Mediapart denonce des IRM “à deux vitesses” à Strasbourg

Mediapart denonce des IRM “à deux vitesses” à Strasbourg

Trois patients portent plainte contre le CHU de Strasbourg. En cause : des retards dans la prise en charge atteints d’AVC. Un responsable affirme que les urgences passent après l’ambulatoire et le privé à lIRM…

Mediapart denonce des IRM "à deux vitesses" à Strasbourg “Est-il légitime que les deux tiers de l’activité d’un équipement hospitalier, indispensable à la prise en charge urgente de pathologies très graves, soient (ainsi) dédiés à des patients non urgents et non hospitalisés ?”, s’interroge le journal en ligne Mediapart.

Les urgences passent après l’ambulatoire (47 % de l’activité) et la clientèle privée (11,6 %), chiffres fournis par le service radologie de l’hôpital.

Les conséquences sont dramatiques pour les patients atteints d’accident vasculaire cérébral (AVC) qui attendent parfois des jours.

Trois victimes de ces dysfonctionnements sur fond de guerre de services ont décidé de porter plainte.

Le 20 mars 2013, Emilio Gentile, 60 ans, est atteint par des troubles de la parole et une paralysie du côté gauche. Son AVC “est finalement diagnostiqué grâce à une IRM avec trois semaines de retard”, relate Medipart.

Autre exemple, cité par notre confrère : “en décembre 2008, M. K. ressent des vertiges, a des troubles de la vision, du mal à marcher. Il appelle le SAMU à 13 heures, arrive aux urgences à 18 heures, est hospitalisé en rhumatologie pendant trois jours avant qu’une IRM soit réalisée. Il décède trois semaines plus tard à l’hôpital”.

De même Alexandra Belhadj, 20 ans, a attendu quinze heures une IRM et une vingtaine d’heures supplémentaires acant une lecture correct du diagnostic. Elle est handicapée à 79 %.

Le responsable de l’unité témoigne

Pourtant, les symptômes de l’AVC sont connus. Le seul examen susceptible de confirmer ou d’infirmer le diagnostic est un IRM “dans les plus brefs délais”, selon les recommandations.

L’attaque vient du Pr. Christian Marescaux, responsable de l’unité neurovasculaire de l’hôpital de Hautepierre (un des deux sites du CHU) qui considère que ces retards répétés d’accès aux IRM sont des « pertes de chances inacceptables », car ils sont la conséquence de « dysfonctionnements auxquels l’hôpital ne parvient pas à mettre un terme ».

Ce dernier a décidé de réagir suite à l’expertise qui a conclu, dans le cas d’Alexandra Belhadj, fin 2012, à l’absence ” d’erreur diagnostique ou de faute médicale. Il n’y a pas d’aléa médical »

Christian Marescaux, le neurologue, décrit « une pénurie organisée d’IRM, la mise en place d’une sorte de marché noir, où le recours à la consultation privée du radiologue est nécessaire pour raccourcir l’attente ».

 Il faut se prostituer pour obtenir une IRM, les patients sont pris en otage », affirme également un urgentiste.

Plainte contre X

Une association de patients en colère a ainsi été constituée, et une plainte contre X déposée pour “négligence”, “imprudence” et “mise en danger délibérée de la vie d’autrui”, a précisé à l’AFP Me Geneviève Folzer.

L’Alsace dispose de 25 IRM, certaines installées dans des cliniques privées ou des cabinets de radiologie libéraux.« L’ambulatoire ne peut pas être l’activité principale de ces équipements IRM. Ils doivent être réservés aux patients hospitalisés, aux urgences, aux AVC », convient le directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS), Laurent Habert.

Dans son communiqué, la direction de l’hôpital a nié toute difficulté dans l’accès d’urgence aux IRM. Elle cite à un indicateur mis en place par la Haute Autorité de santé (HAS), selon lequel les patients accueillis à Strasbourg en 2012 ont dû en moyenne patienter 38 minutes avant d’accéder à une IRM, contre 2h05 au niveau national.

La direction a également intimé au Pr Maresceaux de ne plus communiquer…

Cyrienne Clerc, avec Mediapart

 

 

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