Emotions, pensées et soutien aux victimes, à leurs familles et aux soignants

Facebook

Aujourd’hui, les cloches sonnent à Paris, premier jour de deuil national. Paris compte ses morts et ses blessés après une série d’attentats terroristes odieux. Le dernier bilan officiel est d’au moins 129 morts et 352 blessés dont 99 en état d’urgence absolue. Des chiffres sidérants, exorbitants, presque incompréhensibles.

©Pourya Pashootan, chef de clinique à l’hôpital Saint-Louis.
La salle de réveil, surchargée

ActuSoins, comme vous tous, pense avec émotion aux victimes, à leurs familles qui, pour beaucoup ont envoyé des messages désespérés sur les réseaux sociaux à la recherche, d’une fille, d’un fils, d’un frère ou d’une soeur qui n’a toujours pas donné de nouvelles.

Ces messages seront malheureusement suivis d’autres, très rarement optimistes « nous l’avons retrouvé, merci »,  mais plus souvent d’une courte information glaçante : « elle est décédée, nous avons perdu notre fille ». 

ActuSoins pense aussi aux soignants qui se sont mobilisés en masse, avec courage, efficacité…. ont donné, encore une fois,  le meilleur d’eux même.

Un vendredi soir comme les autres

C’était un vendredi soir comme les autres, un vendredi soir doux, d’été indien. Les gens étaient nombreux en terrasse. Au Carillon, bar touché par les attentats, une dizaine d’internes de l’hôpital Saint-Louis terminaient, au fond de la salle, leur journée en buvant une bière bien méritée. Ils seront les premiers à porter secours aux victimes.

Les médecins, infirmiers, brancardiers des hôpitaux de l’AP-HP, qui étaient de jour, pensaient pour certains, profiter d’une journée de break bien méritée, samedi.

Les libéraux avaient manifesté dans la journée, bloqué les routes pour manifester contre la loi de Santé. Leur « Black Friday ». Ce fut finalement un « Red Friday ». Ils voulaient poursuivre la grève. Ils ne manifesteront pas lundi devant l’Assemblée Nationale. Pour cause d’état d’urgence, mais surtout car l’heure est à la mobilisation. Car c’était avant-hier, en fait, dans nos esprits, il y a un siècle.

Des blessures de guerre

Tous, à la première alerte sur twitter ou leur téléphone, ou à la première infirmation entendue sur les radios, se sont précipités en masse dans les hôpitaux pour soigner les victimes, soutenir les familles, opérer en urgence « des blessures de guerre ».

« Ce sont des blessures de guerre. 17 anesthésistes travaillent en continu. C’est le SAMU qui dispatche les blessés graves très atteints et les autres. On est prévenu quelques instants avant et on répartit les victimes entre les blocs et la réanimation » , racontait plus tard Philippe Juvin, chef du service des urgences à l’hôpital Georges-Pompidou.

« Et puis, d’un coup, il est 5 heures du matin, les patients ont été triés, orientés, suturés, rassurés. Et les urgences se vident. Tout le monde est reparti, il n’y aura pas d’autre vague de blessés, les chirurgiens opèrent, les lits dans les étages sont prêts. Les infirmiers, les aide-soignants, les brancardiers, les cadres, auront fait preuve d’une efficacité à couper le souffle, sans broncher, sans s’arrêter. Le plan blanc fonctionne », racontera un interne.

Terminons par les mots de Catherine, infirmière : « cette nuit fut une nuit surréaliste, une nuit sans logique, une nuit choquante dont je ne prends l’ampleur que maintenant. Mais je refuse de n’en retenir que la folie des hommes. Je préfère en retenir cet incroyable élan de solidarité que j ai pu constater : tous ce personnel, ces médecins, chirurgiens, infirmiers….qui spontanément ont pris leurs téléphones pour proposer leurs aides et venir en plein milieu de la nuit sans même qu’on les réquisitionnent. Cette nuit, je retiendrais que j’ai été fière de ma profession, de mes collègues et de mon hôpital. »

Pensées

Aujourd’hui, je pense aussi à cet ami de ma fille qui a pris une balle dans la jambe au Bataclan. Certes, le traumatisme du carnage sera certainement plus douloureux, plus long à soigner. A cet ami et collègue journaliste qui, de sa fenêtre surplombant le Bataclan, est intervenu sur les radios et télés pour informer, minute après minute, heure après heure, ravalant ses pleurs. C’est son métier. Il n’a jamais appris à soigner !

Et je pense à ceux qui qui sont morts, à leurs familles, à ceux qui souffrent et ceux qui les soignent. A ces derniers, je dirai juste : « vous avez fait un travail extraordinaire. Vous pouvez être fiers. Merci ».

Cyrienne Clerc

Voir les commentaires (45)