Homosexuels et don du sang : des conditions discriminantes, selon les associations

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Alors que Marisol Touraine a annoncé hier que le don du sang serait désormais ouvert aux hommes homosexuels et bisexuels – il ne l’était pas jusqu’alors -, certaines associations dénoncent un maintien de la discrimination envers les homosexuels. La raison? Les hommes concernés devront avoir été abstinents de tout rapport sexuel l’année précédant le don du sang, alors qu’il est possible pour les hétérosexuels d’avoir eu un partenaire dans les quatre mois précédant le don. 

© I-Stock

« La notion discriminatoire de groupe à risque demeure, au détriment de la notion de comportement à risque » selon Act-UP

Si les homosexuels et autres hommes ayant eu des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSF) ne seront plus exclus de façon permanente à l’issue de l’entretien pré-don parce qu’ils déclaraient avoit eu au moins un rapport sexuel avec un homme au cours de leur vie, même des années auparavant, ils ne pourront maintenant donner leur sang que s’ils ont été abstinents de tout rapport sexuel l’année précédant le don du sang total.

« Marisol Touraine promeut le même concept relayé par le Vatican et les évangélistes américains dans les pays africains et les Etats du sud des Etats-Unis, avec l’inefficacité que l’on connaît. La notion de rapport protégé avec un préservatif est totalement niée dans ces nouveaux critères, ce qui lance un signal fort en matière de politique de prévention du VIH et des IST en France » explique l’association Act-Up Paris, qui regrette que les débats se soient concentrés « uniquement » sur la période d’abstinence qui allait être imposée aux homosexuels et autres HSH.

Avec une période d’abstinence de 1 an pour les homosexuels, la France s’est calée sur les pays anglo-saxons qui ont ouvert le don avant elle (Royaume-Uni, Australie, Nouvelle-Zélande et Etats-Unis), mais aussi sur la Finlance, la Suède, la Hongrie, la République tchèque, l’Argentine et le Japon. En Italie en revanche, la contre-indication pour les homosexuels et pour hétérosexuels se pose seulement suite à un changement de partenaire dans les 4 derniers mois, et ce, sans condition d’abstinence.

« Le scénario mettant homosexuels, bisexuels et hétérosexuels sur un pied d’égalité en se présentant au don n’a même pas été envisagé, bien que réclamé par certaines associations » explique Act-Up, citant SOS Homophobie, Gaylib ainsi que l’initiateur d’une pétition sur change.org. « La notion discriminatoire de groupe à risque demeure, au détriment de la notion de comportement à risque, sur lequel devrait se fonder chaque entretien individuel pré-don« .

L’association SOS Homophobie, qui considère cette décision comme une « avancée symbolique » mais « hypocrite » s’inquiète aussi d’un possible fichage des homosexuels et bisexuels dans le cadre des dons de sang. Dans un communiqué paru hier, elle demande aux pouvoirs publics que les conditions de collecte d’informations sur les donneurs soient « clarifiées » et « qu’aucune donnée mentionnant leur orientation sexuelle ne soit conservée« .

Rédaction ActuSoins

La fin de l’exclusion du don du sang en raison de l’orientation sexuelle : les étapes annoncées par le ministère

Première étape (printemps 2016) : fin de l’exclusion définitive du don. Le don de sang total sera ouvert aux hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes à l’issue d’une période de contre-indication de douze mois, durée pour laquelle le niveau de sécurité transfusionnelle est le même que pour les donneurs actuels. Les hommes qui, au cours des 4 derniers mois, n’auront pas eu de relation sexuelle avec un homme ou auront eu un seul partenaire, pourront donner leur plasma grâce à la création d’une filière sécurisée par quarantaine.

Deuxième étape (environ 12 mois après) : rapprochement des durées d’ajournement entre les  HSH et les donneurs hétérosexuels. La filière sécurisée par quarantaine pour le plasma, va permettre aux autorités sanitaires de bénéficier d’une étude « en vie réelle ». Si cette étude démontre qu’il n’y a pas de risques, les règles relatives au don des HSH seront rapprochées des règles générales.

 « La fin de l’exclusion définitive est une position partagée bien au-delà des associations LGBT et transcende les clivages politiques : un amendement de principe appelant à la fin de la discrimination au don du sang en raison de l’orientation sexuelle a d’ailleurs été adopté dans le projet de loi de modernisation de notre système de santé. Il a été voté à l’unanimité à l’Assemblée nationale et adopté conforme au Sénat » explique Marisol Touraine dans un communiqué. 

 « Donner son sang est un acte de générosité, de citoyenneté, qui ne peut être conditionné à une orientation sexuelle. Dans le respect de la sécurité absolue des patients, c’est aujourd’hui un tabou, une discrimination qui sont levés », a déclaré la ministre.  

 Les travaux vont désormais se poursuivre afin de proposer un nouveau questionnaire d’entretien pré-don, d’organiser une meilleure information du donneur et de renforcer la formation des personnes effectuant la collecte.

Voir les commentaires (84)

  • C est vraiment n importe quoi ,je savais même pas que les homosexuels ne pouvaient pas donner leur sang ! les toxicos qui ramassent des seringues pour ce piquer devraient eux être interdit ! Pff aberrant

  • on ment tous qd on est dèterminè à donner et qu'on ne prèsente pas plus de risque que le voisin sinon faut pas lancer des appels incessants aux dons !

  • La France a encore une grande avancée à faire... Aujourd'hui, les nouveaux cas de maladies sexuellement transmissible se détectent principalement chez des personnes de 50 ans, hétérosexuelles. Les campagnes de prévention chez les homosexuels ont été efficaces, alors que les hétérosexuels se protègent moins. Ce texte envoie un message erroné à la population et accroît les préjugés. Et puis surtout, c'est se priver de donneurs!! Si seulement l'état pouvait se rencontre du besoin tellement important en produit sanguins!!