Infirmière en Thaïlande : le choix du privé

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Walailux Kamnungkarn est une infirmière thaïlandaise. Elle travaille dans un hôpital privé de la capitale, Bangkok. Un choix qui lui permet de gagner jusqu’à trois fois plus que dans le secteur public, en crise. 

© Moland Fengkov / Haytham Pictures

Dans un hôpital moderne et ultra-propre d’un quartier chic de Bangkok, nous retrouvons Walailux Kumnungkarn, infirmière, 40 ans, dans un salon cosy. On est loin des établissements surchargés du secteur public, où l’attente peut devenir interminable. Ici, tout est calme et comme sous contrôle.

Elle apparaît en blouse, et couvre-chef bleu sur la tête, un sourire aux lèvres. La jeune femme a débuté à 21 ans dans le métier, muée par une volonté d’« aider les autres. » D’ailleurs, dans sa famille, c’est une question de vocation : sa sœur aussi est devenue infirmière. 

En Thaïlande, il y a différentes façons d’obtenir son diplôme : les écoles d’infirmières d’Etat et les écoles privées. Les programmes sont uniformisés, mais les tarifs payés écrèment fortement les candidates : il faut payer environ 50 000 bhats (environ 1300 euros) pour les quatre ans dans un établissement public, une véritable fortune, et plus encore, plusieurs centaines de milliers de bhats, pour des études dans le privé. 

Walailux a eu la chance que ses parents puissent payer pour elle. Pour les autres, « il reste les bourses, mais il faut qu’elles remboursent dès qu’elles commencent à travailler », explique-t-elle. 

Le secteur public en crise

Si dans son hôpital, elle peut prétendre à gagner entre 7000 bhats par mois (180 euros) en début de carrière, et 10 000 bhats en fin de carrière (cadre de santé, ndlr), Walailux reconnaît que le secteur public est en difficulté. Il y a deux ans, les infirmières d’Etat étaient descendues dans la rue pour demander plus de moyens.  

Au motif de leurs doléances, la charge de travail trop importante qui s’explique par un manque d’infirmières, surtout spécialisées mais également des salaires très bas qui précarisent le métier. Chaque année, elles sont ainsi plusieurs centaines à passer du secteur public au privé, où elles peuvent bénéficier de salaires bien plus intéressants et d’heures supplémentaires jusqu’à trois fois mieux payées.  

En Thaïlande, on compte actuellement une infirmière pour 1 000 patients, ce qui est très inférieur aux taux dans des pays voisins : en Malaisie, on en compte 2,3 /1 000 et à Singapour, 5,9/ 1 000 ! Or, le pays aura besoin, d’ici 2017, de 50 000 infirmières pour travailler dans le public et le privé, pour s’occuper d’une population qui aura atteint alors 70 millions d’habitants. 

Une journée de travail bien organisée

Dans son hôpital privé, Walailux fait figure de « privilégiée ». « Mon quotidien, raconte-t-elle, s’organise de façon assez régulière. Je rends visite aux patients dans la matinée, nous préparons la prise de médicaments, puis nous distribuons les repas. C’est une prise en charge générale, qui inclut aussi la toilette. »  

Ses patients souffrent majoritairement de cancer, « une maladie en plein boom » dans le pays, du fait de l’augmentation de l’espérance de vie. Walailux assure donc les soins thérapeutiques mais elle soutient « également les familles. » Bien sûr, si elle constate un patient particulièrement en difficulté, elle « fait appel au médecin. »

Si nécessaire, en cas d’attaque, de crise cardiaque etc., les patients sont transférés vers un hôpital plus important. L’infirmière reconnaît que « garder la distance n’est pas toujours facile, surtout quand on les suit sur une longue période de temps. » 

Par ailleurs, Walailux souligne « de bonnes relations avec les médecins. » Le matin, la transmission permet de faire le point sur l’état de santé des patients, ils effectuent la vérification sur le papier pour voir si les constantes vitales sont correctes. Et régulièrement, des réunions du staff permettent de communiquer entre différents corps de métier. Son hôpital compte un staff de 250 infirmières.  

Son uniforme ? « Je suis fière de le porter. Cela me rappelle toujours de mieux prendre soin de mes patients, de faire le meilleur pour eux. Cela me rappelle ma mission, déclare-t-elle. Et pour le patient, cela compte : c’est aussi le symbole que l’on va bien prendre soin de lui. » 

Dans son hôpital, même si la plupart des patients sont thaïlandais, Walailux reconnaît qu’elle a également des malades birmans, chinois, japonais ou même anglais, confirmant aussi la Thaïlande comme celle d’un tourisme médical de qualité et financièrement accessible. 

Delphine Bauer/ Youpress 

Cet article a été publié dans le numéro 19 d’ActuSoins. Pour vous abonner au magazine ActuSoins (trimestriel), c’est ICI