait toujours l idel en charge avant du patient pour l inclure dans la prise en charge.pour avoir discuter avec certaines, pfs l had était considéré comme des voleurs de patients .....

    • Mais ce n'est pas que l'HAD est considérée comme des voleurs de patients....il y a détournement évident de patient.

      Tout comme des PEC de patients dans le seul but de se faire de l'argent.

      Un exemple, banl, vécu: patient néo foie, nutrition par sonde gastroduodénale, facturée AMI 3, soit 9,45 euros par passage...la personne va à l'hôpital quelques jours pour des examens complémentaires, sans dégradation de son état de santé il est bon de le noter....retour domicile à condition qu'elle prenne l'HAD, elle a dit oui mais a rué dans les brancards une fois que la procédure était lançée pour que ce soit moi qui continue...

      J'allais donc brancher le patient, faire exactement la même chose qu'avant, mais l'HAD encaissait au prix for..;et aps à 9,45 euros;...

      Je ne comprends même pas que l'assurance maladie laisse faire cela.

  • Vous parlez de HAD mais vous oubliez qu'à vos côtés il y a des Prestataires de Santé à Domicile qui respectent le choix du patient et travaillent avec les IDE libéraux. Les prestataires sont trois fois moins chers au minimum que les HAD ou SSIAD et font un très bon travail. Bien sûr ils font de l'ombre à ceux qui veulent supprimer les IDE libéraux pour bientôt ne les voir travailler que sous les directives des HAD ou SSIAD. Le prestataire de santé organise les retours à domicile, livre le matériel et reste constamment en lien avec l'IDE du patient et son médecin traitant et les IDE actent leurs soins DIRECTEMENT à la caisse du patient et ne perdent pas d'argent.. Ce qui m'étonne le plus c'est que vous ne parlez jamais d'eux alors qu'ils sont vos vrais partenaires pour votre indépendance. Ne les confondez pas avec les autres.

  • L’URSSAF a engagé des procédure (TASS et pénal) auprès de UBER France pour salariat déguisé au motif qu’il existe un lien de subordination entre les chauffeurs et la société.
    Définition : « Le lien de subordination est caractérisé par l'exécution d'un travail sous l'autorité de l'employeur qui a le pouvoir de donner des ordres, des directives et les horaires, d'en contrôler l'exécution et de sanctionner les manquements de son subordonné. Le travail au sein d'un service organisé peut constituer un indice du lien de subordination lorsque l'employeur détermine unilatéralement les conditions d'exécution du travail. »
    Le chauffeur Uber est-il un travailleur indépendant ou un salarié ?
    L’IDEL qui collabore en HAD est il/elle toujours indépendant-e ? (choix patients, horaires, type d’actes, cotations, rémunération, plafond…etc, etc, etc).

  • Les syndicats IDEL n’ont pas cru devoir renégocier en ... 2012 la convention nationale de ... 2007 !
    Le protocole HAD de 2008 stipulait la possibilité de renégocier tous les ans avec la FNEHAD ... les syndicats IDEL ont laissé faire.
    Aller perdre son temps à discuter avec des parlementaires qui font le contraire de ce pourquoi ils sont élus dès le lendemain des élections : spécialité des syndicats IDEL.
    Le tout appuyé par un Ordre infirmier qui ne survit que grâce aux cotisations des ... IDEL et des sociétés infirmières.

  • On ne peut pas mettre toutes les HAD dans le même sac, mais force est de constater que la plus grande majorité s'impose sur des soins qui peuvent être réalisés par des IDEL tout en délaissant les patients les plus lourds.
    Il y a donc un réel problème sur lequel l'organisme payeur, la CPAM le plus souvent doit se pencher pour que ce type d'organisation de soins soit réellement utile.

  • Dans le sud si les HAD n'existerait pas . Beaucoup de personne dépendante se retrouverait en maison de retraite à cause du manque d'IDEL .
    Ceci dit beaucoup de HAD une très mauvaise organisation et une très mauvaise prise en charge des patients

  • Mais c'est quoi ce concours de celui qui pisse le plus loin ??? Et moi je et moi je… à l'exemple du "notre président". Recentrons un peu le débat. J'ai eu les deux casquettes salariée d'une HAD et libérale maintenant. On peut jouer au jeu de celui qui critiquera le plus fort, le plus violent, le plus méprisant etc.. Mais ça n'avancera pas le sujet. J'ai connu quand j’étais en HAD, plusieurs exemples pas très réjouissants pour l'image de blanche colombe que sont les infirmiers libéraux. On peut interpréter toutes les situations selon que l'on est d'un côté ou de l'autre Ex : Les coordinatrices lors des évaluations demandaient systématiquement si le patient avait des IDEL et combien de fois le patient leur demandait de ne pas les contacter par ce qu'il ne les voulait plus .... De la vision des IDEL l’HAD détourne le patient, « vous voyez, il nous contacte pas, on n’est pas au courant… » Alors que du côté HAD, il respecte le choix du patient. Combien de fois, l’HAD était appelé en catastrophe, parce que sur une fin de vie les IDEL ne s’avaient pas programmer une PCA …. Sur la tarification les représentants syndicaux racontent n’importe quoi, renseignez-vous avant d’avancer des inepties (250€ à 450€ pour un nursing lourd !!!) comment peuvent-ils être crédibles. Mais vous croyez réellement que les études tarifaires n’ont pas été faites. Arrêtez de ne voir que votre nombril, arrêtez de faire la promotion de ces prestataires (demandez-vous un peu la marge qu’ils se font sur leurs prestations de vente) Le business de la santé qui pue. Mais où est le PATIENT dans tout ça ?? Les IDEL n’ont pas le monopole du domicile. Recentrons nous sur notre profession INFIRMIER qu’elle soit salariée ou libérale et respectons la. Et non Monsieur Philippe Tisserand, vous ne pouvez pas être le Kalif à la place du Kalif, quelle belle image de mégalomanie vous nous avez fait là !!! Vous ne respectez aucun professionnel, vous dénigrez à tout va, les ergothérapeutes, les assistantes sociales….Et vous pensez qu’avec ces propos-là vous allez être crédible. Dégonflez votre melon ! « Le savant se tait, l'ignorant exhibe sa bêtise ».

    • Déjà, que titi aille bosser un peu...parce que aprler pour les IDEL alors qu'on n'en est pas un soi-même....pas très crédible et légitime.

      Après, pour les IDEL qui ne savent pas programmer une PCA.....en fait, certains IDEL ne veulent pas de patients lourds, les bigoudis à la mamie leur suffisent.

      Je le vois bien dans ma pratique quotidienne, dès que les PEC s'alourdissant, les rangs se clairsèment...on ne veut pas aller poser le Fortum à 22h00, et ne veut pas du patient qui a trois Saphirre, etc....mais le fait que l'HAD prenne les patients, cela est une réalité du terrain.

      Tout comme l'AS HAD qui passe vider une poche ou, exemple vécu, le patient avec une nutrition par sonde préalable (par IDEL) qui se retrouve captif de l'HAD qui subordonne son retour à la PEC HAD....l'IDEL (moi) facture un AMI3, cela m'étonnerait que l'HAD fasse de même....sans parler des délais de paiement, 90 jours au compteur....

  • Nous c'est l'horreur l'had !bon qu à apporter leur petit meuble à tiroir de matériel (que la moitié sert à rien) au début,et apres plus rien!les médecins injoignables.et se déplacer la nuit gratis non merci!!on bosse pas 24h sur 24 en libéral !moi j'ai jms compris l'intérêt de l'had ,les Ide ds la plupart des situations se débrouillent très bien seule avec le mt .c'est une organisation parallèle pour se faire du fric sur le dos des malades.

  • Je viens de bosser avec le HaD de crest , super équipe , ce n était pas la première fois je n ai jamais eu de problème

  • L'HAD de ma ville ne fonctionne pas comme ça !! On laisse le choix au patient avant son RAD , il y a une véritable collaboration avec les IDEL , IDEC et Infirmières salariées!